• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


hihanhihanhihan hihanhihanhihan 19 mars 2008 14:05

Malgré les déclarations de Bernard Jégat à la DST, la justice, dans l’affaire des Irlandais, a, il est vrai, montré bien peu d’empressement. Le capitaine Barril est totalement épargné par l’instruction : seuls le chef de la cellule, Christian Prouteau, le lieutenant-colonel ayant fait, de bonne foi, les premières constatations, Jean-Michel Beau, et son adjoint, le major José Windels, sont, en janvier 1991, renvoyés devant le tribunal correctionnel pour une qualification mineure : subornation de témoins et complicité. Bernard Jégat comparaît, lui, pour détention d’armes et d’explosifs.

- Le 24 septembre 1991, Christian Prouteau, Jean-Michel Beau et Bernard Jégat sont condamnés à quinze mois de prison avec sursis. « Il résulte de l’information et des débats que, contrairement à ce qu’il prétend, Christian Prouteau a été personnellement impliqué dans la préparation et l’exécution de l’opération, note le tribunal. (...) Ces circonstances sont incontestablement de nature à démontrer que M. Prouteau pouvait avoir un intérêt à ce que les irrégularités de la procédure ne soient pas révélées. » Quelques mois plus tard, la cour d’appel de Paris relaxe le chef de la cellule. Les déclarations de M. Beau « sont insuffisantes pour constituer la preuve de l’implication de M. Prouteau dans le processus ayant abouti à la subornation de témoins », note la cour. « PREUVE DÉFINITIVE ET TOTALE »

Aujourd’hui, Jean-Michel Beau, qui n’a cessé de se battre pour la vérité dans cette affaire et qui fut le seul à payer pour un montage qui n’était pas le sien, reprend espoir. Il espère que les documents découverts à Plaisir permettront de rouvrir le dossier de subornation de témoins et d’obtenir la mise en examen de Paul Barril pour faux témoignage. « Ces notes constituent la preuve définitive et totale que le préfet Prouteau n’a fait que mentir au cours du procès de première instance », nous a-t-il déclaré.

- Le Monde  !

- L’optimisme dont M. Prouteau peut se prévaloir sous-estime la détermination d’un homme, le commandant Jean-Michel Beau, celui qui accuse M. Christian Prouteau de lui avoir ordonné de mentir à la justice pour couvrir les irrégularités commises lors de l’arrestation de trois Irlandais à Vincennes, le 28 août 1982. Lutte fratricide, gendarme contre gendarme, démenti contre accusation... Si le résultat du match judiciaire est incertain, la détermination de l’accusateur est totale.

Il y a belle lurette que la " solidarité gendarmique " n’émeut plus guère le commandant Beau. Depuis quatre ans, il combat seul avec un unique but : " Je ne veux pas quitter la gendarmerie sali. " Son histoire est celle d’un homme dont l’univers entier s’effondre. Ses valeurs sont mises à mal, ses préjugés remis en cause. Depuis qu’en 1983, après son inculpation pour subornation de témoins, il a eu le sentiment d’être, au nom d’une mauvaise raison d’Etat, le lampiste d’une affaire dont sortaient indemnes MM. Prouteau et Paul Barril, ce duo de supergendarmes adulés par les médias, M. Beau est entré en dissidence.

Auparavant, il n’y avait sans doute pas plus gendarme que lui. " Jugulaire, jugulaire ", le doigt sur la couture du pantalon, entièrement fait au moule de l’obéissance et de la solidarité de corps. Fils d’un officier général de l’armée de terre, sorti vice-major de sa promotion à l’Ecole d’officiers de Melun, il était promis à une fort belle carrière. Quelques semaines après les arrestations de Vincennes, il se retrouvait à la tête de la section de recherches de la gendarmerie de Paris, la plus grosse unité de police judiciaire de la gendarmerie nationale.

Fin 1982 et début 1983, tout à son ambition, il ne marchanda pas son aide à la cellule antiterroriste de l’Elysée qu’animait alors M. Prouteau. C’était l’idylle, non sans arrière-pensées de rivalité avec la police nationale : Prouteau pour la décision politique, Beau pour les opérations de police judiciaire, Barril pour les " coups " sur le terrain, le trio se voyait déjà accumulant les succès dans la lutte antiterroriste. Chef par intérim du GIGN, le capitaine Paul Barril occupait alors un bureau au 2, rue de l’Elysée, dans une annexe du palais présidentiel.

Mais voilà qu’en 1983 ce bel échafaudage s’effondre. Le commandant Beau reconnait devant le juge d’instruction avoir couvert les fautes de procédure à Vincennes. Il est inculpé, ainsi que son adjoint, le major José Windels. Profondément déprimé, il fait d’abord le gros dos. Son habilitation d’officier de police judiciaire lui est retirée, à lui qui n’aime rien plus que les dédales procéduriers. On l’affecte à l’ex-sécurité militaire, la DPSD, dans un " placard ". Progressivement, il se remet, psychologiquement et moralement, animé par un féroce désir de justice et de vengeance.

Guérilla judiciaire

Il revendiquera ses fautes mais il n’assumera pas celles des autres. Commence alors une guérilla judiciaire. Le commandant accable le juge d’instruction, M. Alain Verleene, de demandes d’investigations complémentaires, multiplie les actes interruptifs, lui déverse sa colère en le soupçonnant de vouloir enterrer l’affaire, s’étonne qu’il attende, depuis mars 1984, des réquisitions du parquet pour inculper M. Prouteau, alors que le juge peut, selon lui, prendre seul cette décision.

Un comité de soutien lui est acquis à Chinon (Indre-et-Loire), où il fut affecté avant Paris. Des dossiers détaillés sont envoyés à la presse. Il mène son enquête parallèle pour retrouver l’informateur du capitaine Barril, M. Bernard Jégat, qui ne se confiera au juge qu’à l’automne 1985. Il assaille les cabinets ministériels de démarches, se brouille avec son avocat, jugé trop timoré, met ses obsessions juridiques au service de sa cause. Pour obtenir, ces jours-ci, sa première victoire. Victoire amère cependant. Entre-temps, M. Beau, promu à l’ancienneté lieutenant-colonel, a tourné le dos à sa vocation : depuis quelques semaines, il s’est reconverti dans " le civil ".

EDWY PLENEL

 

- Il ne faut pas confondre, se battre contre une injustice, et sa battre parcequ’on est le seul à payer !

- A l’issue d’un procès, le Général Esquivié l’a ironiquement souligné "ce sont les risques des métiers du renseignement" !

- Désolé pour la surcharge du fil, mais il a bien fallu compenser l’absence totale de sources par l’auteur de l’article

- J’en ai terminé.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès