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Cette glasnost qui ne devait servir qu’à enfoncer l’URSS dans les limbes de l’Histoire

Ainsi que nous l’avions vu précédemment, dans le document qu’il publie en avril 2011 sous le titre : Tchernobyl, vingt-cinq ans après, le SCK-CEN (Centre d’étude de l’énergie nucléaire) situé à Mol en Belgique en venait immédiatement à cette rubrique qui paraissait devoir tout nous dire sur la catastrophe qui, selon l’un de ses conseillers – Andreï Gratchev -, aurait transformé du tout au tout le comportement politique de Mikhaïl Gorbatchev… en lui donnant une nouvelle assurance…

Avec vingt-cinq ans de recul… et d’investigations, les chercheurs en question affirmaient très tranquillement : « Les principales causes de l’accident furent… »

En résumé, il y en avait trois (je cite les auteurs du rapport) : le « contexte politico-militaire de l’ancienne Union Soviétique  », « la sécurité n’était de toute évidence pas une priorité  », « le climat de stricte confidentialité qui régnait dans l’ex-Union Soviétique  ».

On le sent immédiatement : le remède à cela, c’était d’en finir avec la résistance politico-militaire de l’Union soviétique face aux impérialismes occidentaux… en ouvrant les vannes de la glasnost, c’est-à-dire de la libération d’une parole qui peut très bien dire n’importe quoi, pourvu, tout simplement, qu’elle aille dans le sens du rétablissement de la liberté, pour les détenteurs de capitaux, d’exploiter les classes travailleuses qui auront dès lors perdu tout contrôle sur les instruments de production et d’échange.

Par la mise en avant des prétendues « principales causes de l’accident », le SCK-CEN se range du côté de la petite bourgeoise qui a préparé, avec son représentant et porte-parole Mikhaïl Gorbatchev, la chute de l’Union soviétique.

Ensuite, il passe aux choses plus sérieuses du point de vue de la matérialité des faits… mais le « mal » idéologique est déjà fait.

Première point…
« […] le nombre de victimes pouvant être imputé directement à l’accident est connu : il s’élève à 49. En 2006, le nombre de décès supplémentaires attendus, suite à des cancers, a été estimé à 4000, avec cependant un haut degré d’incertitude. » (page 4)

Souvenons-nous de l’explosion de l’usine AZF de Toulouse (France) le 21 septembre 2011, c’est-à-dire quinze ans après Tchernobyl… Elle avait fait 31 morts et 2500 blessés, sans aucune incertitude… Le système politico-économique de la France a-t-il été remis en cause pour autant sous les regards du monde entier ?

Or, dans le cas de Tchernobyl, le SCK-CEN n’oublie pas de le souligner aussitôt :
« Sur le plan international, la conséquence la plus importante de l’accident fut sans aucun doute son impact sur l’opinion publique. La population était à juste titre fort inquiète à la suite de l’accident, entre autres en raison du climat de secret entretenu autour de celui-ci par les autorités soviétiques. » (page 5)

Décidément, le soviétisme… a besoin de la « libération de la parole (glasnost) ».

D’ailleurs, c’est sur ce même terrain qu’interviennent les spécialistes du Centre de Mol (Belgique) dont nous utilisons ici les travaux :
« La mission du SCK-CEN stipule explicitement son rôle dans la diffusion de son expertise. Ce texte a pour but de fournir aux médias, aux autorités politiques et à toutes les personnes intéressées, des faits scientifiques concernant l’accident et ses conséquences, et de leur fournir des sources d’information plus larges.  » (page 5)

Pour l’instant, nous avons surtout appris ce que nous savions déjà : l’Union soviétique, c’était pas bien… La preuve ?… Tchernobyl. En effet…
« Le 25 avril 1986, le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl (voir figure 1) devait être arrêté pour des raisons d’entretien et profitant de cette occasion, réaliser un test. » (page 6)

Et voilà qui est beaucoup plus fort que tout ce que pourra jamais en dire la glasnost :
« Pour pouvoir procéder au test, un certain nombre de systèmes de sécurité furent mis hors service. » (page 6)

Ainsi, même dans la si terrible Union soviétique, il pouvait y avoir des « systèmes de sécurité  »… Première nouvelle !… Mieux. Il pouvait y en avoir « un certain nombre  »… Sans doute le secret était-il bien gardé…

