Le journalisme est un métier has-been
Aujourd'hui, les téléphones portables, même si la qualité n'est pas toujours au rendez-vous, les caméras nous permettent d'avoir parfois l'information en image couleur HD, tout ce qu'il y a de gore. Les journalistes n'assistent plus à ce genre de scène, mais s'en servent comme documentations pour nous informer. Les vidéos et les images estampillées source youtube non authentifiée viennent concurrencer celles de l'afp et d'autres agences de presse.
Ce ne sont plus uniquement les journalistes reporters qui font l'information, un nouveau genre s'installe dans le paysage médiatique : les journalistes activistes
Le journalisme est un métier désuet
Après la mort de deux journalistes, nos médias et les journalistes ont présenté leurs condoléances aux familles tout en affirmant qu'ils forment une seule et même famille. Ce sont là des considérations convenues pour ce genre de circonstances.
Je ne mets en doute la sincérité de personne. Mais je ne m'empêcherai pas de soulever quelques observations.
1° Le journaliste vedette devant son prompteur, court-il le même risque que le journaliste sur le terrain et notamment dans les points chauds de la planète ? Abstraction faites des différences de salaires et des indemnités.
2° Il y a bien sûr deux niveaux d'information.
À la suite de chaque drame touchant un journaliste, un enlèvement, un assassinat ou une mort etc, les journalistes rappellent à leurs concitoyens que la liberté est finalement due à leur courage et à leurs investigations. Il faut quand même qu'ils relativisent leurs propos. Il y a moins d'investigations et de révélations liées purement et simplement au travail des journalistes. Par exemple, est-il difficile d'arriver au même résultat sur les écoutes de la NSA sans Snowden ? Juste par la curiosité et les investigations des journalistes par exemple ? Il y a suffisamment d'éléments qui montrent que nous sommes épiés et surveillés, que les usa font mieux que la stasi. 1984, qui est censé dénoncer les dictatures, présente de nombreuses similitudes avec ce que nous imposent les usa, avec la complicité des médias et des journalistes.
Les journalistes se contentent du niveau deux de l'information. C'est à dire de seconde main. Il ne révèlent plus rien. Il font des commentaires. Pour notre malheur, même leurs commentaires restent superficiels, tant la peur de se voir trainer devant les tribunaux pour diffamation d'une part et d'autre part le politiquement correct imposent une police de la pensée et l'auto-censure. N'oublions pas non plus les lignes éditoriales et l'ingérence des groupes d'intérêts dans les orientations du choix de l'information, par exemple ce qui doit figurer à la une ou dans la rubrique des fait divers.
3° Le journalisme de reporter a eu son heure de gloire. À l'époque de la guerre de Vietnam et pendant la guerre froide. Même si en face d'une armée structurée, hiérarchisée et réglementée, les Viet-Congs pouvaient paraître comme une horde de Mohicans, le journaliste était avant tout le porte parole de son armée et de sa civilisation. En somme, la continuation de la propagande des deux guerres mondiales. Il aura fallu des années de guerre avant que les journalistes américains ne révèlent l'horreur du bourbier vietnamien « L’information en temps de guerre ne pose pas des problèmes très différents de l’information ordinaire. Elle les pose seulement de manière plus visible et plus dramatique....La guerre du Vietnam avait profondément traumatisé les Américains qui étaient persuadés d’avoir perdu la guerre moins du fait des Vietcongs que du fait de sa médiatisation quasi quotidienne. Les images de guerre, toujours plus ou moins atroces, auraient pesé sur le moral des Américains. Je ne sais pas si cela est vrai, et dans quelle mesure, mais c’est ce que les militaires ont cru ».
Un soldat qui ramasse le corps en morceaux d’un enfant
Les Américains n'ont tout simplement pas prévu le retournement de leur opinion publique contre cette guerre et par conséquent ne plus accorder de soutien moral à son armée. La leçon a été bien apprise par tous ceux qui ont intérêt à initier des guerres, à les faire durer. Donner aux journalistes les images qui bouleversent l'opinion publique pour soutenir une guerre, ou au contraire faire le blackout sur les images qui risquent de l'indigner.
Quand je parle d'image, je sous-entends également l'information de manière générale, un récit peut être bouleversant même non accompagné d'image ou de vidéo.
5° l'information est un produit comme un autre. Un produit dominé par la finance et des intérêts capitalistiques qui maîtrisent le monde des médias. Peut-on encore parler de journalisme libre après le patriot-act, après l'intervention de David Cameron pour censurer des journaux britannique ayant l'outrecuidance de révéler certains détails de l'affaire Snowden. Le mot d'ordre c'est que les journalistes doivent être responsables, toute information n'est pas bonne à dire. Le Royaume uni n'est pas un pays en guerre que je sache, il n'y a aucun risque pour le journaliste, il suffit de parler anglais, pour nous rapporter ce genre d'information. Pourtant, cela est passé quasiment sous silence dans nos médias, pas de grand édito, pas de levée de boucliers, pas d'indignation sur la liberté de la presse, sur les atteintes à la démocratie. On nous apprenait que la presse est le quatrième pouvoir. Quand il n'y a plus de pouvoir législatif, plus de pouvoir exécutif, face à la finance, peut-on toujours parler du pouvoir des médias ?
6° Avant l'histoire de la NSA, il y a eu un autre scandale outre Manche : celui des écoutes téléphoniques. Le News of the World accusé d'avoir piraté les téléphones de centaines de personnalités. Une affaire traitée comme s'il s'agissait d'une affaire banale, tout au plus une affaire people.
Ce même David Cameron qui menace The Guardian. Si ce dernier publie des informations obtenues dans l'affaire Snowden il risque de voir la justice à ses trousses pour atteinte à la sécurité du pays. Ce même personnage zélé trouve qu'il n'y a rien à redire sur le travail de la NSA, David Cameron peut toujours s'estimer blanc comme neige alors que Andy Coulson fut le patron de sa communication.
http://www.grands-reporters.com/Vietnam-la-trahison-des-medias.html
http://www.cahiersdujournalisme.net/cdj/pdf/16/08_BIZIMANA.pdf
http://ba-noi.com/blog/henri-huet-regard-sur-la-guerre-du-vietnam/
http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-17597879.html
http://www.arretsurimages.net/breves/2013-10-29/Cameron-Guardian-un-ton-de-guerre-id16317
https://www.youtube.com/watch?v=E-Cc1XbyVO4
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