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Les commentaires de Gérard Ayache



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 19 septembre 2006 14:15

    Certes, on est tenté de croire qu’il est de la responsabilité des médias de résister à cette fièvre mimétique. Mais le peuvent-ils réellement ? La caractéristique principale du tourbillon mimétique est la clôture sur soi du phénomène ; quand on est à l’intérieur, il est quasiment impossible d’en sortir.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 8 septembre 2006 11:56

    Une des clés de réponse aux interrogations toujours pendantes que suscite le 11-Septembre réside peut-être dans le fait que cet événement a figé l’Histoire.

    J’ai proposé aujourd’hui un article qui a été refusé par Agoravox pour des raisons légitimes de centralisation rédactionnelle sur le thème. L’équipe d’Agoravox me propose de le soumettre en commentaire. Le voici donc :

    11-Septembre. La fin de l’Histoire

    Le 11-Septembre 2001 marquera peut-être, pour les historiens du futur, la date de la sortie de scène de la « grande histoire » l’historia magistra, avec ses périodes d’historicité éclairant l’avenir et ses modèles à imiter. Le 11-Septembre est le moment paroxystique d’émergence de l’événement en train de se faire, de s’historiciser aussitôt et d’être instantanément à lui-même sa propre commémoration, sous l’œil des caméras du monde. Il révèle une nouvelle modalité du temps des hommes : le présent absolu.

    Le 11 Septembre, la plupart de nos congénères se souviendront des images de l’effondrement des deux tours jumelles du World Trade Center. Ces images font partie de ce que les psychologues appellent des « mémoires flash » c’est-à-dire des cas où l’on est capable de restituer très précisément ce que l’on faisait au moment où l’on a été soumis au choc des images ou de l’information. Les premières mémoires-flash que l’on connaisse sont celles qui ont trait à l’assassinat du Président Kennedy ; l’événement du 11-Septembre en est une. Toutefois, au-delà du choc des images, extraordinairement amplifié par la machine hyper-informationnelle, le 11-Septembre marque certainement la fin de l’Histoire. Avec un grand H. Quand la planète entière a vu les images des tours du World Trade Center s’effondrer, elle voyait, en direct, l’histoire se faire. Le direct médiatique possède l’immense vertu de condenser en un seul instant -présent- ce qui sera l’histoire et l’avenir.

    Le présent a toujours été conçu comme un trait d’union qui ne prenait de sens qu’en vertu de ce que l’on pouvait retenir du passé et ce que l’on pouvait attendre de l’avenir. Or aujourd’hui, le présent est devenu progressivement l’unique horizon. Désormais, il s’autonomise ; le passé n’étant plus la garantie de l’avenir, le présent au moment même où il se fait, se regarde comme déjà historique, comme déjà passé. Il se retourne vers lui-même pour anticiper le regard que l’on portera sur lui, une fois qu’il sera complètement passé.

    Le présent absolu n’est pas une frivolité de notre temps ou un caprice des sociétés. C’est la plus éminente conséquence des mutations anthropologiques que nous vivons dans notre époque de grande confusion. Le présent devient le pôle exclusif de nos référentiels, il est chargé de nous déterminer sur un axe qui ne possède plus de sens. Le présent chronophage du passé et de l’avenir ne possède plus de repère temporel. La vie se ramène à un enchaînement d’événements qui n’ont aucune dette avec le passé et rechignent à miser sur l’avenir.

    Pour connaître l’Histoire de leur passé, les hommes ont besoin de récits. C’est ce qui construit leur imaginaire social et national. Pour se remémorer les événements du passé, les sociétés inventent un récit, une narration qui les aide à voir d’où elles viennent, ce qui les fonde et où elles vont. Le récit de l’Histoire joue un rôle majeur, souligné par Paul Ricœur, dans la perception de la temporalité. Mettre en intrigue l’Histoire n’est rien d’autre qu’opérer une synthèse des événements historiques racontés dans un sens temporel. Or, Paul Ricœur constate que cette mise en intrigue de l’histoire, dans le sens d’une relation temporelle inscrite dans un récit est, aujourd’hui, particulièrement problématique. En effet, les modèles apportés par le système hyper-informationnel, constitué d’événements temporellement reliés au présent immédiat et inscrits dans un réseau mondial, compliquent la mise en intrigue à travers le récit historique. Alors que le récit historique cherche à reconstituer du temps, en situant les événements dans une logique temporelle, le monde actuel cherche plutôt à détruire le temps et à le ramener à un instant immédiat, sans passé ni futur.