Donc, on aura débranché ce « certain nombre  ». Et alors ?
« À 23 heures, après un délai de neuf heures, la centrale obtint l’autorisation de stopper la fourniture de courant pour procéder au test. En raison d’une erreur dans la mise au point d’un système de réglage, la puissance diminua à un niveau trop bas. » (page 6)

Logique… Sitôt que certaines sécurités ont été mises de côté, il devient intéressant de commettre… une erreur. Étant entendu que, là où il y a de la gêne, il n’y a malheureusement aucun plaisir…

Sécurité en vacances, erreur soigneusement commise… La suite va vraiment de soi, le SCK-CEN ne s’en prive pas :
« Mais les opérateurs voulurent quand même réaliser le programme prévu et essayer de ré-augmenter la puissance. » (page 6)

Ce que c’est tout de même que la conscience professionnelle…
« Les opérateurs débranchèrent la protection automatique qui doit arrêter le réacteur lorsque l’apport de vapeur vers la turbine est coupé. Ceci n’était pas prévu dans le programme, mais donnait aux opérateurs la possibilité de répéter le test en cas d’échec. » (page 6)

« Pas prévu dans le programme  »… à moins que le « programme  » n’ait pas été tout à fait celui qu’on pourrait penser… Quoi qu’il en soit :
« À 1 heure 23 minutes et 4 secondes, les opérateurs débranchèrent la turbine à vapeur. Les pompes de refroidissement du réacteur se mirent à l’arrêt. Toutefois, les opérateurs constatèrent que la puissance du réacteur était en train d’augmenter ! » (page 6)

Ainsi, très logiquement, pourrait-on dire…
« Des observateurs qui se trouvaient en dehors de la centrale entendirent deux explosions consécutives. Des matériaux enflammés furent projetés dans l’air et mirent le feu au bâtiment de la turbine. » (pages 6-7)

Ainsi après avoir vu les « principales causes de l’accident  » (l’Union soviétique, en bloc), nous aboutissons à des « causes de l’accident  » absolument sans aucun intérêt… puisqu’elles pourraient suffire à démontrer qu’il y a eu tout simplement un… sabotage !

En effet…
« Une première erreur fut de lever les barres de contrôle plus haut que ce que les procédures de la centrale n’autorisaient. Une seconde erreur grave fut de débrancher le système de protection automatique juste avant le test, en enfreignant les consignes relatives à l’exécution du test. » (page 7)

Tiens, tiens… il y avait pourtant (en Union soviétique !… incroyable !) des « procédures  » qui n’autorisaient pas, et des « consignes  » qu’il ne fallait pas enfreindre…

Et, passant à travers tout ceci, on ne ferait que commettre des « erreurs  »…

Le SCK-CEN est vraiment sympa… tellement qu’après avoir découvert deux erreurs, il oublie qu’après deux vient trois… et il nous en trouve une troisième qui n’est que… seconde…
« La seconde est liée à la réalisation de ce test par les seuls opérateurs, en l’absence de personnel dirigeant. » (page 7)

Un foutoir, je vous dis… L’Union soviétique, le KGB, etc… Et nos saboteurs ne savent véritablement pas ce qu’ils font, n’est-ce pas ?…
« Les opérateurs improvisèrent quelques mesures d’intervention dans le but probable de faciliter le test mais sans en mesurer les conséquences possibles. » (page 7)

Enfin, pas plus que le SCK-CEN ne sait compter jusqu’à trois, il ne peut bien sûr savoir compter non plus jusqu’à quatre… Il en reste à deux…
« La seconde cause de l’accident tient au concept du réacteur. Ce type de réacteur est fondamentalement différent de ceux utilisés dans le monde occidental. » (page 7)

Et là, nous assistons au triomphe de l’impérialisme conduit par les Anglo-Saxons, en face d’une Union soviétique coupable, elle, jusqu’à l’os.

Dernière petite précision :
« Après les explosions, un des opérateurs alla voir le réacteur. » (page 7)

En conséquence :
« Cet opérateur reçut une dose d’irradiation mortelle. » (page 7)

Serait-ce à dire que les autres opérateurs-saboteurs n’ont eu aucun compte à rendre à personne ?

La glasnost (libération de la parole…) n’avait-elle décidément rien dire à leur propos ?

