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Commentaire de christophe78

sur L'étrange relation entre Mohamed Merah et Bernard Squarcini


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christophe78 25 mars 2012 12:59
L’effrayant testament de Mohamed Merah

Pendant plusieurs heures, le jeune homme s’est livré à une longue confession à mi-chemin entre les aveux et la provocation. Un récit parfois insoutenable…

Une sorte de confession. Des aveux, pour les policiers. Un testament, pour Mohamed Merah, qui savait dès le début qu’il ferait tout pour avoir "l’honneur de mourir les armes à la main en moudjhadine". Pendant plusieurs heures, dans la journée de mercredi, le jeune djihadiste a longuement parlé aux négociateurs du Raid, et à la policière de la DCRI qui l’avait « traité » lors de son retour du Pakistan et dont il avait demandé la présence. « J’allais te fumer », a-t-il d’ailleurs avoué à cette jeune femme, aujourd’hui très « secouée ». Samedi matin, lors de la réunion de débriefing qui s’est tenue à l’Élysée, en présence du directeur général de la police nationale, des patrons de la DCRI et de la DGSE, du ministre de l’Intérieur et du garde des Sceaux, il a longuement été question de ces confessions, enregistrées de bout en bout, et de l’enquête qui commence pour tenter de comprendre le "cas Merah« . »C’est un parcours atypique, jamais vu… Il ne ressemble à aucun schéma existant jusque-là", confie le patron du contre-espionnage, Bernard Squarcini. Retour sur ces « aveux », ce qu’ils disent du jeune homme, ses capacités de manipulation, sa détermination, sa folie meurtrière et ses zones d’ombre.

Ses motivations

C’est la partie connue de ces longs échanges. "Il est fier d’avoir mis la France à genoux« , a annoncé Claude Guéant le premier matin. »Il n’a exprimé aucun regret. Dans son récit, Mohamed Merah cherche à se donner le beau rôle. Il a un besoin narcissique de se mettre en valeur", confie un enquêteur. D’entrée, sur la base de ce dialogue qui se noue, les négociateurs n’optent pas pour un comportement « suicidaire », et pensent qu’ils ont de bonnes chances d’obtenir la reddition du jeune homme, qui leur promet de se rendre. En fait, Merah n’en a jamais eu l’intention. Après trois à quatre heures d’une logorrhée ininterrompue, les échanges s’espaceront, se feront plus brefs, sous prétexte de prières, notamment, avant de cesser complètement à 22h45. L’homme en a profité pour se reposer, « recharger les accus », se préparer au combat. C’est ce qu’il dira clairement aux hommes du Raid avant de se taire définitivement. À croire cette source proche des négociateurs, son discours est posé, les mots sont choisis, le ton presque courtois. Pas d’invectives. Jamais d’irritation. « Il ne nous a jamais raccroché au nez », insiste-t-on. Un discours froid pour revendiquer l’horreur. Un luxe de détails parfois sordides avec lesquels il exprime pour seul regret d’avoir manqué, à quelques minutes près, « la rentrée des classes dans l’école juive », ce qui lui aurait permis de tuer plus d’enfants. Des propos effarants pour dire le « plaisir infini » ressenti au cours de ses actions meurtrières. Il a aussi longuement expliqué qu’il avait refusé de finir en kamikaze pour pouvoir multiplier les actions, « voir ses victimes », les « toucher » et les filmer. Selon lui, il aurait transmis ses images « à des frères », qui les posteront sur Internet… Un scénario redouté jusqu’à l’Élysée.

Sa formation

C’est la partie la plus sujette à caution et des vérifications sont en cours. Le jeune Merah a assuré aux policiers qu’il avait suivi "une formation personnalisée au Waziristan", une région du Pakistan frontalière de l’Afghanistan. "Il a dit qu’il n’était pas passé par les camps d’entraînement collectifs, mais avait été formé sur mesure, une sorte de cours particuliers ès terrorismes« , confie un enquêteur. »Au cours de cette formation, le jeune homme assure que son instructeur voulait qu’il commette des attentats sur Paris, mais qu’il avait choisi de commencer à Toulouse.« Cette »formation sur mesure« est-elle crédible ? »Cela ne correspond à rien de connu", certifie Bernard Squarcini. La DCRI a interrogé les services secrets pakistanais qui, eux aussi, disent « tomber des nues ». Son affiliation à Al- Qaida a en tout cas été revendiquée à plusieurs reprises par Merah. Tout comme sa vénération pour Al- Zawahiri, successeur de Ben Laden. Reste à comprendre comment ce jeune homme de 24 ans a été « formé ». "Cela reste une énigme, mais le plus vraisemblable dans ce qu’il nous a dit est qu’il nous a roulés dans la farine", admet un policier. Il a ainsi prétendu disposer d’explosifs, de grenades, de AK 47… Il n’en était rien.

