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Commentaire de fishlord

sur Justice privée, police privée : rêvons un peu


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fishlord (---.---.98.26) 29 septembre 2006 14:28

@ Jesrad :

C’est très étonnant ce que vous racontez, ô éminent prêcheur de l’holocauste étatique. La haine de l’état suinte par tous vous pores. On dirait que c’est un virus mortel (que tous les peuples de la planète ont adopté, malheureusement pour vous) que cette forme étatique d’organisation de la société. Dites-moi : vous a-t-on agité un chiffon rouge dans votre berceau, avec marqué « Etat » dessus ? Avant de répondre un peu plus précisément à vos indignations, je voudrais vous préciser que de tous temps, dans toutes les civilisations, il a existé une « oscillation » entre ouverture économique et protection des marchés. C’est une loi économique qui existe depuis l’aube des temps historiques, avec la création de l’Etat (justement).

Or, depuis la deuxième moitié du XXe siècle, il est vrai, qu’il existe un courant économique qui prône à mots cachés, la destruction de l’Etat. C’est l’idée géniale, que pour qu’une balançoire fonctionne mieux, il faut en scier une des deux parties. Je ne sais pas si ces gens croient vraiment ce qu’ils racontent. Force est de constater que l’Etat existe partout, et que le protectionnisme revient en force partout, car le cycle de Doha l’illustre, plus personne n’arrive à s’entendre sur ce qu’il faut libéraliser de plus.

En effet, les merveilles promises ne sont pas arrivées, et, si certaines classes sociales ont pu tirer leur épingle du jeu (je ne le nie pas), dans tous les pays du monde sans aucune exception, la plus grande ouverture au marché, et la réduction corollaire du rôle de l’état, s’est traduite par une hausse des inégalités économiques et sociales, donc une grande hausse des coûts futurs des problèmes économiques, sociaux et environnementaux à traiter...par qui ?

Qui le fera ?... L’Etat, tout simplement car les entreprises n’ont aucune envie de payer la facture de la conséquence de leurs productions.

Même les plus grands pourfendeurs de l’Etat, dont vous admirez sûrement la production littéraire, s’arrangent très bien de son existence pour payer (de moins en moins bien, d’ailleurs !) les pots cassés. Je voudrais vous indiquer que même l’OCDE, une des institutions garantes de l(orthodoxie libérale, commence à infléchir ses positions par rapport à l’Etat et aux services publics.

Il y a notamment :

Les pays de l’OCDE réfléchissent aux moyens de renforcer la confiance des citoyens dans les pouvoirs publics 16-nov.-2005

L’article, comme toujours, n’indique pas grand chose de fondamental ; à moins d’intervenir directement sur la pensée des citoyens par une injection quelconque, je vois mal d’autre issue que celle qui consiste à faire en sorte que les pouvoirs publics assurent réellement les services que les citoyens attendent de lui ; ça passe rarement par une réduction des missions et des moyens : on n’augmente pas la confiance comme ça.

nombre croissant de pays de l’OCDE privilégie l’éducation de la petite enfance, clé de la réussite scolaire 19-sept.-2006

Autre rapport, avec notamment la phrase honnie pour les archéo-libéraux :

« Les pouvoirs publics doivent investir... »

Ciel ! Quel changement !

Il y a seulement dix ans de cela, dans une phrase devenue célèbre, cette même OCDE disait :

Rappel : « Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. Cela se fait au coup par coup, dans une école et non dans un établissement voisin, de telle sorte qu’on évite un mécontentement général de la population . » Cahier de politique économique" n°13 de l’OCDE, 1996 (page 30)

A croire qu’ils ont changé d’avis....

Voilà un autre rapport dément :

faible niveau de formation demeure pénalisant dans de nombreux pays de l’OCDE (Français) Voir le résumé 12-sept.-2006

disant, entre autres :

· « Le financement public de l’éducation demeure une priorité sociale, même dans les pays de l’OCDE où l’Etat intervient relativement peu dans d’autres domaines »

Quand à l’agriculture, ce rapport ici insiste sur le déséquilibre de la PAC :

Le soutien accordé aux agriculteurs dans les pays de l’OCDE s’élevait à 225 milliards d’euros en 2005 21-juin-2006

« Les exploitations les plus grandes reçoivent l’essentiel du soutien et d’importants transferts parviennent à des agents auxquels ils n’étaient pas destinés, comme les fournisseurs ou les propriétaires terriens non exploitants. Les politiques visant à améliorer l’environnement ne donnent souvent pas de résultat car elles servent principalement à compenser les pressions sur les ressources naturelles des subventions qui stimulent la production. Il est plus efficace d’encourager le développement rural à l’aide des mesures renforçant, par exemple, l’investissement dans les infrastructures, l’éducation et les services sociaux. »