    Car le futur aussi se décline maintenant, au présent ; il est là, parmi nous, nous faisant l’épargne de l’imaginer. Le monde entier, le 11 septembre 2001, va découvrir à la télévision, l’irruption de l’impossible dans le champ du possible. Dix jours plus tard, l’explosion d’une usine chimique en plein cœur de Toulouse va parachever la confusion. La catastrophe est possible, au coin de la rue, et les moyens de s’en prémunir sont dérisoires et pathétiques : comment surveiller l’ensemble de l’espace aérien ? Les batteries de missiles sol-air installées à la va-vite au pied des centrales nucléaires françaises semblaient bien inoffensives face à l’horreur possible. Les voisins des usines chimiques ou des installations pétrolières, regardaient d’un autre œil leur environnement urbain. Et si tout cela sautait ? Le temps des catastrophes émergeait dramatiquement sur la scène du présent.

    Le philosophe Jean-Pierre Dupuy verra dans l’événement du 11-Septembre et la confusion des esprits qui le suivit, le signe d’une inversion de la temporalité. « La catastrophe, comme événement surgissant du néant, ne devient possible qu’en se ‘possibilisant’ » ; la pire des horreurs devient désormais possible, mais, si elle devient possible, c’est qu’elle ne l’était pas et pourtant, si elle s’est produite, c’est qu’elle était possible. Pour Dupuy, le nœud temporel des catastrophes se situe dans cette apparente contradiction de la logique. Le 11-Septembre participe d’une métaphysique spontanée de la catastrophe, qui dévore l’événement horrible dans un présent normalisé, une impossibilité devenue, par un renversement du temps, possibilité banale. Avant qu’elle ne se réalise, la catastrophe est jugée impossible ; une fois réalisée, elle entre dans le « mobilier » médiatique et dans l’univers conceptuel de la contemporanéité. Cette métaphysique de la catastrophe trouve son terreau d’excellence dans la société hyper-informationnelle qui à la fois allume ses projecteurs sur la catastrophe en train de se réaliser et la dilue aussitôt dans le flot uniforme de l’actualité et dans la torpeur des émotions anesthésiées.

    Quand l’impossible se loge dans le présent, qu’il s’actualise, il change de nature et devient un possible éternellement nécessaire, il se transmue en fatalité. Quand l’Histoire est absorbée par le présent immédiat, elle perd son sens et sa direction. Soumise à la dictature de l’immédiat, elle s’immobilise, figée dans un instant éternel.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 5 septembre 2006 14:10

    @ arturh

    Vous faussez mon idée en tronquant la première phrase. Je n’ai jamais dit que le marché avait apporté la démocratie. Je dis tout au long de l’article que le marché (dans son expression la plus ultralibérale) avance en mettant en avant l’étendard de la démocratie. Jusqu’à l’étouffer. Par ailleurs dire que l’aspiration à la démocratie est naturelle à l’être humain... je n’en suis pas si sûr que vous.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 4 septembre 2006 16:09

    @ Jesrad

    Quand je parle de « marché » j’entends (de façon un peu elliptique dans cet article, je vous l’accorde) marché ultralibéral. Càd la mainmise d’une idéologie (en est-ce vraiment une) qui s’empare d’un terme noble : liberté, libéralisme, pour le pervertir aux fins d’occulter ses vraies intentions : une globalisation échevelée, une fracture de plus en plus grande entre les riches et les autres, une homogénéisation des pensées, des espaces, des cultures.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 4 septembre 2006 15:36

    @ zen

    Ces études et de nombreuses autres (je pense au travail de Norbert Elias, de Marcel gauchet, de Michel Maffesoli par exemple) vont dans le même sens : quelque chose a changé dans la nature humaine. Et plus intensément depuis une trentaine d’années.

