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Accueil du site > Actualités > Economie > L’économie sociale doit se faire entendre

L’économie sociale doit se faire entendre

Qu’y a-t-il de commun entre le Crédit agricole, 15,5 millions de comptes, et le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, dont les effectifs sont de 49 personnes ? Rien, sinon d’appartenir à un même secteur, celui dit de l’« économie sociale ».

L’économie capitaliste néolibérale est-elle la voie unique ?

Non, répond Thierry Jeantet, le directeur général de EURESA (Réseau européen de sociétés d’assurances d’économie Sociale), les mutuelles, les coopératives et les associations (donc l’économie sociale) montrent qu’il existe une façon plus solidaire de créer des richesses, aussi bien dans la sphère marchande que dans la sphère non marchande.

Partout en Europe, on trouve des entreprises, des organisations dans lesquelles prévalent le principe de non-domination du capital et celui du contrôle démocratique : il y aurait d’ailleurs 248 millions de membres de coopérative, de mutuelle ou d’association, sur 370 millions d’habitants en Europe !

Ces structures agissent dans les domaines les plus divers : social, culturel, financier, agricole, industriel ou de la pêche... Elles sont encore trop mal connues. Face à de grands défis comme la mondialisation, la transformation du travail et la crise sociale, elles représentent une chance particulière de voir établies les conditions d’une croissance à dimension humaine et, au-delà, de changer la donne en affirmant la primauté du civique et du social sur l’économique et le monétaire.

Pour cela, elles doivent à la fois renforcer et moderniser leur identité, faire fructifier leurs propres principes (démocratie, non-lucrativité, solidarité, recherche du meilleur rapport qualité-prix, épanouissement de la personne, etc.), et donc innover.

Il existe bien un " troisième secteur ", à côté des entreprises de statut capitaliste mais également à côté de l’économie publique (l’économie sociale est privée, et indépendante de l’Etat).

Depuis plus d’un siècle, l’économie sociale (associations, mutuelles et coopératives) montre qu’il est possible d’entreprendre autrement. Un des points communs entre les organisations de l’économie sociale ?

Une répartition différente des richesses créées, qui, inscrite dans les gènes de ces structures, empêche ou limite le versement de dividendes aux personnes physiques membres. Cette économie, ni capitaliste ni publique, fondée sur des principes démocratiques, pèse aujourd’hui plus de 12% du PIB en France.

Le procès bien souvent tenu à l’économie sociale est de ne pas être structurée comme l’économie capitaliste. Or, est-ce par manque de communication institutionnelle ou par timidité chronique que l’économie sociale n’est pas davantage présente dans les médias, pour expliquer qu’elle est aussi bien structurée ?

Il serait temps que les Français connaissent un peu mieux :

CJDES : Centre des jeunes dirigeants et des acteurs de l’économie sociale
AVISE : Agence de valorisation des initiatives socio-économiques
USGERES : Union de syndicats et groupements d’employeurs représentatifs dans l’économie sociale

Et aussi les banques à caractère coopératif :

Le Crédit coopératif
Les Banques populaires
Le Crédit agricole
Le Crédit mutuel
La Caisse d’épargne

Sans oublier les mutuelles généralistes ou de santé :

FNMF (Fédération nationale de la mutualité française)

Il est enfin temps de faire tomber le mythe de l’économie sociale et solidaire qui serait réservée à des micro-projets locaux. L’économie sociale et solidaire est une approche différente de l’entreprise et de sa gouvernance.

Le MEDEF ne s’y est pas trompé, puisque récemment, il faisait pression sur le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin pour remettre en cause « les entreprises de l’économie sociale qui concurrencent aujourd’hui les entreprises du secteur marchand tout en continuant à jouir d’un certain nombre de privilèges ».

Pourquoi continuent-elles d’exister, alors que coopératives ou mutuelles se rapprochent des acteurs du secteur concurrentiel, se demande le rapport...

Il est plus que probable que la gestion démocratique de l’entreprise et la recherche de sens soient aux antipodes de la gestion des intérêts des actionnaires des entreprises du CAC 40.

Sources

Euresa
La documentation française
Le monde diplomatique
Scop entreprises
Ecosociale
Groupe SOS


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12 réactions à cet article    


  • marcel thiriet, (---.---.11.65) 23 mai 2006 11:03

    Intéressant et souvent ignoré.Mais je suis sceptique sur le fonctionnement vraiment coopératif du Crédit Agricole tel qu’il est devenu sous l’effet de la financièrisation,l’acpect coopératif est devenu purement formel.

    C’est aussi sans doute le cas aussi de certaines mutuelles de santé(je mets à part la MGEN que je connais bien).

    J’aimerais avoir votre avis là-dessus...Merci


    • Jbenard (---.---.92.11) 23 mai 2006 11:26

      les banques de l’économie sociale sont en concurrence avec des établissement de l’économie capitaliste. Ce n’est pas pour celà qu’elles remettent en cause les statuts coopératifs qui sont les leurs. Les clients sont et restent des sociétaires.