Enfin, c’est encore aux gouvernements qu’il incombe de se préparer à payer les pots cassés : (Eh, oui, messieurs les libéraux : le fonctionnement actuel de l’état, quoique vous en puissiez en dire, ça vous arrange tellement : )

Selon l’OCDE, les gouvernements doivent mieux se préparer aux catastrophes (Français) Voir le résumé 08-sept.-2006

Je cite :

« Dans une économie mondialisée, l’effet d’entraînement des catastrophes dépasse les répercussions économiques et sociales directes sur les pays sinistrés. Parallèlement, des catastrophes de plus en plus graves, tant naturelles que techniques, se sont produites ces dernières années à un rythme beaucoup plus soutenu qu’auparavant. La tendance est à une vulnérabilité et une exposition accrues qui augmentent l’ampleur des dommages. »

« dans une économie mondialisée, l’effet d’entraînement des catastrophes... »...ah, bon ! on subodore que cela pourrait avoir un lien avec l’économie mondialisée, alors ? Sinon, comment comprendre cette phrase ?

Ici, c’est le non-respect grandissant pour les lois fiscales, dans tous les pays (et non la fisclité elle-même) qui est dite source de chaos :

Les administrateurs fiscaux de l’OCDE s’unissent pour lutter contre le non-respect des lois fiscales

Question : Comment faire respecter des lois fiscales publiques ? Par des entreprises privées ? Auront-elles toutes la même définition du respect des lois fiscales ? non. Leur réponse sera-t-elle fonction de leurs intérêts ? Oui. Cela va-t-il entraîner plus de chaos ? Oui.

Cela dit, vous pourrez trouver dans les documents de l’OCDE toutes sortes de rapports soutenant les inflexions libérales (sans jamais trop se pencher sur les résultats toutefois). Je voudrais juste pointer qu’ils commencent à comprendre qu’il faut un peu modifier leurs ornières.

Maintenant, je voudrais répondre à vos élucubrations :

Vous dites :

« Les quotas d’importation imposés en France ont tué plein de petites entreprises du secteurs, parce qu’ils ne pouvaient plus se faire livrer : la faute à l’état et au protectionnisme. Vous passez allégrement à côté des milliers d’emplois créés en Chine, mais ça, on s’en fout, pas vrai ? Que des chinois puissent se tirer des rizières misérables pour aller bosser en ville et envoyer leurs gamins à l’école, on s’en fiche, on veut garder nos usines fraôançaises et payer nos vêtements plus chers... »

Ayez la plus minime correction de ne pas me prêter des pensées que je n’ai absolument pas. Votre vision du monde poujadiste et misérabiliste n’appartient qu’à vous : il faut arrêter de la projeter sur ce que pense autrui. Vos déclarations sur les rizières misérables vous concernent intégralement. S’il n’en tenait qu’à moi, je souhaiterais que ces gens puissent vivre dignement de leur agriculture en ayant la possession de leur terre, et qu’ils ne soient pas contraints pour survivre, d’aller s’entasser dans les grandes villes pour des petits jobs mal payés et surexploités. Au-delà de tous les fantasmes que vous pouvez projeter, la réalité est celle-là : Ils n’ont généralement pas d’autre choix pour survivre. Si cette société-là, celle du non-choix, vous ravit, assumez-le. Sachez que rien n’empêche dans les campagnes misérables que vous imaginez, que l’on crée des écoles si jamais on essaie de réfléchir un tant soit peu aux nécessités d’un service public. Donc, je ne me fiche pas du sort des chinois.

Néanmoins, vous oubliez quand ça vous chante, que le principe de la concurrence de votre société de rêve, fait qu’ entre des ouvriers en Chine et d’autres en France qui produiraient la même chose, en économie ouverte et en fonction des spécificités de chaque pays, un des deux groupes finit par emporter tout le marché. Si votre cœur balance plutôt vers la Chine, postulez donc pour le Ministère du travail chinois, je vous soutiendrai. Mais la concurrence implique donc un choix. Si les gens qui préfèrent garder les industries en France, quitte à éventuellement payer les produits un peu plus cher, ne vous inspirent que cette stupide et méprisante raillerie, je vous retourne votre argument bidon : et votre souci des français ? voulez-vous les renvoyer dans des campagnes misérables ? Vos arguments sont mesquins et projettent leur poujadisme sur autrui, quand je ne fais que réfléchir aux moyens de protéger l’emploi en France. Pas vous. Partez en Chine, vous ferez vos dégâts là-bas.

