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En réponse à :


samuel_ 4 août 2011 01:32

 @ Piotrek


 Moi aussi je connais les chiffres de la balance commerciale (pour 2008 mais pas grand chose n’a change depuis). J’ai meme écrit un article sur Agoravox dessus.

 Nous sommes en déficit sur les biens naturels (agriculture, petrole, metaux) et sur les biens manufactures. 
 Sur les biens manufactures, nos plus gros deficits sont avec l’Asie emergente et avec le reste des pays riches (Europe occidentale, USA, Japon, Océanie). L’Asie emergente nous vend pour 71 milliards de biens manufactures et nous achete pour 38 (presque pour moitie moins !). Les autres pays riches nous vendent pour 369 milliards de biens manufactures et nous achetent pour 325 (un peu plus de 10% de moins). Les deficits cumules sur les biens manufactures echanges avec Asie emergente et autres pays riches sont donc de 77 milliards (3% de notre PIB). Le mercantilisme allemand et chinois, ainsi que la surevaluation de l’euro par rapport au dollar et un peu aussi a la livre anglaise et au yen japonais, prennent ici leurs effets. 
 Pendant ce temps la notre deficit sur les biens naturels echanges avec le monde entier est de 74 milliards (2,9% du PIB) : un peu moins que 77. Et pour les echanges qui restent, c’est a dire echanges de biens manufactures avec autres pays que les pays riches et l’Asie emergentes (c’est a dire, pays pauvres, et emergents d’Amerique latine, d’europe centrale, et du maghreb et turquie), nous avons un excedent de 50 milliards (1,9% du PIB). Ce qui ramene notre deficit total, sur tous types de biens et avec tous pays, a 101 milliards (3,9% du PIB). 

 Et il faut rajouter que ces chiffres ne tiennent pas compte de la surevaluation de l’euro, qui sous evalue nos importations, notamment venant des emergents dont ceux d’Asie et des pays riches comme les USA et l’Allemagne (l’euro est plus surevalue pour nous que pour l’Allemagne). Nos deficits en volume sont plus accentues qu’en valeur. 

 Mais la ou nous divergeons vraiment ce n’est pas sur les chiffres puisque ce sont des donnees positives, mais plutot sur leur interpretation.

 Le deficit commercial est uniquement pour vous un probleme financier : nos reserves de change fondent un peu.

 Pour moi le deficit commercial dit quelques trucs en plus, mais surtout il ne dit pas tout.

 Il dit que les echanges sont non reciproques. Qu’il est faux que les emplois mobilises pour produire les biens exportes compensent les emplois qu’il aurait fallu mobiliser en France pour produire les biens importés. Il y a, pour les biens manufactures, une difference d’environ 2 millions d’emplois.
 Il dit que notre appareil productif s’erode, puisque la difference entre notre production et notre consommation est ce deficit commercial. Nous consommons plus que ce que nous produisons. Il est donc faux aussi que la desindustrialisation est due a une amelioration de la productivite ou baisse de la consommation de biens manufactures : elle est due a ce que nous avons tranfere dans les pays emergents la production de ce que nous consommons comme biens manufactures.

 Mais surtout, ce que ne dit pas le deficit commercial, c’est qu’on nous rebat tous les jours les oreilles avec cette idee qu’il faut reduire le cout du travail pour revenir a l’equilibre commercial. C’est en cela que le commerce international sans protectionnisme est nuisible. Le protectionnisme permet d’avoir chez nous le cout du travail que nous voulons, sans avoir de deficit commercial. 
 Et ce que ne dit pas non plus ce deficit, c’est l’absence de solidarité nationale en France. Les travailleurs peu qualifies patissent du libre echange, pendant que les consommateurs non exposes a cette concurrence en profitent a travers prix plus bas, et pendant que les detenteurs du capital en profitent encore plus a travers meilleures marges et meilleurs rendements des capitaux investis, rendus possibles par plus bas cout du travail dans pays emergents. 
 
 Par contre le deficit commercial nous dit du coup une derniere chose. Il est la mesure de combien une partie de la France a laissé tomber comme une vieille chaussette une autre partie de la France. Combien les consommateurs non exposés a la concurrence des pays emergents, et les detenteurs du capital, ont laissé tomber les travailleurs peu qualifiés, en se detournant d’eux pour leur preferer des travailleurs plus vulnerables du reste du monde.
 
 Meme si du coup il faut completer la donnee du deficit commercial avec celle de la modification de la repartition de la richesse produite en France en defaveur des salaries (que je donne dans un autre article sur agoravox). Le premier chiffre nous indique combien nous nous sommes detournes d’eux. Et le deuxieme nous dit combien ceux qui gardent un emploi souffrent d’une pression a la baisse sur leurs salaires.

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