      Il n’y a pas à ma connaissance de cas de dérapage de mutualistes régis par le code la mutualité. Il existe probablement de petits problèmes de relation entre sociétaires et leur mutuelle mais le fonctionnement et la gestion est assez irreprochable.

      Si la réussite de ces entreprises font grincer beaucoup de dents, il ne faut pas oublier qu’elles ont des objectifs de résultats.

      Beaucoup ont encore la naïveté de croire que les entreprises de l’économie sociale devraient se cantonner à amortir les dégats du capitalisme. L’économie sociale peut être performante et même leader sur certains secteurs sans pour celà oublier que leur réussite est la conséquence d’une approche démocratique de la gestion et de la gouvernance d’entreprise

      Cordialement


      • Corinne (---.---.1.121) 23 mai 2006 13:49

        @Jbenard

        « Il n’y a pas à ma connaissance de cas de dérapage de mutualistes régis par le code la mutualité. »

        La MNEF !!! Un des plus gros scandales de ces dernières années !


      • Marsupilami (---.---.181.186) 23 mai 2006 11:51

        Ouaf !

        Merci pour cet excellent article qui montre qu’il existe bel et bien des alternatives économiques réalistes à l’ultracapitalisme boursier, ce que trop de nos concitoyens ignorent tant le bourrage de crâne néolibéral est omniprésent.

        Houba houba !


        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 26 mai 2006 09:13

          Présenter le capitalisme social comme une alternative globale au capitalisme boursier est me semble-t-il simpliste ; il est facile de montrer que la MNEF dépend aussi des trusts pharmaceutiques qu’elle ne pourrait pas remplacer quant à la mission sociale qui est la sienne et que la CAMIF n’existerait déjà plus sans les 3 Suisses etc..

          Il me semble plus juste de parler d’économie diversifiée (but lucratif ou social) dont la coopération et la complémentarité sont de plus en plus manifestes (voir aussi les banques mutualistes qui boursicotent commer les autres, en particulier le groupe Crédit Agricole qui dispose aussi de banques d’affaires qui n’ont rien de mutualistes).

          Il faut certainement défendre le secteur mutualiste et réguler le marché boursier pour éviter les arnaques que l’on sait ; cela ne veut pas dire que le 3ème secteur pourrait se substituer au secteur capitaliste boursier (S.A) dans la cadre d’un projet politique social-intégriste ou social-nationaliste univoque et exclusif viable


        • jcm - Freemen (---.---.0.86) 23 mai 2006 13:24

          « Le MEDEF ne s’y est pas trompé, puisque récemment, il faisait pression sur le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin pour remettre en cause « les entreprises de l’économie sociale qui concurrencent aujourd’hui les entreprises du secteur marchand... » : eh oui, l’entreprise prédatrice, aux visées hégémoniques et sans le moindre souci ni obligation pour oeuvrer vers un plus grand bien commun : Entreprises, anti-démocratie, facteur d’instabilité.

          Se parant maintenant d’une cosmétique éthique ou environnementaliste afin de mieux faire passer les pilules amères de leur combat pour asseoir leur propre suprématie...

          C’est la guerre : elle est économique et tout ce qui peut faire obstacle à un peu de profit supplémentaire doit être balayé.

          Exit donc le coopératif et l’économie sociale, non marchande.

          Tout cela pourquoi ?

          Pour Le Pouvoir, plus de pouvoir, au détriment de chacun, à celui des politiques aussi, « élites » inconscientes qu’elles se laissent dépouiller petit à petit de leurs moyens d’action.

          Des élites aussi responsables de cet état de fait que leurs électeurs, et ne parlons pas des médias...

          Tout va très bien, Madame la marquise...


          • Stephane Klein (---.---.101.8) 23 mai 2006 14:44

            Le ’cooperativisme’ est une chose qui a sa place dans la societe mais ni a la place ni contre le reste.

            Je resterai toujours attere par ce melange d’envie et d’immaturite francaise qui assimille la generation de profit au mal. La question n’est pas de savoir si du profit a ete genere mais comment : en respectannt la dignite humain, l’environnement ? Dans ce cas quel est le probleme ?

            Les cooperatives ne sont rien d’autre que des societe limitant volontairement leur benefices pour privilegier soit les conditions de travail soit l’investissement (attitude qui peut aussi etre presente en entreprise capitalistes). Si certains actionnaires cooperatifs sont disposes a percevoir moins de benefices tout en s’exposant au memes risque de tout perdre, libre a eux, je me refuse pour ma part de jeter la pierre a ceux dont les criteres sont capitalistiques.


            • Jbenard (---.---.92.11) 23 mai 2006 14:57

              Stephane,

              Vous écrivez « La question n’est pas de savoir si du profit a ete genere mais comment : en respectannt la dignite humain, l’environnement ? Dans ce cas quel est le probleme ? »

              C’est là que le bas blesse. En effet, le secteur marchand classique ou capitalistique base la totalité de son raisonnement sur le profit des actionnaires faisant dans la quasi totalité des cas foin de toutes considérations de dignité humaine ou de problèmes envirronementaux.