De plus, votre raisonnement est atterrant. Oui, je peux et je veux bien, dans la mesure du raisonnable, payer plus cher des produits fabriqués en France, parce que si je ne le fais pas, vous le savez aussi bien que moi mais visiblement cette information se situe dans une autre part de votre cerveau et les connexions ne se font pas, mon pays (et donc moi !), va devoir payer une dette sociale de plus en plus élevée. Le coût du temps qu’il faudra pour reclasser (si l’on y arrive !), ou des indemnités qu’il faudra payer (pour qu’ils puissent avoir un minimum de revenu décent) des gens dont on a détruit le secteur d’activité est largement, très largement supérieur au coût du maintien d’une activité concurrencée. Alors, bien entendu, des secteurs subventionnés ne devraient pas être maintenus trop longtemps et la réflexion sur le reclassement d’une branche s’impose, à terme. Mais pas sans plan, sans réflexion à long terme, ce qui signifie la plupart du temps intervention de l’Etat car les entreprises privées ont autre chose à faire.

Votre raisonnement primaire de jeter le bébé avec l’eau du bain est un raisonnement idéal pour une faillite rapide. C’es de cette façon qu’on augmente mécaniquement et sûrement la dette publique de l’Etat, que vous ne manquerez pas de dénoncer par ailleurs, je présume.

Autre de vos citations poujadistes :

« Et qui le leur vole, leur salaire ? Encore l’état et ses impôts qui engloutissent en moyenne la moitié environ du pouvoir d’achat des Français. »

Faut-il encore commenter ? Je suis sûr que vous avez une réponse miracle pour toutes les questions abordées ci-dessus et qui demandent des moyens. Une baguette magique libérale ? Abordons le domaine de la pharmacie :

« Et qui fixe les prix ? Les quotas ? Le nombre de médecins ? Le montant de leurs indemnités et honoraires ? La durée d’application des brevets sur les médicaments ? Délivre les autorisations de vente ? Encore l’état ! » Mais c’est bien ce que je vous disais. Si vous n’étiez pas obnubilé par votre haine anti-étatique vous comprendriez que le fonctionnement de l’Etat n’est certainement pas idéal, voire paradoxal, mais ce n’est pas une raison de le mettre à mort. D’autant, qu’en l’occurrence, l’Etat ne gagne rien dans la promotion de la pharmacopée. Je crois que sur ce domaine vous n’avez pas bien compris que les boîtes privées ne se font pas étrangler par ce système de collaboration avec l’Etat, mais qu’au contraire, elles y gagnent des montagnes de sous. Alors vous voulez quoi ? L’auto-médication généralisée ? Chacun pour soi ?

Quand à ma réflexion sur l’obésité qui était : La montée en flèche de l’obésité est la parfaite traduction de la montée en puissance du privé sur ce domaine. On fait globalement manger aux gens plus de graisses et de sucres, faciles à synthétiser, alors que de bons fruits et légumes ne peuvent être produits en masse. Vous avez répondu : « Là, c’est vraiment n’importe quoi. Le libéralisme rend obèse ! J’aurai tout entendu ! Demandez-vous plutôt pourquoi les « bons fruits et légumes » sont si chers en France : c’est parce qu’on protège nos chers (très chers) agriculteurs à coup de protectionnisme et de subventions à l’export, comme ça les paysans du tiers-monde ne peuvent pas vendre chez nous leurs bons fruits et légumes à eux, et ils crèvent, pendant que Chirac va défendre la PAC qui les étouffe à Bruxelles. »

Alors, là, c’est le saut du coq à l’âne. Ce serait la faute aux fruits et légumes chers. Il n’y a pas le moindre début de logique dans vos propos. Avant que l’on soit concurrencés par le tiers monde, les fruits et légumes avaient un prix. Leur production et distribution se faisant toujours de la même manière, en France, il n’y a aucune raison que les prix montent ; la concurrence avec le tiers-monde n’a aucune raison de faire monter le prix. Le protectionnisme et encore moins les subventions à l’exportation ne font monter les prix, c’est absolument ridicule. Si l’Etat subventionne les agriculteurs quand ils exportent, ça ne fait pas augmenter les prix sur le marché en France, c’est idiot , réfléchissez un peu à ce que vous dites ! Et puis ça m’étonnerait que les fruits et légumes français soient une grande denrée d’exportation...à moins que votre raisonnement ne soit qu’il n’y en a pas assez en France, et que donc, par raréfaction, les prix montent ! Mais donc, il faudrait que nos producteurs vendent plus en France, et les prix baisseraient !

