La Grèce se révolte contre le plan d’austérité.
Six ministres du gouvernement ont remis leur démission, vendredi, alors
que le chaos régnait à Athènes. Prévu dimanche, le vote du Parlement sur le
plan d’austérité est compromis. Les marchés perdent confiance.
Les Grecs sont en colère. Plus rien ne les arrête. Armés de banderoles,
de haut-parleurs et de drapeaux, des milliers de Grecs se sont rassemblés place
Syntagma, face au Parlement. Fini le temps des quolibets moqueurs, des
étudiants aux retraités, tous vocifèrent :« kleftes, kleftes ! » (voleurs,
voleurs !). Ils menacent directement leurs députés, appelés à se prononcer,
dimanche, sur l’adoption des nouvelles mesures d’austérité exigées par les
créanciers du pays.
Au lieu d’une simple formalité, le vote au Parlement est plus incertain
que jamais. Le déblocage des 130 milliards d’euros par l’Union européenne et le
Fonds monétaire international en dépend pourtant. Mais c’est justement là que
le bât blesse. « Ils ne peuvent pas voter notre mort. Sauver la Grèce pour tuer
les Grecs avec des salaires de misère ! »,scande Katerina, une fonctionnaire de
55 ans, avant d’appeler à la résistance. « Ces politiciens sont responsables de
la dette, pas nous. C’est du chantage, on nous manipule. Ils sont à mettre dans
le même sac que la troïka ! », renchérit-elle.
Dans cette atmosphère très tendue, les représentants de l’UE et du FMI
sont devenus la cible privilégiée des manifestants, mais aussi celle de la
police. Le syndicat des policiers grecs a lancé un mandat d’arrêt contre la
troïka pour motif de « destruction de la cohésion sociale ».
Sous pression de la rue et des partis, les ministres du gouvernement
Papademos donnent leur démission les uns après les autres. Après le départ de
Giannis Koutsoukos, le vice-ministre du Travail, qui considère que le plan de
rigueur est « insoutenable pour les travailleurs », les partis politiques sont en
ébullition. Le leader du LAOS, parti d’extrême droite, a retiré son soutien à
la coalition nationale. Ses quatre ministres, dont le ministre de la Défense,
ont immédiatement démissionné du gouvernement. Le chef du gouvernement tentait
en vain de les retenir.
Babis Papadimitriou, analyste politique, réfute les rumeurs d’un coup
d’État colportées par certains diplomates occidentaux en poste à Athènes, tout
en reconnaissant une crise du système. « Le problème politique en Grèce est
plombé par deux aspects. D’abord les politiques réalisent que cette fois-ci,
ils devront véritablement appliquer les réformes, ensuite dépendants des
prochaines élections législatives prévues avant l’été, ils ne veulent pas
endosser le coût politique de la rigueur », explique-t-il.
Aujourd’hui les partis conservateur et socialiste réunissent leurs
comités de direction pour décider de leur position pour le vote de dimanche.
Tous les syndicats du pays et les Indignés appellent à un rassemblement au
moment du vote, ce même jour.
Les capitales européennes sont inquiètes. Leur ultimatum lancé à
l’Eurogroupe de jeudi soir a plongé la Grèce dans un chaos à l’issue
incertaine.
« Laisser la Grèce dans une situation de défaut aurait des conséquences
incalculables », a mis en garde Angela Merkel, jeudi, devant les députés du
Bundestag, appelés à voter sur le second plan de sauvetage de la Grèce le 27
février.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/02/10/20002-20120210ARTFIG00673-la-grece-se-revolte-contre-le-plan-d-austerite.php