Attention, article très important.
Un journaliste de SUD-OUEST,
Jean-Claude Guillebaud, vient de publier un article explosif sur le
fonctionnement réel de l’Union Européenne.
Dans cet article, Jean-Claude
Guillebaud révèle plusieurs faits qui montrent le vrai visage de la
construction européenne.
Dimanche 7 juin 2015 :
Europe, dans le cœur du réacteur.
L’épisode aura été à la fois
passionnant et inattendu. A Bruxelles, j’ai eu la chance de
participer à un long débat avec une vingtaine de confrères
accrédités auprès de la Commission européenne. Il y avait là des
Français, des Allemands, des Britanniques, des Américains et même
une impétueuse consoeur venue d’Albanie et naturalisée belge. Tous
ces journalistes avaient en commun d’avoir choisi de suivre la
construction européenne et, pour cela, de s’installer à Bruxelles.
Ils sont depuis des années dans le cœur du réacteur. Pro-européens
au départ, ils ne peuvent être taxés d’euroscepticisme ou de
populisme. A plusieurs reprises, ce jour-là, ils ont tenu à nous
affirmer qu’ils y croyaient encore.
Admirable est la foi ! Pourquoi ?
Parce que, au fil des échanges, nos confrères, parlant sans détour,
nous ont décrit un univers kafkaïen, opaque, bureaucrtique, corseté
par un fonctionnement étouffant et procédural.
Les conférences de presse, par
exemple, sont si minutieusement codifiées qu’elles n’ont plus
beaucoup de sens. Les porte-parole ne répondent aux questions des
journalistes que s’ils y ont été expressément autorisés, par
écrit. Même dans ce cas, dès qu’une actualité un peu plus chaude
est en jeu, le porte-parole se contentera de lire le texte écrit que
sa hiérarchie lui a préparé.
Ce qu’à l’échelon national nous
appelons langue de bois acquiert à Bruxelles une opacité plus
impénétrable encore. Le formalisme et le culte du secret paraissent
avoir peu à peu asphyxié le fonctionnement de cette Commission
européenne censée incarner, aux yeux du monde, la démocratie
vivante du Vieux Continent et l’Etat de droit. C’est fou !
Prenons un tout petit exemple, il parle
à lui tout seul. Le nombre de journalistes accrédités auprès de
la Commission était de 900 voici deux ou trois ans. Aujourd’hui, ce
chiffre n’est plus accessible. Il a été classé top secret, pour de
prétendues raisons de sécurité. Formule commode. En fait, tout
laisse penser qu’il diminue chaque année, le projet européen
perdant son attrait médiatique. Inutile de crier cela sur les toits.
Nous avons débattu d’autres sujets,
comme la puissance des lobbies. Elle est indéniable à Bruxelles.
Elle court-circuite allègrement les logiques démocratiques de base,
enlisées dans la pratique obligatoire du compromis. Alors que nous
échangions à ce sujet, un confrère américain présent parmi nous
est intervenu sur un ton amicalement rigolard :
« Il faut comprendre que le lobby
le plus puissant ici, c’est l’Amérique du Nord elle-même. »
Devant notre surprise, il a renchéri
en disant que les Etats-Unis chaperonnaient avec vigilance l’Europe
en devenir. « Vous ne le saviez pas ? » a-t-il
ajouté.
Une consoeur française a exprimé sans
détour sa stupéfaction devant ce qu’elle entendait : « Ce
que vous décrivez là, c’est une dictature douce en construction. Ce
n’est plus du tout une démocratie. » Tout le monde s’est
récrié poliment, pour la forme.
Parmi ces correspondants accrédités
était présent le doyen, le patriarche, le chouchou de Bruxelles :
Quentin Dickinson, directeur des affaires européennes à Radio
France. Il a suivi stoïquement nos conversations, sans intervenir.
C’est une estimable figure de la profession, mais ce n’est pas lui
faire injure d’ajouter qu’il est plus militant que journaliste. Il
s’est d’ailleurs présenté en mars 2014 aux élections européennes
sous l’étiquette UDI – Modem. Les 9 % obtenus par les centristes
n’ont pas été suffisants pour qu’il soit élu au Parlement
européen. Il est donc redevenu journaliste. Assurément, lui y croit
encore.
Bref, en quittant cette confraternelle
réunion, nous étions à peu près tous convaincus qu’un (possible)
naufrage était annoncé. Le pire n’est jamais sûr, je sais.
Admirable est la foi, en effet …
Jean-Claude Guillebaud.
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