    Ces changements (on devrait plutôt parler de mutations) sont pour la plupart inédits et prennent une dimension anthropologique. Ils portent sur de nombreux aspects comme la conception de l’individu, de l’autre, du temps, de l’espace, des émotions, de notre rapport au réel, à la vérité, sur notre rapport à la politique, à la citoyenneté, ... à la démocratie, etc...

    La question est de savoir quelles sont les causes de ces mutations qui génèrent un véritable trouble individuel et sociétal (c’est ce que j’appelle la grande confusion). Leur analyse attentive montre qu’elles sont toutes forgées dans les creusets de l’hyperinformation qui elle-même a favorisé le développement du marché ultralibéral tel que nous le connaissons aujourd’hui.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 4 septembre 2006 14:03

    Je suis d’accord avec vous que cela n’a aucun sens philosophique. En revanche cela en a un pour les théoriciens de l’ultra-libéralisme contemporain, et la pensée dominante qu’ils nous infligent. C’est en cela qu’ils pervertissent les racines mêmes du concept de liberté.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 4 septembre 2006 12:53

    Bonjour Demian

    Vous n’avez pas tort, mais cela montre à quel point, cette démocratie, nous y tenons, et qu’elle nous donne bien du souci par ces temps de grande confusion.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 3 septembre 2006 10:47

    Votre commentaire va tout à fait dans le sens de ce que je pense et écrit. Il y a un vrai travail à faire sur les concepts de liberté, de juste, de bien, d’intérêts communs, de perspectives universelle des enjeux, de mise de l’humain (au sens général d’humanité dans sa diversité) au coeur des actions.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 1er septembre 2006 15:07

    @ Sylvain Reboul

    Dire que « le vote n’est en rien une procédure de décision » me paraît hâtif. Voter, jusqu’à nouvel ordre, c’est choisir ; donc participer d’un processus personnel de décision.

    « Nécessité de simplifier la complexité pour agir » Pour simplifier la complexité (donc pour la synthétiser) il faut déjà la comprendre. Ce n’est pas souvent le cas.

    Que le vote actuel soit un moindre mal, soit. Mais faut-il pour autant s’interdire de chercher à imaginer d’autres formes possibles de processus démocratiques ? Je ne le crois pas.

    @ Zen

    Pour ma part, je ne considère nullement la politique comme le pré-carré des experts. Au contraire puisque j’appelle à la mobilisation des intelligences de chacun pour influencer, contrôler et agir en politique.

    @ Marsupilami

    Je ne sais pas ce que c’est que « la vraie politique ». En revanche, ce que je sais, c’est que les recettes traditionnelles ne viendront jamais à bout des dérives et des désastres causés par l’« hypercapitalisme mondialisé ».Pour au moins une raison : la politique est ancrée sur un peuple et sur un territoire. Or l’hypermonde n’a plus de peuple mais des individus et n’a plus de territoire mais un espace de réseaux multidimensionnels.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 1er septembre 2006 11:52

    Bonjour Thierry

    Votre papier m’incite à provoquer la réflexion suivante :

    La démocratie a pour principe de restituer le pouvoir au peuple par le mécanisme du vote. Mais les difficultés de l’exercice électoral que vous soulignez dans votre article mènent à une question brutale : la démocratie est-elle simplement réalisable ? Rousseau lui-même se posait la question : « S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes » (Contrat Social, II, 4)

    Si l’on va au fond de l’idée on peut se demander si le concept de gouvernement démocratique veut dire quelque chose. En effet, la démocratie est la négation de toute forme de gouvernement, plus exactement, de tout principe transcendant de régulation des relations entre les hommes. De là à dire que la démocratie est de même nature que l’anarchie, il n’y a qu’un pas. L’expression fait peur, mais pourtant...L’anarchie est liée dans l’esprit commun au désordre puisqu’elle rejette l’ordre gouvernementaliste et ses diverses sources de légitimation. En réalité, l’anarchie pense l’ordre de la communauté dans l’immanence, c’est-à-dire comme institution du collectif dans un espace multidimensionnel, à géométrie variable.