(Pour une meilleure compréhension de l'ensemble de la problématique "Tchernobyl", je redonne le premier article ici.)


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5 réactions à cet article    


  • Alren Alren 3 juillet 2017 19:09

    Merci pour cette analyse.

    Le pire est que chez nous, des gens intelligents, cultivés, ne réalisent pas qu’ils baignent dans une propagande constante en faveur du capitalisme à bout de souffle qui n’a rien à envier à celle des ex-pays communistes qui était beaucoup plus visible et de ce fait moins efficace.

    Le capitalisme actuel est l’ennemi du plus grand nombre. Mais il faut que le grand nombre croie le contraire.
    Au lieu comme au XIXe siècle de promouvoir la vraie modernité qui était alors les chemins de fer, les usines sidérurgiques, les filatures, la navigation à vapeur, etc. et qui est maintenant un développement respectueux des capacités de la nature à se régénérer, il freine les innovations, renforce l’obsolescence programmée, les achats inutiles, le gaspillage, l’exploitation effrénée de ressources non renouvelables. Rien qui augmente le bonheur de vivre en fait.

    Et il met tout ses moyens à déconsidérer ses opposants par le pilonnage médiatique qu’il contrôle presque entièrement.
    Son plus beau coup est d’avoir fait entrer dans les esprits non réellement politisés que le Parti socialiste de Hollande et de l’immonde Valls était de « gauche », brouillant ainsi et pour longtemps l’image de ses véritables opposants, les amis du grand nombre.


    • rhea 1481971 3 juillet 2017 19:47
      • Les alarmes à Moronvilliers ont sonné et les ingénieurs ont dit à leur femmes
      •  d’acheter que des conserves pendant plusieurs jours. C’est le lieu ou était
      • essayé les amorces de bombes atomiques.

      • njama njama 4 juillet 2017 08:53

        @rhea 1481971

        Les essais nucléaires ont laissé 2,7 tonnes d’uranium sur le site de Moronvilliers, mais tout va bien, dormez tranquille chers citoyens ... 

        Le site ne pollue pas selon le ministère de la Vérité qui s’auto-controle et refuse toute autre contre-expertise de la société civile.
        Ne riez pas, la contre-expertise d’une simulation, ça devient un peu compliqué, non ?

        De plus, le CEA a également présenté « une étude par simulation de la migration, à long terme, de l’uranium présent sur les zones marquées du site vers la nappe phréatique. Les résultats montrent un impact à terme bien en deçà des limites de potabilité de l’OMS ».

        http://www.lunion.fr/20763/article/2017-03-15/le-site-d-experimentation-nucleaire-de-moronvilliers-marne-ne-pollue-pas-les

        à long terme, c’est juste logique,étant donné le niveau d’activité et durée de vie de l’uranium, du plutonium et d’autres radio-éléments

        Les infos de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la radioactivité)

        Site CEA-Dam de Moronvilliers près de Reims (Marne) :


      • JP94 4 juillet 2017 16:40

        J’ai discuté avec des ex-Soviétiques vivant en France, des Russes et des Ukrainiens. 


        Ils démentent et dénoncent totalement ce mythe du secret en URSS autour de Tchernobyl, propagé par les médias occidentaux. 

        Au contraire, ils estiment que la première chose à faire était d’éviter la panique, tandis qu’en Occident, l’outil de la peur et de la menace est une pratique idéologique récurrente. 

        Ils critiquent beaucoup Gorbatchev au passage ceci dit en ces termes pour rester poli.

        Ensuite pour eux l’important - qui est censuré ici - c’est l’attitude héroïque des liquidateurs ( non pas de l’URSS, mais de la Centrale !).
        Et donc, cette attitude de sacrifice personnel pour le bien de tous, fait par conviction - est à rapprocher de qui a caractérisé beaucoup de Soviétiques durant la 2de GM. C’est leur grande fierté.
        Ensuite ils ne voient dans l’attitude des Occidentaux aucune compassion pour le peuple soviétique mais une ingérence systématique dans ses affaires et une arrogance néocolonialiste qui mène à donner constamment des leçons aux autres, sans balayer devant sa porte.

        Au fond, dans cette affaire, ils en sont à considérer que les Occidentaux sont plus à blâmer que les autorités ukrainiennes soviétiques. 

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