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Accueil du site > Actualités > Economie > L’enseignement de l’économie au lycée en question

L’enseignement de l’économie au lycée en question

La démocratie exige le débat. Selon Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998, dans un petit ouvrage intitulé « La Démocratie des autres », « ... la lutte pour le modèle démocratique dans le monde entier : c’est, en fait, le plus grand défi de notre temps » et « en définitive, le concept fondamental d’une démocratie fondée sur la délibération est le concept de débat en soi. »

Les propos récents et répétés du ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, sur la réussite post-bac des bacheliers ES suscitent des débats sur l’enseignement de sciences économiques et sociales (SES). Les deux questions sont étroitement liées car cette discipline n’est enseignée en première et en terminale que dans la série ES. Les critiques formulées par Thibault Lanxade, président de l’association Positive entreprise, à propos du contenu des manuels de SES suscitent des réactions dans le corps des professeurs de la discipline. La mise en place de la Commission d’audit des manuels présidée par Roger Guesnerie au début du mois de février 2008 s’inscrit dans la logique des événements précédents.

En tant que professeur de sciences économiques et sociales, SES, je me sens pleinement concerné par ces critiques sur les SES et, notamment, sur la dimension économique de notre discipline. Mais je tiens absolument à écouter et à entendre les critiques diverses sans les rejeter a priori. Je ne veux surtout pas « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

Dans un état d’esprit tout à fait conforme à celui que je souhaite conférer aux deux blogs que j’ai créés, je voudrais que tous ceux qui souhaitent s’exprimer sur ce sujet pour alimenter le débat, de manière constructive, puissent le faire. A travers ces blogs et l’organisation de nombreuses conférences et de divers débats à Pontault-Combault (77340), je tente de participer à la diffusion de la « culture économique et sociale » dans le respect du pluralisme le plus étendu.

De facto, afin de faire avancer le débat sur la dimension économique de cet enseignement de sciences économiques et sociales, j’ai pris l’initiative d’organiser une série de débats sur l’enseignement de l’économie au lycée. Un colloque aura donc lieu lundi 21 avril 2008, dans la salle Médicis au palais du Luxembourg. Il sera intitulé : « Quel enseignement de l’économie au Lycée ? », « Vertus et infortunes des sciences économiques et sociales ».

Les invités seront : Jacques Attali, Jean-Paul Fitoussi Science-Po Paris et OFCE), Edmond Malinvaud (Collège de France et Insee-Crest), Michel Pébereau (BNP-Paribas, et Institut de l’entreprise), Pierre Richard (DEXIA), Jacques Le Cacheux (OFCE), Agnès Bénassy-Quéré (CEPII), Jean-Luc Gaffard (OFCE), Olivier Pastré (professeur à Paris-VIII et France culture), Louis Chauvel (OFCE), André Tiran (président de la Conférence des doyens des facultés de sciences économiques et de gestion), Jérôme Gautié (Paris 1 Panthéon Sorbonne), Étienne Wasmer (Sciences-Po Paris et OFCE), Guy Geoffroy (député et proviseur), Erik Izraelewicz (La Tribune), Guillaume Duval (Alternatives économiques), Jean-Marc Sylvestre (TF1), Pascal Le Merrer (ENS-LSH), Jean-Joseph Boillot (professeur SES et chercheur associé au CEPII), Alain Beitone (professeur de SES), Renaud Chartoire (professeur SES et Apses), Sylvain David (professeur de SES et Apses).

Tous les débats seront animés par David Mourey (professeur de SES), organisateur du colloque.

J’espère que ces débats et ceux qui suivront permettront de réconcilier les diverses parties prenantes sur les contenus et sur les méthodes à valoriser en matière d’enseignement de l’économie au lycée.

Un colloque pour débattre de l’enseignement de l’économie dans le cadre des SES sans aucun tabou

Plus spécifiquement, au cours de ce colloque, il conviendra de nous interroger sans aucun tabou sur l’enseignement de l’économie dans le cadre des SES au lycée, sur les contenus des programmes, sur les méthodes, sur les références universitaires, sur la question de l’entreprise...

La démocratie exige d’accepter d’aborder toutes les questions, même celles qui peuvent déranger les uns ou les autres. L’enseignement de « sciences économiques et sociales » au lycée est régulièrement l’objet de critiques diverses.

Ces critiques proviennent d’horizons multiples : universitaires, dirigeants d’entreprises, syndicalistes, dirigeants politiques, journalistes économiques... et même des professeurs de sciences économiques et sociales. Dans ces conditions, la seule voie de sortie crédible est celle du débat d’idées.