    Cet espace commun n’est pas éloigné de celui que l’on appelle aujourd’hui cyberespace, intelligence collective, démocratie participative, etc. Un espace peut-être à inventer dans lequel les initiatives individuelles seraient questionnées, recoupées et connectées pour tenter de comprendre et d’agir sur les réalités et les enjeux complexes ; en bref, pour gouverner.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 31 août 2006 16:33

    @Don Quichotte

    Merci d’avoir pris le temps de lire l’article et ses commentaires. Mon objectif n’est pas de développer une liste de recettes qui révolutionneront le monde. Il est plutôt de repérer les traces de confusion de nos sociétés, de les exposer pour permettre, en les comprenant, en distinguant leurs rouages, de mieux en sortir. Dès lors, la révolution appartient à chacun de nous, elle réside dans toutes les initatives menées pour avancer (j’allais dire « survivre »). J’ai lu l’article que vous m’avez signalé ; au-delà de son humour, il met le doigt sur le problème d’adéquation des procédures démocratiques aux réalités d’aujourd’hui. Je ne pense pas que des arrosoirs règleront le problème, mais en revanche les expériences d’utilisation des moyens technologiques dont nous disposons désormais sont à suivre.

    Pour finir, certains effectivement butent devant le caractère un peu compliqué de certaines notions évoquées. Je ne pense pas qu’il faille nécessairement tout simplifier car les choses sont complexes. Les médias aujourd’hui mais aussi l’éducation nous habituent à la vulgarisation, à la simplification. Je ne suis pas sûr qu’il soit impossible de demander à nos congénères un peu d’effort. La pensée toute faite, en conserve nous a fait beaucoup de mal ; si nous voulons mettre en oeuvre des procédures d’intelligence collective, il faudra bien se résoudre à sortir des idées réflexes, télécommandées. Et accueillir « avec hospitalité » les contradictions car elles ne sont que le reflet de notre monde.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 31 août 2006 12:34

    OK avec votre idée. Allons-y ! Mettons nous en contact, pour l’instant via le site http://www.lagrande confusion.com



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 31 août 2006 12:29

    @candidat007

    La démocratie contemporaine est fondée sur le vote. Le vote, si l’on reprend les classifications du philosophe Pierre Lévy, est essentiellement une pratique « molaire » c’est-à-dire qu’elle prend les choses en masse et les ramène à des divisions simples, binaires (oui non, gauche droite, bleu rouge etc...) dans cette démarche, le vote réduit forcément les opinions, les simplifie à l’extrème (ave le concours hautement pervers des systèmes médiatiques) alors que les enjeux sont de plus en plus complexes.

    Par ailleurs, toutes les pratiques que nous avons aujourd’hui sont « moléculaires », c’est-à-dire qu’elles adressent finement les réalités (en biochimie, en biologie mais aussi dans l’usage que vous faites tous les jours d’Internet). Ces pratiques sont en décalage avec les formules massives et molaires ; elles leur donne un coup de vieux qui devient rapidement insuportable car ce sont elles qui contribuent, entre autres, à ce que j’appelle « la grande confusion ».

    Pourquoi ne pas imaginer des formules de vote qui soient « moléculaires » ? elles sont possibles, grâce aux développement technologiques et à l’hyper-information bien employée. Un seul exemple, le référendum sur le traié constitutionnel européen. Il fallait répondre Oui ou Non à une question hautement multidimensionnelle et complexe. Ce qui a induit non seulement une surprise, mais surtout une haute confusion dans l’interprétation des résultats)

    Ne peut-on imaginer dans l’avenir (proche) de faire appel aux citoyens plus finement, plus fréquemment, plus pertinemment ?