Trêve de plaisanterie. Savez-vous ce que s’empochent les différents réseaux de distribution dans les fruits et légumes en France ? Si vous constatez que les prix augmentent, allez acheter à la ferme, vous verrez, vous ferez des économies et lutterez contre l’obésité, tout en continuant à faire vivre les paysans français...à moins que vous ne méprisiez les paysans « françoiais » et que vous vouliez sauver de votre attitude éclairée le producteurs de fraises espagnoles menacés de rester dans leurs champs misérables...(eh oui, l’alimentaire en France ne vient que très très rarement des pays pauvres....). Pour finir, vous ne me ferez pas envier les braves légumes « pas chers » qui sauveraient l’agriculture du tiers-monde. Je ne pense pas qu’un fruit ou légume ramassé pas mûr, qui a fini de perdre ses éléments nutritifs dans tous les containers du monde, et traité anti-bestioles et coloré pour avoir l’air neuf, est intéressant à manger. Faire venir de la nourriture de l’autre côté du monde, quand c’est quelque chose d’original, c’est intéressant, mais comme pour tout, il y a des limites. Moi, je mange local, frais, bio, et quand je veux aider les paysans turcs ou Tunisiens, c’est aussi des produits bio avec moins d’intermédiaires qui s’en mettent plein les fouilles pour de mauvais produits. Vous savez quoi ? Oui, ça coûte un peu plus cher, mais je mange un peu moins (ça ne me fait pas de mal), je gaspille moins et je fais certainement vivre plus de personnes à la marge que dans l’agro-alimentaire de masse. En France et ailleurs. Et je suis prêt à accepter ce surcoût. Je n’oblige personne à faire mes choix. Mais je ne mérite aucun mépris pour les miens. Je ne sais pas quel est votre système de vie. Mais n’allez pas me dire que manger des légumes et des fruits c’est trop cher. C’est encore beaucoup moins cher que toute la junk-food, comparativement à ce que ça nourrit. Seulement, ça prend du temps à choisir et cuisiner. Quand à la PAC, le lien ci-dessus devrait vous faire comprendre que la plupart des agriculteurs (mais pas la FNSEA, nuance !), ne bénéficient pas de subventions qui sont indexée sur la quantité produite. C’est la prime à la logique de masse, qui bénéficie à une minorité de grands propriétaires terriens. Encore un cas classique de détournement des intentions de l’Etat au profit de minorités aisées qui par ailleurs, votent probablement (c’est une hypothèse, seulement) comme vous. Quand à moi, vous imaginez bien que le bio n’est aucunement subventionné. Encore un de vos commentaires :

« La faute à qui, si la justice française est embourbée et manque d’air ? Qui est sensé faire respecter la loi pour tous mais s’en fiche comme d’une guigne ? Qui lui met des bâtons dans les pattes en l’encombrant de procédures compliquées, de piles de décrets et d’arrêtés à faire respecter ? Encore l’état ! »

Ceux qui essaient de faire respecter la loi ne s’en fichent pas comme d’une guigne, et ils s’appellent les magistrats. Ils sont censés faire respecter la loi, certes, et la loi est appliquée par des décrets et des arrêtés monsieur. Si ils ne vous plaisent pas (à moi non plus, bien souvent), c’est la faute de ceux qui les édictent, et non des magistrats, ni de l’existence de la justice. Sans justice, vous seriez content : plus de lois, plus d’arrêtés ! Un lien ci-dessus de ‘OCDE sur le non-respect croissant des lois par les enterprises, dans le monde entier devrait pourtant vous alarmer. Par ailleurs, ils ont besoin de « moyens ! » (et ça veut pas dire que des sous !) car nous sommes, en France , largement à la traîne. Non, ils ne passent pas leur temps à se gratter le ventre en rigolant des contribuables. Non, monsieur, ils font leur métier dans des conditions de plus en plus difficiles, comme les policiers.

Je voudrais conclure en vous demandant de bien vouloir essayer de comprendre qu’il ne sert à rien de se figer dans une vision complètement orientée de l’Etat comme étant le « mal absolu ». L’économie est beaucoup trop complexe pour voir une solution dans des raisonnements aussi simplistes.


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