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Vilain petit canard Vilain petit canard 27 juillet 2007 14:33

Ah chouette, je trouvais que c’était un peu mou, le débat.

Bon, alors, allons-y point par point. Si comme vous le dites si courtoisement, mon « commentaire d’une stupidité sans borne », le vôtre est borné, sans toutefois être stupide.

Le but d’une entreprise n’est pas de vendre plus, c’est de dégager plus de bénéfices (on met de côte le problème de la distribution de ce bénéfice), ce qui l’amène à suivre deux voies : d’un côté diminuer le coût relatif de ses frais et de l’autre à augmenter ses ventes, si on simplifie. Dans le cas où les ventes sont menacées (soit une stagnation, soit un assaut concurrentiel), on suit souvent une stratégie défensive de sécurisation des ventes, soit par séduction (le supposé « meilleur service » que vous vantez, on voit que vous n’avez pas de téléphone portable), soit par « fixation » du client, en le mettant dans l’obligation de consommer le produit ou le service vendu, ce qui procure ce qu’on appelle une rente.

La sécurisation maximale est assurée par le monopole, qui autorise en effet tous les excès, et sa cousine l’entente entre fournisseurs, qui est interdite, au passage. D’ailleurs vos idoles les concurrents privés dans la téléphonie mobile ont tous été condamnés par Bruxelles pour entente illégale. Donc la concurrence n’empêche pas la truanderie.

Une autre variante consiste à mettre en place un contrat ou un abonnement tellement contraignant à rompre que le client est quasiment immobilisé, lui et si possible sa descendance. C’est le contrat « libre et non faussé » d’électricité attaché au logement, dont je parle plus haut, qui rend vos successeurs dépendants (à l’insu de leur plein gré) de vos choix hautement libertaires.

Toutes ces fadaises sur le marketing, qui permet de mieux connaître les besoins des clients, jauger de sa satisfaction, etc., sont tout juste bonnes à fournir aux écoliers.

En vrai, dans les entreprises, le marketing sert à cibler des clients potentiels, à augmenter les ventes chez les clients déjà obtenus, à imaginer des produits correspondants à une demande identifiée, et à empêcher les concurrents de venir manger dans son auge. Pendant les réunions marketing, on n’arrête pas de parler des concurrents, enfin voyons, qu’est-ce que vous croyez ?

Le benchmarking, c’est savoir ce que le concurrent fait pour faire la même chose (ou mieux). Le benchmarking a un coût directement lié à l’existence d’une concurrence, et donc est un coût supplémentaire par rapport à une entreprise monopolistique.

On nous dit souvent qu’en améliorant le produit ou le service, on gagne des clients : c’est faux, c’est en adaptant le produit à la demande qu’on vend, le produit n’est pas forcément amélioré, il est juste adapté à ce que le marketeur croît connaître du client (par exemple, les téléphones portables pour les jeunes filles sont roses). L’innovation, c’est pour les fous, tout le monde se copie, en essayant de gratter quelques profits.

La concurrence fait baisser les prix, ah encore une légende : uniquement dans la grande distribution, et encore, on ne compte jamais les profits faits en amont (marges arrières), qu’elles accumulent en faisant raquer les producteurs / fournisseurs, sous des prétextes divers, le dernier venu étant la qualité (!). En gros, les « grands surfaceurs » déplacent leurs profits de l’acheteur au fournisseur, soit en le faisant payer pour qu’ils puissent vendre leur produit censément moins cher, avec quelques ententes (qui sont légales, cette fois-ci) entre distributeurs sur le montant des prix publics.

Alors oui, le monopole est un danger pour l’utilisateur, je suis d’accord avec vous (eh oui ça arrive), parce qu’il le lie à un fournisseur sans avoir le choix d’un autre. Mais :

- > pour des produits / services nécessaires au minimum vital dans nos sociétés, on peut imaginer que l’Etat y garantisse un accès équitable (exemple : le courrier, et j’y mets aussi l’électricité)

- > pour des produits / services mettant en jeu des intérêts nationaux (stratégiques, si on veut), on peut également envisager que l’Etat y mette son grain de sel (L’Armée, par exemple, pour défendre mon territoire national, je ne vais pas acheter des soldats sur un marché libre et non faussé)

- > si les fournisseurs concurrents s’entendent entre eux pour caler leurs prix plancher,s ça fait pareil qu’un monopole, ça ne fait pas baisser les prix.

Ce qui fausse la vue, c’est qu’en France, nous avons quelques monopoles, mais surtout quelques oligopoles privés qui se partagent les gâteaux : BTP, Télécommunications, autoroutes (là, on leur a carrément offertes à un prix ridicule), etc. Alors vous croyez que c’est de la concurrence, tout ça ? Libre à vous, mais ne me faites pas rigoler avec ça.

A propos de votre remarque sur les infrastructures de la distribution de train et d’électrité, c’est vrai que cette ressource de base est payée par nos impôts, mais là je vous trouve un peu mou du genou : pourquoi ne pas carrément privatiser les rails et les câbles, si on suit votre panégyrique de la concurrence ?

Et en conclusion, deux détails : quand vous dites que je suis « dans un délire anti-entreprise (si une entreprise s’enrichit, c’est au détriment du client) qui est sans rapport avec la réalité », vous y allez un peu fort, vous admettrez bien que l’argent que vous donnez à une entreprise, c’est de l’argent en moins dans votre poche. Si vous me répondez que si le produit/service est non satisfaisant, on se fait rembourser, rappelez-vous votre dernier appel à un S.A.V. (je ne donnerai pas de marque, mais les exemples ne manquent pas, je vous conseille pour comemncer les fournisseurs d’accès Internet).

Et quand vous me dites que si je ne veux pas France Telecom, je peux choisir un concurrent comme Orange, laissez-moi vous rappeler qu’Orange, c’est France Telecom.


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