    Aussi, quand vous prenez pour une fatalité « le genre binaire de la politique », je vous dis que d’autres solutions existent, qu’elles peuvent être mises en oeuvre,et qu’elles le seront tôt ou tard car elles se situent dans un mouvement qui apparaît dorénavant comme irréversible : celui des intelligences en réseau.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 31 août 2006 10:59

    @ l’Enfoiré

    Curieusement, dans l’Histoire, les Révolutions ont toujours été menées par des modérés...Les modérés n’aiment pas le désordre et la confusion ; c’est pour cela qu’ils font la révolution.. smiley



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 31 août 2006 10:55

    Bonjour Bernard Dugué,

    Vous dites que « La politique est devenue une affaire de passionné, et se déroule à l’image des compétitions de foot ... Dans ce contexte, les électeurs sont des spectateurs, et lorsque les présidentielles se déroulent, la France se met au diapason, comme lors d’un Mundial. La presse et les médias sont au rendez-vous. »

    Cette idée me rappelle que, pour les psycho-sociologues, le cerveau a besoin de vivre, périodiquement, des « états modifiés de conscience ». Des changements de régime. Nous aurions un besoin naturel, quasiment physiologique, de modifier périodiquement les modalités de notre fonctionnement mental. C’est pourquoi certains aiment absorber de l’alcool, d’autres aller chercher la transe dans certaines musiques, d’autres enfin assouvir le besoin de se « dépayser ».

    A l’instar de notre psyché individuelle, la psyché collective aurait besoin, de temps en temps d’une onde de choc collectif élaborée à partir d’une émotion forte. Besoin justifié peut-être par l’amertume de se sentir si précaire dans l’impermanence radicale des choses. Nous acceptons notre destin tragique par intégration, à doses homéopathiques de la mort et par absorption des douceurs de l’émotion collective qui permet d’apprendre à jouir ensemble des petites, voire des folles choses. Ces instants d’éternité comme les appelle le philsophe Michel Maffesoli, cette sensation d’être enveloppé dans le matriciel, d’être intensément englobé, de s’éclater dans le grand tout, dans le macrocosme.

    Les élections contemporaines ne remplissent elles pas au fond, confusément, ce besoin ??



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 30 août 2006 22:25

    Vous décrivez bien là l’obsolescence des classifications classiques qui pourtant gouvernent nos politiques. Elles sont de moins en moins cachées par ce voile pudique dont vous parlez ; elles apparaissent désormais au grand jour face aux enjeux qui nous font face.

    Devant ces enjeux, seule une révolution de la pensée politique, qui dépasse les antagonismes dont vous parlez peut être efficace. Cette révolution peut se faire sans « grand frais » car elle est une force multidimensionnelle qui naît partout et qui s’enfle devant les désarrois des politiques et devant l’ampleur des enjeux et des risques. Les problèmes de l’eau, de la santé, de l’énergie, ... ne pourront être réglés par les vieilles recettes des castes politiques ; mais comme il faudra bien un jour ou l’autre affronter ces problèmes de face, peut être alors dans un dernier sursaut de conscience nous comprendrons l’intense obligation de dépasser les contradictions, de les intégrer. Pour avancer ou survivre.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 30 août 2006 19:41

    Bonjour l’Enfoiré,

    Merci de votre commentaire. mais pourquoi le mot Révolution serait-il un gros mot ? Selon moi, il induit une volonté, une force, une action. Evolution est plus cool, ménage l’idée que les choses vont s’améliorer toutes seules, tranquillement. Je ne le crois pas ; certes le mouvement de l’évolution est largement engagé mais il faudra beaucoup de volonté pour empêcher qu’il ne se perde dans les brumes de la grande confusion anesthésiante.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 30 août 2006 17:49

    @Sod Vous avez raison, dans le feu de l’action j’ai un peu perdu mon sens de l’humour.

    Pour ce qui est de votre question de fond, on pourrait l’aborder sous l’angle du dilemme qui oppose traditionnellement collectivisme et individualisme. Pour sortir de ce dilemme qui gangrène toute la politique depuis des lustres, il faudrait faire appel à une notion qui est actuellement développée par des gens comme le philosophe irlandais Philip Pettit : celle d’individu holiste.

