Avant le christianisme n’existait que le cercle tribal, à qui il est impossible de refuser quoi que ce soit. Un homme git blessé, viennent à passer un prêtre et un lévite. Ils se rendent à leurs affaires et ne peuvent se souiller : ils passent. Vient un étranger, qui ne doit rien à l’homme gisant. Et qui le sauve.
Cette idée qui est l’idée la plus forte du christianisme est aussi un profond dissolvant, un acide qui a rongé les archaïques solidarités tribales. Lentement, car elle est optionnelle, elle est une règle de comportement en plus.
La solidarité moderne ou plutôt la solidarité réactionnaire est d’une autre nature que la charité. Elle est obligatoire et s’impose à tous, mais... Les moyens d’y faire défaut sont légions, les passagers clandestins se multiplient. Et pourtant la solidarité se constitue comme un contrat dont il est impossible d’être raisonnablement certain qu’il sera honoré. De fait les démentis crèvent les yeux. Ce clochard peut-il être réellement solidaire à mon égard ? Ou bien celui-ci avec son 4X4 ? Ou encore cette autre avec son voile intégral ?
On ne peut être certainement solidaire qu’avec des mêmes, avec des égaux. Prolétaires, français, blancs, les sortes d’égaux sont assez variés, mais ce n’est que le reflet de la compétition politique.
L’important est que la pensée solidariste procède par exclusions, expulsions, meurtres réels ou symboliques. C’est une pensée sacrificielle.