Une participation ouverte

Mes collègues, professeurs de SES, sont bien évidemment les premiers concernés par ces débats sur la série ES et sur les SES. Ils seront donc les bienvenus à ce colloque. Pour autant, dans une perspective d’ouverture, il ne me semble pas approprié de fermer la porte des discussions à tous ceux qui se sentent légitimement concernés par l’enseignement de l’économie au lycée. L’enseignement de l’économie au lycée ne concerne pas que les professeurs de SES. Le débat ne peut donc se limiter au milieu des professeurs de SES. Tous ceux qui veulent s’inscrire peuvent me laisser un message via ces blogs en joignant leurs coordonnées : Nom, Prénom, Profession, Mail, Lieu de travail, N° de tel éventuellement.

D’un colloque à... un autre

L’Apses, association des professeurs de sciences économiques et sociales à laquelle adhèrent environ 15 % des professeurs de SES (public et privé), a organisé en novembre un colloque sur la série ES. De nombreuses explications, remarques et réponses ont été apportées aux questions qui se posent. Mais trop de questions n’ont pas été abordées et le débat a encore de beaux jours devant lui. Je propose donc ce colloque pour alimenter un peu plus le moulin des discussions sur les SES. Il y a encore beaucoup de grain à moudre. Je souhaite que les conclusions de celui-ci soient constructives et complémentaires de celles qui ont été avancées lors du colloque organisé par mes collègues en novembre.

Mutatis mutandis, nous pourrions dessiner un meilleur avenir pour l’enseignement des SES en essayant, autant qu’il est possible de le faire, de satisfaire toutes les parties concernées. L’indécision est une décision qui engage l’avenir. En prenant la décision d’éluder certains questions pour des raisons supposées idéologiques, mes collègues de l’Apses prennent le risque de maintenir un statu quo qui met la discipline dans une situation de grande précarité.

Mercredi 16 janvier 2008, j’ai publié une tribune dans les pages « Débats et opinions » du quotidien Le Figaro. Le texte a été intitulé par la rédaction : « Existe-t-il une bonne méthode pour enseigner l’économie ? »

Dans quelques jours, j’annoncerai la liste des partenaires de l’événement. Liste pluraliste, comme il se doit et comme je le souhaitais.

Pour toutes informations consulter les blogs :

http://enseignementeconomie.blog.lemonde.fr/

« Démocratie, économie et société »

http://democratieetavenir.over-blog.com/



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10 réactions à cet article    


  • jako jako 10 mars 2008 11:00

    Interessante initiative même si je ne vois pas Bernard Marys dans les invités.


    • jako jako 10 mars 2008 11:01

      Maris pardon


    • Roland Verhille Roland Verhille 10 mars 2008 12:42

      Les difficultés ou défaillances de l’enseignement de l’économie dans les établissements d’enseignement secondaire ne sont que la conséquence des insuffisances ou des dévoiements des scientifiques de la discipline. Bien trop de dogmatisme inhibe le progès de ce type de connaissance. On s’y complait dans des discussions académiques, dans des disputes de chapelles, sans s’attacher à une humble observation méticuleuse, méthodique, scientifique, des faits économiques. Trop souvent, une série de faits isolés des autres est exploitée en vue de fonder une analyse à prétention scientifique.

      Les grands auteurs de l’économie ne pouvaient que s’en remettre à leurs facultés d’observation ponctuelle ainsi qu’à leur intelligence pour percer les mystères du fonctionnement des économies. Mais depuis un demi siècle, la matière première des analyses économiques s’est progressivement constituée et perfectionnée : les statistiques homogénéisées dans les comptabilités nationales. Hélas, les économistes se révèlent tout à fait inaptes à utiliser ces mines d’information. Certains d’entre eux ont mal inspiré les statisticiens ayant normalisé au plan mondial ces comptabilités. Les autres n’ont pas vu là où ces statisticiens se sont fourvoyés, au point de fausser les informations synthétiques fournies de manière rédhibitoire. Ils se trouvent ainsi incapables de corriger ces informations fausses en vue d’utiliser correctement les données de base présentées.

      A ce niveau de l’enseignement en établisements du secondaire, l’enseignement de l’économie ne peut se faire sans avoir d’abord familiarisé les élèves avec l’usage des chiffres et des nombres, puis avec la manière d’en maîtriser la gestion lorqu’ils sont innombrables dans un système de comptabilité, depuis huit siècles devenu système à partie double. En économie, les discussions du type littéraire sont devenues stériles, mais les excès du recours à la science des mathématiques sont aussi nuisibles.


