Kerjean
J’aurais bien voulu vous y voir, après la guerre, faisant le partage des bons et des salauds !
La justice a ce niveau de crime, ne peut être que symbolique, si l’on ne veut pas repartir de nouveau pour quatre ans.
Quand
aux criminels de guerre, je leur souhaite bonne chance, ceci dit en
plaisantant, si l’on peut plaisanter sur un sujet pareil. Mais à part
des monstres notoires, il est bien difficile de s’affranchir de son
passé.
« Qui sème le vent récolte la tempête ! »
Travaillant dans le
soin psy, j’ai eu affaire il y a une vingtaine d’années à un ancien
d’Algérie qui a craqué devant un interne algérien, avant de s’enfoncer un
peu plus dans la maladie et la mort.. Les exactions qu’il avait commis
là bas l’avaient rattrapé, après une longue période de mise à l’écart,
et de vie tout à fait normale, de bon père de famille..
Cette histoire est loin d’être
unique. Rançon de toutes les guerres, que l’on dit justes et nécessaires
quand on les fait, et qui déresponsabilise les acteurs, croyant s’en
tirer à bon compte, au nom d’une mission ordonnée.
Au nom de la
justice, il serait vain et illusoire de se transformer à son tour en
bourreau.
C’est en tout cas ce qu’explique ce relatif silence, après
guerre.
Les gens n’avaient tout simplement plus envie de remettre ça :
Revanche après revanche, vous voilà au bord de la tombe collective.
Bien
sûr je ne prône pas l’amnésie, mais un lent travail de réparation,et
n’instruirais surement pas le procès de ces gens qui ayant connu tant
d’horreurs, n’avaient plus qu’une seule envie : Oublier pour pouvoir
enfin vivre.