Le regard de Zola est très lucide et moderne. On serait bien savant
si l’on se réservait à l’étude, et sans doute plus sage en
écrivant nos mémoires, comme Montaigne le faisait. On moins on
s’énerverait ainsi contre soi même, au lieu de s’en prendre aux
autres qu’on ne peut atteindre. Mais c’est plus fort que nous, il
faut qu’on revienne au monde, comme il le constate lui même. Faut
il qu’il y ait donc une part de plaisir, ou peut être d’addiction,
qui est une forme de plaisir à très court terme. Je reviens de
moins en moins sur l’agora, en ayant ma claque de voir tant de
complotistes et d’influenceurs, où l’on voit la marque
incontestée de la Russie par exemple. Ou du « front »
décomplexé, la pieuvre à plusieurs tentacules maintenant. J’aime
bien ce genre de billet s’intéressant à l’intangibilité de la
culture. Mais il n’y en n’a pas beaucoup. Zola est un maître à
vivre. Il a donné sa vie pour la vérité, comme on le sait, même
s’il n’a pas bu la ciguë de son plein grés, comme Socrate.
C’est un sacré marqueur de notre histoire. Ces livres n’ont
guère vieilli, et je vois un très bon prosateur, une qualité qu’on
place souvent davantage chez Maupassant ou Flaubert. Pourtant quel
régal de le lire. Sa fresque est en complète adéquation avec notre
époque, avec ce Sicard opportuniste et habile, qui évoque Tapie,
faisant ses coups, charmant les politiques de l’époque. Si les
lignes que vous livrez sont très pertinentes sur notre époque, et
sur l’intérêt de l’histoire et de la littérature, l’oeuvre
de Zola l’est tout autant pour comprendre d’où nous venons, et
sur la permanence des dynamiques humaines.