              « Les cooperatives ne sont rien d’autre que des societe limitant volontairement leur benefices pour privilegier soit les conditions de travail soit l’investissement (attitude qui peut aussi etre presente en entreprise capitalistes). Si certains actionnaires cooperatifs sont disposes a percevoir moins de benefices tout en s’exposant au memes risque de tout perdre, .. »

              Choisir le statut coopértaif n’est pas un choix fiscal. Les coopérateurs s’engagent à une démocratie de gestion (un homme une voix) Les sociétaires et non actionnaires décident de l’avenir de leurs entreprises contrairement aux actionnaires qui visent la rente.

              Cordialement


            • zoï (---.---.58.60) 23 mai 2006 17:48

              Hé oui, mais « on » préfère considérer toute idée d’économie non-prédatrice comme une résurgence du goulag... A quand la conquête de toutes les néo-féodalités capitalistes par ceux qui travaillent et produisent la vraie richesse ? A quand le bannissement des actionnaires et autres spéculateurs, de tous ces hyperparasites qui se nourissent du travail et de la dignité des hommes ? Mais chut dans les rangs, car « on » calcule la recette et c’est pas pour votre pomme, cher monsieur, puisque vous avez la mauvaise idée de travailler pour gagner votre vie.


              • Guillaume Chocteau (---.---.5.176) 24 mai 2006 08:25

                Bonjour,

                Désolé, mais peut on encore légitimement dire que le Crédit Agricole fasse partie de l’ESS ? Pour moi, à titre personnel, non.

                Pourquoi ? Autant les caisses locales peuvent éventuellement avoir cette appellation (Et encore !), mais le groupe CA est quand même dirigé par une SA côtée en Bourse. Dès lors qu’on rentre dans le jeu des actionnaires et de la cotation, la logique d’actions fait que la pression du marché édicte ses règles, et donc ses conséquences sur les décisions. Et ce n’est plus le choix du meilleur intérêt collectif ou de la Démocratie participative des sociétaires / adhérents / coopérateurs.

                Il reste peu de banques coopératives ayant un réel fonctionnement coopératif : crédit coop, caisse d’épargne, crédit mutuel, Banque fédérale mutualite en sont les principaux. A côté, il y a les banques populaires (? ? Qui le savait ?). La concurrence n’est pas l’ennemi de l’économie sociale, puisque ces organismes interviennent sur le marché, mais sans les mêmes finalités et DONC, sans les mêmes modes de décision et de régulation.

                L’économie sociale est avant toute chose, une AUTRE manière de partager la richesse et le pouvoir.

                A bientôt


                • Ami du Peuple (---.---.172.85) 25 mai 2006 11:41

                  Bonjour M. Benard,

                  L’économie sociale et solidaire est plus généralement une autre forme de capitalisme, une forme raisonnée que l’on peut comparer (et non opposer) au capitalisme financier ou ultra-libéral.

                  Il est aussi possible d’imaginer que l’ESS pour les intimes soit une voie de développement des sociétés modernes à la fois plus excluantes et assoiffées de justice sociale, vers un meilleur équilibre.

                  Une juste répartition des risques et des bénéfices n’est-il pas un système économique susceptible de drainer les volontés des entrepreneurs, qui on le sait en France, attendent des solutions pour lancer leurs projets dans les meilleures conditions ?

                  Pour cela, permettez-moi, M. Benard, de citer à nouveau vos sources :

                  CJDES : Centre des jeunes dirigeants et des acteurs de l’économie sociale

                  AVISE : Agence de valorisation des initiatives socio-économiques

                  USGERES : Union de syndicats et groupements d’employeurs représentatifs dans l’économie sociale

                  Solidairement vôtre,

                  L’Ami du Peuple


                  • JC BENARD (---.---.53.247) 28 mai 2006 20:25

                    @ Sylvain Reboul

                    Vous ecrivez :

                    « Présenter le capitalisme social comme une alternative globale au capitalisme boursier est me semble-t-il simpliste »

                    Votre propos l’est également. Si vous ne voyez dans l’entreprise qu’un lieu où l’on vient prendre son salaire, vous n’avez pas compris la formidable aspiration des jeunes à évoluer dans un monde de sens. L’avenir appartient aux entreprises qui proposent un engagement et un projet. Le capitalisme ne propose RIEN.

                    « Il faut certainement défendre le secteur mutualiste et réguler le marché boursier pour éviter les arnaques que l’on sait ; cela ne veut pas dire que le 3ème secteur pourrait se substituer au secteur capitaliste boursier (S.A) dans la cadre d’un projet politique social-intégriste ou social-nationaliste univoque et exclusif viable »

                    Vous êtes de ceux que je fustige dans mon article et qui souhaitent que l’économie sociale soit un « amortisseur » des rigueurs du capitalisme. Avec tout le respect que je vous dois, vous menez un combat déjà dépassé.

                    A vous lire

                    JC BENARD

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