Ses cibles

Les hommes du Raid sont encore estomaqués par la radicalité de ce testament oral de la part d’un garçon de 23 ans, complètement embringué dans "sa guerre contre l’État, l’Occident, ses soldats ou encore les juifs, qui, à ses yeux, sont tous coupables…« Merah assure avoir voulu »venger la mort d’enfants palestiniens", en attaquant l’école juive, mais lors de son dialogue avec les négociateurs, il a admis que ce matin-là, son objectif initial était un militaire qu’il avait repéré au préalable. "Comme ce para n’est pas sorti de chez lui, il s’est attaqué aux enfants", confirme un policier de haut rang. Un plan B en quelque sorte. Mais le tueur au scooter avait prévu de s’attaquer à d’autres écoles juives. Questionné par les policiers du Raid, il a indiqué n’avoir voulu viser que des soldats, à Toulouse et à Montauban, et non des jeunes Maghrébins. "Peut-être qu’il a honte, que cela le gêne d’avoir tué des musulmans", s’interroge-t-on place Beauvau. Deux policiers, le chef de la Brigade anticriminalité (BAC) de Toulouse, dont il avait repéré le domicile, et la jeune officier de la DCRI, d’origine maghrébine, figuraient parmi ces cibles identifiées… À ce propos, il a indiqué qu’après avoir demandé conseil à des « frères » au Waziristan, il serait arrivé à la conclusion que "tuer un soldat français en France aurait le même retentissement que de tuer dix soldats français en Afghanistan"…

Son plan

L’enquête est en cours, et il faudra se contenter de ses « déclarations » au talkie-walkie et de l’arsenal mis au jour : un pistolet-mitrailleur Sten, un revolver Python, un fusil à pompe, un pistolet-mitrailleur Uzi, trois pistolets automatiques Colt. 45 de calibre 11,43 mm, dont celui qui servi sur les trois scènes de crime. Merah a assuré avoir dépensé pour environ 20.000 euros pour ces armes achetées auprès de « voyous » locaux. Où a-t- il trouvé ces fonds ? Lui parle de « casses », s’efforçant peut-être, là encore, de ne pas mettre les enquêteurs sur la piste d’éventuels complices. Il a également indiqué être revenu du Pakistan avec un pactole confié par les « frères ». Fin février, il a loué deux voitures, une Mégane et une Clio. "Elles étaient prépositionnées pour qu’il puisse continuer son road-movie meurtrier", confie un haut gradé de la police. Merah avait donc planifié de changer de mode opératoire avec ces véhicules qualifiés de « voitures relais ». Pour s’aventurer loin de Toulouse ? À la journaliste de France 24, Ebba Kalondo, qui reçoit un appel mardi à 1 heure du matin, après que son interlocuteur eut tenté de joindre plusieurs rédactions, celui qui dit être Mohamed Merah assure qu’il y aura des attentats "très prochainement à Paris, Lyon et Marseille"…

Son frère

Mohamed Merah, lors de ce dialogue avec la police, s’est efforcé de mettre son frère Abdelkader « hors de cause ». "Il n’a pas arrêté de répéter qu’il n’avait pas confiance dans son frère", confie un enquêteur. Il a toujours dit avoir travaillé seul. À l’écouter, personne n’était au courant. Il assume tout : les assassinats, les repérages, la logistique… Merah assure aux policiers avoir été une sorte "d’autodidacte de l’islam« , après avoir lu le Coran, »seul, en prison", réfutant l’influence de son frère dans sa foi. L’enquête policière s’intéresse également au rôle de ce frère aîné dans la dérive djihadiste du cadet. Mohamed l’avait rejoint au Caire en 2010, avant ses voyages en Afghanistan et au Pakistan, mais aussi en Algérie, selon ses dires. Aux hommes du Raid, Mohamed Merah est apparu très curieux de ce qui se passait à l’extérieur. Conscient que sa famille serait interrogée par la police, il n’a manifesté aucun intérêt pour le sort réservé à son frère et à ses soeurs. Il s’inquiétait, en revanche, franchement pour sa mère. Son seul lien affectif ?


JDD


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