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Commentaire de antoine (Montpellier)

sur Journée d'action des fonctionnaires. Un mouvement de nantis, de corporatistes ?


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antoine (Montpellier) antoine (Montpellier) 1er février 2013 18:42

Vous avez tendance à répondre à côté sous des dehors de grand iconoclaste à qui on ne la fait pas.

Quand je dis « à côté » c’est quand vous n’avez rien à dire sur les lieux de production libéraux de l’idéologie critique des enseignants : celle qui, quand un enseignant parle salaire, feint de croire que c’est parce que nécessairement il oublie son noble métier, sa noble mission et, pour tout dire, les élèves ! Or, ça c’est de l’idéologie remâchée mais vous, vous la gobez comme un grand qui se croit plus malin que les autres.

Alors platitude pour platitude (ah ! le bon prof qui serait celui qui aime les enfants, qui a l’envie de faire passer, etc. !), vous feriez bien déjà de ne pas mépriser vos interlocuteurs et de faire l’effort de vous décentrer un minimum de vous-même, de votre autovalorisation satisfaite : pour ma part, je suis spontanément du côté des savoirs, de leur transmission, c’est donc par un effort, une empathie, envers la problématique de ceux qui mettent l’accent sur les savoir-faire, que j’intègre l’idée que ...chacun doit bouger. Pareil pour la semaine de quatre jours et demi : je suis spontanément pour mais je considère que la question doit être intégrée à une vraie négociation où les salaires ont leur place à côté d’autres questions comme les conditions d’affectation des jeunes enseignants, l’organisation horaire des cours et des activités, etc. Et, comme position de fond, je considère que toute réforme de l’Education qui 1/ ne part pas des besoins éducatifs, 2/ ne met pas les enseignants dans les mailleures conditions pour enseigner, 3/ ne débouche pas sur un vrai débat sur les programmes et 4/ ne se donne pas les moyens financiers, par une refonte de la fiscalité, de répondre aux dits besoins éducatifs, toute réforme de l’Education qui escamote ces points, esquive les enjeux sociaux de base dont l’Education est un des points essentiels mais pas le seul.

Une fois cela dit, vous pouvez couper court à l’échange par de la condescendance envers ma façon de me poser en modèle, etc. Bref par de la caricature facile qui fait bien dans les commentaires d’articles mais « casse » les discussions.

Sur les faits qui sont têtus, visiblement vous êtes un grand naïf qui croit que les faits parlent d’eux-mêmes. Comme l’expérience concrète de chacun, etc. A l’arrivée vous avez tout le monde qui a sa vision du côté têtu des faits et vous n’avez pas fait avancer le débat d’un pouce. Autant renoncer à la prétention d’être du côté des faits et humblement aligner des lectures des faits et les confronter dans des cadres argumentatifs à celles de vos interlocuteurs.

Sur l’empilement des savoirs comme des cubes, il se peut que vous ne soyez plus trop au courant de ce qui se passe dans les formations universitaires où, si rien n’est parfait, les cursus ne sont plus exclusivement centrés sur les savoirs !

Vous parlez des rapports de domination, des injustices liées à l’école mais ne tenez aucun compte des contre-réformes libérales génératrices de moins de moyens pour les enseignements, d’une déqualification tendancielle des enseignants, d’une sélection aggravée par la massification au détriment des plus démunis socio-culturellement, etc.

Je trouve en somme que vous lancez un joli boomerang qui vous revient méchamment à la figure quand vous écrivez « Verbiage de gauche, mais valeurs à droite au fond. » Verbiage de gauche quand vous suggérez être sensible aux injustices dans l’école et valeurs de droite quand vous croyez, de façon simpliste, que c’est en stigmatisant le rapport des enseignants au salaire que vous résolvez lesdites injustices.

Et là où vous perdez le nord c’est quand vous cherchez à opposer les fonctionnaires aux ...fonctionnaires : il y a en France trois types de fonctionnaires, d’Etat, territoriaux et hospitaliers et, au cas, où vous auriez un peu zappé l’info, ce sont ces trois fonctions publiques régies par définition par la loi et non par des contrats qui ont manifesté ensemble hier ! A croire que ces braves gens, ne comprenant rien à vos subtils distinguos, préfèrent s’unir sur la base de tout ce qui les rapproche : le refus de la casse de leurs statuts qui sont les bases mêmes de l’accomplissement de leurs missions hors problématique d’intérêt privé, le refus de la tendance des gouvernements à détricoter justement ce qui garde à distance les fonctionnaires du droit privé !

Pour finir, le mieux serait de baisser le pavillon des grands airs supérieurs du « grand pourfendeur iconoclaste » et jouer de la corde sobre et modeste de l’argumentation hors clichés de l’idéologie ambiante antifonctionnaire, anticorporatiste et propagée par de grands vrais corporatistes politicards et médiacrates !


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