Le 6 juin 1944 et ses vérités
Ils sont venus mourir sur les plages de Normandie,ils sont venus libérer nos parents et grands-parents de l’occupation nazie.
Cette jeunesse ne demandait qu’à vivre, à réaliser ses rêves.
Nous leur serons éternellement reconnaissant de s’être sacrifiés pour que l’on ait pu vivre pendant 70 ans sans le moindre conflit majeur et dans un monde relativement libre.
Mais cette jeunesse sacrifiée ne doit en rien masquer des vérités que l’on a souvent tendance à vouloir masquer, ou tout du moins édulcorer.
Le mythe de l’Amérique sauveuse du monde moderne a longtemps alimenté nos livres d’histoire et les commémorations. Mais la réalité est bien plus complexe.
Tout d’abord les Etats-Unis étaient neutres au début la Seconde Guerre Mondiale, tout comme dans la première partie de la Première Guerre Mondiale.
Quant à l’opinion publique, elle voyait mal l’intérêt d’envoyer des Américains se faire tuer dans la lointaine Europe, ce que l’on peut comprendre.
Les lois de neutralité votées par le Congrès à partir de 1935, interdisaient aux États-Unis d’intervenir directement dans le conflit jusqu’en décembre 1941.
Cependant en 1940, Roosevelt, favorable à une intervention aux cotés de l’Angleterre, réussissait à faire voter par le Congrès un programme de réarmement ainsi que la conscription de tous les hommes âgés de 21 à 35 ans.
Mais les élites étaient prêtes à sacrifier l’Europe de l’Ouest au nom de l’anti-soviétisme.
C’est toujours grâce à la ténacité de Roosevelt que les États-Unis apportent leur soutien et leur aide aux Franco-Britanniques dès 1940, puis à l’Union soviétique à partir d’octobre 1941.
Peut-être aussi que de voir les nazis prendre le contrôle total de l’Europe devenait un réel problème pour les américains.
Finalement les américains sont rentrés en guerre que le 7 décembre 1941, suite à l’attaque de Pearl-Harbourg par les japonais, les obligeant à sortir enfin de leur isolationnisme. Trois jours plus tard, les nazis déclarent également la guerre aux USA. Le conflit devient alors mondial.
On peut également se dire que si les américains ont sacrifié une partie de leur jeunesse sur les plages de Normandie, ce n’est pas que pour sauver "le Monde libre", mais pour pouvoir se garder une bonne partie de l’Europe que risquait d’envahir l’Union Soviétique après les nazis.
Il faut se souvenir que pendant les années qui ont précédé la guerre, de nombreuses personnalités américaines, et pas des moindres, ont montré de la sympathie pour le régime nazi.
On pense à Charles Linbergh, membre actif de l’ "America first" (l’Amérique d’abord), ce mouvement qui s’opposait à toute intervention dans le conflit européen.
Ici Woody Guthrie, rendant un hommage quelque peu particulier au célèbre aviateur.
On peut citer également l’antisémite Henry Ford, généreux donateur du parti nazi.
Pour terminer on citera Joseph Kennedy, le père de J.F.K, qui fut ambassadeur à Londres de 1938 à 1940, lui aussi antisémite et qui était pour une politique d’apaisement avec Hitler.
Comme on le voit, si les USA ont longtemps refusé de rentrer dans le conflit de la seconde guerre mondiale c’est parcequ’ils pensaient que ce conflit ne les regardaient pas, mais aussi parce que pour une bonne partie d’entre eux les nazis n’étaient pas si détestables.
Le 9 juin 1944, trois jours après le débarquement de Normandie, une jeune adolescente prenait la plume pour écrire ces mots : « Chère Kitty, le débarquement se déroule à merveille. Les Alliés ont pris Bayeux, un petit village sur la côte française, et se battent à présent pour s’emparer de Caen. Tous les soirs, les correspondants de guerre parlent des difficultés, du courage et de l’ardeur de l’armée, ils racontent aussi des actes d’éclats inimaginables, des blessés déjà revenus en Angleterre sont aussi venus parler au micro. (…) Ici, l’excitation est un peu tombée ; pourtant nous espérons que la guerre sera enfin terminée à la fin de l’année, il serait temps ».
Cette jeune fille ne verra pas la fin de la guerre, puisque deux mois plus tard, au matin du 4 août 1944, le lieu où elle se cache avec sa famille depuis le mois de juillet 1942 est découvert par la police allemande. Le 3 septembre 1944, le groupe est déporté pour le camp d’extermination d’Auschwitz.
Cette jeune fille s’appelait Anne Frank.
Seul Otto Frank, le père d’Anne, survécut au camp.
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