Cbx

Pour l’instant mon vote s’orienterait plutôt vers Jean-Luc Melenchon. J’ai bien compris qu’aux yeux de bon nombres d’intervenants il n’était qu’un « rabatteur » pour le PS (ce dont je doute vu ses saillies fréquentes envers DSK), mais son discours reste néanmoins cohérent et aborde bon nombre des thèmes de cet article. Après il y a certaines de ses positions que n’approuve pas, notamment éxiber son triangle rouge sur un plateau de télé en mémoire des déportés communistes. Pour le coup je trouve la comparaison entre le FN de Marine Le Pen et le 3ème Reich clairement outrancière, et ça ne fait pas honneur à son discours. Cela dit je trouve que le personnage a le mérite de faire bouger les lignes (un peu comme Marine Le Pen d’ailleurs), notamment lorsqu’il dénonce l’oligarchie au pouvoir, et rien que pour ça il a mon soutient.

"Le front national ne peut atteindre la présidence, mais en méprisant les vrais problèmes qu’ils posent, il devient un véhicule de révolte et de mécontentement populaire..."

C’est également mon sentiment. Le FN répond à de vrais problèmes par de mauvaises solutions. Mais à force de refuser de voir ces problèmes, les élites politico-médiatiques offrent un monopole confortable à Marine Le Pen. Bien sur il y a d’autres candidats comme Jean-Luc Mélenchon ou Nicolas Dupont-Aignan qui abordent également ces thèmes, mais leur traitement dans les médias est à peine meilleur que celui du FN. Cela dit je ne désespère pas de voir des hommes (ou des femmes) de conviction réussir à attirer l’attention des électeurs avec des mesures cohérentes et équilibrées.

@ddacoudre : « la xénophobie naturelle que nous corrigeons par l’éducation ». C’est justement sur ce point que je suis en désaccord. On ne nait pas xénophobe (pas plus qu’on ne nait libre), on le devient au fil du temps. Pour moi il y a un rapport évident entre la montée de la xénophobie, la montée de la précarité et le vieillissement de la population. Sur ce point je rejoint plus l’analyse de cocasse, et c’est le sens de mon billet : la présentation idéologiquement orientée et moralisatrice des médias pousse bien plus vers l’extrémisme qu’une soit disant « xénophobie naturelle ».

Bonjour ddacoudre,

Je partage votre constat concernant la défiance des Français, par contre je suis assez mal à l’aise avec l’idée d’une « montée du fascisme ». A entendre bon nombres d’intellectuels, le Français serait par nature autoritariste et xénophobe, et la mission divine de nos élites serait de veiller au grain pour éviter que le naturel ne revienne au galop. En entendant ce discours, qui dit en substance qu’en chaque Français sommeille un nazi qui s’ignore, j’ai vraiment l’impression que la période du régime de Vichy n’a toujours pas été digérée. Et je pense que c’est l’erreur grave que commettent bon nombre d’intellectuels de gauche : ce n’est pas une crise du peuple qui mène au fascisme, c’est un crise des élites.

Est-ce que les gens votent le Pen parce qu’ils nourrissent une haine viscérale des arabes et qu’ils cherchent un « guide suprême » ? Pour la majorité surement pas. Par contre est-ce qu’ils votent FN parce que leur vie de tous les jours est de plus en plus difficile, et qu’ils ont l’impression d’avoir épuisé toutes les solutions possibles ? Je penses.

En 1973 il y a eu le premier choc pétrolier, suivit en 1974 par l’élection de Giscard, dont la loi sur la création monétaire a amorcé le déclin de l’état Français. La lente montée du chomage a commencé. Puis en 1981 est élu Mitterand, premier homme de gauche à arriver au pouvoir et porteur d’un grand espoir. Il a certes apportés des améliorations notable comme la retraite à 60 ans et l’abolition de la peine de mort. Mais en 1982, suite aux conséquences du deuxième choc pétrolier, il change complètement de cap et adopte une approche plus libérale. Il amorce la création de l’Europe telle que nous la connaissons maintenant. Le chômage et l’endettement continuent de monter... Puis de 1995 à 2007 il y a eu la « parenthèse Chirac », qui n’a rien fait de bien (à part le refus d’aller en Irak), mais n’a rien fait de mal non plus. Puis en 2007 la solution arrive enfin : Sarkozy ! Le sauveur de la France qui va enfin se retrousser les manches et aller chercher la croissance avec les dents. La déception est celle que l’on connais, et la France est au plus mal.

La gauche n’a pas résolu le problème, la droite non plus, et la situation ne fait qu’empirer. Que reste-t-il comme choix ? Alors non les Français ne sont pas des nazillons introvertis, ils sont juste désespérés.

Ça signifie juste une chose : on est d’accord sur les problèmes, mais pas sur les solutions. Et ça tombe bien c’était justement le but de cet article ! Je pense qu’une majorité des Français sont en phase avec les problèmes que j’ai cité dans l’article, et il se trouve qu’une des seules personnalités politique à les dénoncer est Marine Le Pen. Est-ce que le peuple est pour autant en phase avec les solutions du FN ? Pas sur... En tout cas ce n’est pas mon cas.

Quand au fait de dire « je ne sais pas », le but de l’article n’est pas d’imposer mon point de vue (qui est relégué à la fin), mais de faire réfléchir et de provoquer le débat. Et visiblement ça marche pas trop mal  !