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Commentaire de Eve

sur La bipolarité répond-elle à une structure mentale de la pensée occidentale ?


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Eve 16 avril 2008 13:55

Emile Jalley (2006) "Wallon et Piaget" (souligné et gras par moi) :

Pg 207 :

Wallon (1945) a décrit, chez l’enfant de 2 à 9 ans, un mode primitif de fonctionnement intellectuel qu’il a qualifié comme pensée binaire, ou encore pensée par couples.

Ces couples consistent en paires de représentations associées selon des types variés de rapport, en particulier d’équivalence, et aussi de contraste. Le couple est la molécule initiale de la pensée. Il consiste dans l’intuition d’une dualité, mais encore posée dans l’unité. Il procède aussi bien de l’assimiliation que de l’opposition. Le rapport différentiel entre les deux membres du couple est dynamique. (...)

Dans sa perspective propre, Piaget (1968) a également décrit, au cours de la période préopératoire du développement intellectuel, de 5 ans et demi à 7 ans environ, un mode de structuration binaire propre à la pensée enfantine, qu’il a appelé fonction constituante (...)

Pg 208 :

D’après Wallon, la pensée par couple caractérise non seulement la pensée enfantine, mais encore toutes les formes régressives et archaïques de pensée. Malgré la dynamique interne qui s’établit entre les deux pôles, le couple fonctionne à l’origine comme une sorte de monade sémantique fermée sur soi. A partir d’un certain âge, dès 7 ou 8 ans, l’insertion d’un troisième terme intermédiaire disjoint les deux pôles du couple et introduit la pensée de relation. Wallon appelle "série" cette nouvelle formule cognitive qui provoque le "dépassement du couple"

Pas de quoi être fier, isn’t it ?

Un deuxième point (il y en a d’autres évidemment mais ce serait plus long) : à partir de "l’instinct de conservation" autrement dit de survie qui consiste plus ou moins inconsciemment (c’est pratique et de confort) à préserver en l’état une situation insatisfaisante mais plus rassurante que l’incertitude du lendemain nécessitant de réfléchir maintenant (tous les prétextes sont bons pour ne pas le faire), de prendre des décisions (difficile pour deux voire trois générations de cocoonés). Exit l’instinct social et donc le souci de l’autre malgré toute l’utilisation qu’en font nos politiques au travers de leur médiatico-empathie que toute personne un peu soucieuse d’objectivité débusquera : faire monter la peur, l’angoisse et donc toujours plus l’instinct de conservation, de repli sur soi. Tout cela largement décrit en psychologie et en philosophie sauf chez les squatteurs de plateaux de teve-radio : entre gens consensuels se croisant tant sur ces plateaux que dans les dîners mondains, il est plutôt de mise de s’inter-congratuler sur leur dernier produit à fourguer au peuple. Idem pour bon nombre de représentants de la presse.

Toute "bête" politique sait instinctivement elle aussi jusqu’où elle peut tirer sur la corde, du moins si elle n’est pas elle-même "entamée" psychologiquement, ce qui n’est pas gagné avec nos élus très instinctivement attachés à leur soupe personnelle : nous avons quelques exemples d’élus au plus haut niveau. Le citoyen s’est berné* en imaginant qu’il ne serait pas concerné tôt ou tard par les discours binaires servis sans relâche, ce n’est pas faute pourtant d’avoir tous au moins une expérience dans notre quotidien avec un vendeur de camelote.

* Il est toujours utile de rappeler à quel point le langage politique s’appauvrit (plusieurs bouquins sortis récemment) au travers de slogans pouvant être compris dans n’importe quel sens ; l’acheteur (par son vote) de slogan libère les passions de "l’âme humaine" (décrites depuis des siècles), les siennes, que je résume de la manière binaire par laquelle elle se traduit très régulièrement (on en trouve à tous les coins de forums) : "chouette, je vais y trouver mon compte" ou "chouette, terminons-en avec vos privilèges". 

Je ne peux que renvoyer une fois de plus à La Boétie et la servitude volontaire...

Le bipartisme n’arrange rien sauf pour ceux qui n’ont aucun vision de l’avenir, ceux qui disent "je suis le bien, eux sont le mal" (c’est donc bien du binaire) et ne voient aucun inconvénient aussi longtemps qu’ils sont au pouvoir à ce qu’une bonne part des électeurs votent par défaut ou s’abstiennent. Ce qui me ramène à mon point de départ.

Une remarque quand même : dans nos démocraties, la "droite" est de plus en droite, faudra-t-il que la "gauche" se radicalise aussi ? Deux extrémistes qui s’opposent, ça donne quoi ? Soit une entente cordiale pour mater l’entre-deux car soyons réalistes : les procédés peuvent être les différents mais les résultats sont les mêmes, soit c’est l’entre-deux qui met tout ce petit monde au pas, c’est plus long, plus difficile puisqu’il ne s’agit pas de tomber dans les mêmes travers mais possible : plusieurs démocraties voisines le démontrent. UMP et PS ont tout intérêt à ne pas le voir.


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