    L’holiste sait que s’il pense, c’est parce qu’il entretient des rapports avec les autres. Le « je pense donc je suis » devient « Je pense parce que je suis avec les autres ».

    Dans cette conception, les valeurs que peuvent mettre en oeuvre des institutions ne sont données que parce qu’elles s’adressent à des individus qui agissent en inter-relation avec d’autres individus. Cette idée s’oppose fondamentalement (en cela, elle est révolutionnaire) à l’engagement libéral qui conçoit un individu solitaire propriétaire d’une liberté dont la seule limite est la non-interférence avec celle d’autrui.

    La conception individualiste actuelle qui privilégie l’intérêt particulier contre l’intérêt général, qui est parvenue progressivement au statut de référence dominante, oublie que la liberté est essentiellement une valeur sociale. Cela ne veut pas dire que l’individualisme ne puisse s’opposer qu’avec le collectivisme. Il est possible de faire émerger une autre conception de l’individu, conscient de son rapport aux autres et des interactions de sa liberté avec celle des autres.

    C’est un des sens de ce que j’appelle « la révolution humaine » à faire...



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 30 août 2006 16:48

    @Sod

    Méfiez-vous des simplifications abusives comme résumer un article dans une formule lapidaire ou à n’y voir que des objectifs publicitaires. Allez plus loin, si je peux me permettre ce conseil, dans la réflexion. Voyez les réalités de votre vie, essayez de comprendre le monde et tirez en les conséquences. Le persiflage cynique n’a jamais fait avancer les sociétés. Le courage des idées oui.



  • Gérard Ayache Gérard Ayache 30 août 2006 15:36

    @Philippe Gammaire

    Il est bien difficile dans le cadre d’un papier comme celui-ci d’expliquer en détail ses idées. Il n’en reste que des bribes qui, forcément se retrouvent réduites et parfois déformées.

    Sortir de la grande confusion n’est pas faire table rase du passé. C’est simplement prendre conscience d’un certain nombre de réalités et des rouages de la machine dans laquelle nous vivons.

    Réinventer la démocratie, c’est simplement revenir aux sources d’un principe perverti degré par degré par le système technologique, intellectuel et économique dans lequel notre monde occidental évolue.

    Parler d’indétermination ouverte c’est ni plus ni moins tenter de coller aux difficiles réalités du monde. C’est abandonner des certitudes empesées pour mieux ouvrir notre esprit à toutes les solutions possibles. Par ex. en matière de changement climatique, qui peut détenir une parcelle de certitude sur l’évolution du phénomène ? Doit on pour autant se mettre des oeillères idéologiques, scientifiques ou économiques ?

    Imaginer que les politiques puissent tracer des lignes vers le futur (je suis d’accord avec vous, c’est là leur rôle) mais sans prétendre détenir la vérité souveraine et en laissant la place aux ajustements voire aux revirements salutaires.(c’est ce que j’appelle les « nouveaux axes orthogonaux »).

    Parler d’abandon des idéologies est un peu rapide ; il faudrait plutôt parler d’obsolescence des idéologies du siècle passé. Auxquelles pourtant nombre de politique se réfèrent.

    Enfin où avez-vous vu que je parlais de démission du politique ? Au contraire il doit être de plus en plus présent mais orienté dans ses pensées et dans ces décisions vers l’humain et non plus seulement vers sa propre perpétuation.

    Sortir de la grande confusion c’est accepter de changer les réglages de la machine dans laquelle nous avançons. Une machine aujourd’hui réglée sur trois paramètres : le marché libéral, l’individu, la maîtrise de l’information. Ces trois paramètres devront demain être : liberté (liberté conçue non comme un bien dont un individu est solitairement propriétaire mais comme un bien qui concerne la société dans laquelle vit l’individu) ; humain (prendre comme axe de perspective de développement l’humanité dans son ensemble) ; hyper-information (intégrer les dimensions des nouvelles pratiques d’intelligence collective notamment).

    Bien sûr je résume, mais sans faire de pub, vous trouverez tout cela détaillé dans mon bouquin qui sort dans quelques jours. Bien cordialement.