      • xa 10 mars 2008 16:32

        "les statistiques homogénéisées dans les comptabilités nationales"

        D’ordinaire vous fustigez la comparaison entre les nations parce que ces statistiques ne sont pas fiables. Je suis perdu.

         

        Les statistiques de création/destruction d’emplois ne sont pas les mêmes entre pays, et dans un même pays, les critères peuvent variés (US par exemple). Idem pour les destructions d’emplois, les créations d’entreprise, le taux de survie à 1 an, à 5 ans, ...

        Parler d’homogénéïté dans ces conditions, surtout venant de vous qui nous rappelez sans cesse que les chiffres ne sont pas fiables ..........


      • gdm gdm 10 mars 2008 20:38

        @Roland Verhille

        Votre commentaire propose que des rudiments de comptabilité soient enseignés dans l’enseignement secondaire. L’essentiel de la comptabilité est de dire que le profit est la différence entre les recettes et les dépenses. Tout le reste est accessoire pour comprendre l’entreprise. Une fois que cela est compris, au chapitre suivant, le professeur pourra prudement ajouter le concept d’immobilisation pendant le temps de vie d’une machine.

        La complexité de la comptabilité tient à des exigences fiscales ainsi qu’a des exigences d’information aux actionnaires et aux tiers. Mais je doute que l’enseignement de la comptabilité serait utile à la compréhension de l’économie.

        Il existe un grand nombre de questions simples et élémentaires sur lesquelles la quasi-totalité des économistes universitaires sont d’accord. Il serait utile que ces connaissances élémentaires soient enseignées en sciences economiques au Lycée, voir au collège.

         

         


      • rackamlerouge 10 mars 2008 16:46

        Enseigner l’économie ?

        Vaste plaisanterie : Dès qu’un problème montre le bout de son nez, la seule chose sur laquelle les « spécialistes » sont d’accord, c’est qu’ils n’y comprennent rien.

        On ne forme pas des économistes dans les lycées : on y apprend à faire mumuse avec des chiffres en oubliant les hommes derrière et à être immoral quand on fait du commerce, la « cause » le valant bien.

        Enfin nos chers gouvernants se lamentent ; et pourquoi ? Parce que les manuels seraient marxistes !!! Moi je propose que l’école appuie le marché et que la propagande libérale du « c’est la seule solution » et du « pas le choix » soit inculquée dès le CP.

        Merci aux professeurs d’économie qui ont l’esprit critique.


        • Roland Verhille Roland Verhille 10 mars 2008 17:39

          À Léon et à xa

          Évitons les suppositions, comme les généralisations hasardeuses. Je ne prétends pas que toutes les statistiques présentées sont objectives. Je n’ignore pas que certaines statistiques, telle que celle du chômage, sont viciées à leur source (Responsable d’ANPE fournissant au Préfet les chiffres qu’il espère plutôt que ceux que lui-même a recensés). Je n’ignore pas que certaines statistiques sont dépourvues du sens qu’on leur donne (celle du taux des prélèvement obligatoires ; ou celle du chômage, compter le travail qui n’existe pas au moyen du nombre de ceux qui disent en chercher m’ayant toujours semblé être un curieux détour pour connaître celui qui existe comparativement à celui qui devrait exister eu égard à la population en âge de travailler).

          Les « effets externes » me semblent trop souvent fort marqués de subjectivité, et aussi peu aptes à être saisis par la statistique. Ceux invoqués sont le plus souvent des conséquences défavorables, je vois rarement des conséquences favorables parmi les effets externes faisant la une de l’information.

          Je ne prétends pas du tout que la juxtaposition de deux séries de chiffres impose leur explication, ou démêle les causes et les conséquences. Si vous lisiez mes commentaires, ce qu’il me semble que vous faites, vous verriez que je m’insurge contre cette pratique même venant d’économistes prétendument hommes de science. Utiliser des chiffres pour opérer un diagnostic suppose y avoir été formé.

          La statistique n’est objective que si elle compte sans se tromper des choses qui existent et sont accessibles à la perception humaine, assistée ou non. Bien comprises, ce qui n’est pas le cas, les comptabilités nationales comptent des choses qui existent : des euros, des dollars, etc. Ces monnaies étant l’objet même sur lequel s’applique l’activité des établissements financiers qui en fournissent le dénombrement aux comptables nationaux, on peut espérer que leur traitement « statistico-comptable » soit parmi les plus fiables. Autre chose est la manière que je critique de traiter ces informations chiffrées.

          Au total, ne pas former les futurs utilisateurs comme il le faudrait, ce sur quoi j’ai présenté mon commentaire, c’est les mettre hors d’état d’apprécier la qualité de l’information chiffrée fournie, et c’est provoquer leur manipulation.

           


          • Roland Verhille Roland Verhille 10 mars 2008 20:35

            à Léon,

            D’accord sur 1) à 4), sauf :

            3) sur l’indétermination, elle n’est que partielle. Les comptabilités nationales enregistrent ce qui est mesurable. Mais on ne connait pas quelle est sa part puisqu’on ne peut mesurer ce qui n’est pas déterminable. Ce n’est pas une raison pour mépriser la part connue, il y a de quoi mieux connaitre le fonctionnement économique du moment. 

            4) sauf à bien s’entendre sur le 4), à savoir :

            L’objet de l’activité économique est de produire les moyens matériels jugés par les gens eux-mêmes pouvoir contribuer à leur bien-être matériel tel qu’eux-mêmes le conçoivent. Ces moyens matériels ne sont pas du tout vus comme contribuant à eux seuls à leur bien-être, ni par eux, ni par moi.

            Je me suis insuffisamment expliqué si vous avez compris que je ne considère que les activités marchandes pour repérer ces moyens matériels. A aucun moment, je n’ai soutenu que les services non marchands sont pas nature à exclure de ces moyens. Je soutiens seulement que leur quantification en les termes monétaires des comptabilités nationales est comprise dans celle des des activités marchandes.

            Un esprit tel que le vôtre est certainement à même de comprendre ce distinguo même laconiquement exprimé, pourvu d’éviter d’aller au delà de ce que j’explique.

            Merci de me lire.

             


            • Roland Verhille Roland Verhille 11 mars 2008 12:32

              A Léon,

              Oui, vous semblez avoir la capacité de soutenir tout et son contraire, selon ce qui vous arrange, quitte à commettre des contresens, et en accablant vos contradicteurs d’appréciations péjoratives. Cessez de ronronner, vous n’êtes plus en salle de classe, et heureusement !

              Pas possible de soutenir que la quantification de la production des services publics comprend celle de tous les biens et services marchands. En 2006, la production brute non marchande des administrations publiques s’élève à 329 milliards €. Le PIB s’élève à 1.792 milliards €.

              Où est votre démonstration du fait que ce serait les activités non marchandes qui seraient créatrices initiales des richesses ?

              Où avez-vous vu que ces activités non marchandes seraient antérieures à celles marchandes ? Au paradis, oui. Aux temps préhistoriques où l’économie entendue au sens large était seulement domestique, familiale, oui. Mais il ne s’agissait pas de ce dont on parle, des activités non marchandes des services publics, vous mélangez tout. L’économie d’échanges à titre onéreux a débuté il y a au moins douze millénaires, au moment où elle était accessoire aux activités familiales (les céramiques retrouvées un peu partout à très grande distance de leurs lieux de production n’étaient pas distribuées gratuitement par un service public, l’état n’ayant pas existé avant 3.000 Av. J-.C !).

              Ce sont les états, et leurs services publics, qui ont été progressivement créés par l’humanité sortie de ses cavernes, au moins 10 millénaires après en être sortis, et non l’inverse.

              Manifestement, vous êtes brouillé avec au moins les chiffres, l’histoire, l’économie, et la raison. Vous êtes la démonstration du dévoiement de l’enseignement de l’économie. Allez, passez donc votre retraite à autre chose !


              • judel.66 11 mars 2008 13:16

                je nai pas lu tous les commentaires ...pardonnez moi ...

                 

                Leon il y a du vrai dans ce que dit au début Roland Verhille....en 2° ,1° et terminale il faudrait familiariser les eleves avec la comptabilité et le jargon moderne de sciences eco sinon en fac on débouche d’emblée sur un jargon ésotérique anglo saxon décourageant et parfois farfelu......

                 

                il ne faut pas oublier qu’a une certaine epoque pas si lointaine dans toutes les facs on riait des théories fumeuses d’Allais et c’est vrai qu’en bon Français il etait souvent obscur sinon incompréhensible ....a partir du moment où il a publié en anglais il a été prix nobel .......je continue pour ma part a le trouver tres tres tres ésotérique et détaché des réalités mais sur ce point , je ne suis plus dans le coup.....je suis maintenant dépassé......

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