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Commentaire de Surya

sur Quand la drogue s'invite au lycée...


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Surya Surya 15 mars 2017 14:55

Bonjour Rosemar,


J’ai l’impression que votre titre aurait dû être : « quand la drogue s’installe... », plutôt que « s’invite ». Je ne vois pas pourquoi elle ne ferait qu’une apparition temporaire et repartirait ensuite. Elle est entrée au lycée, peut-être pas sous forme de traffic de drogue et de vente dans les couloirs de l’établissement, en effet, mais sous la forme d’élèves consommateurs. Du reste, les établissements scolaires ne sont plus le microcosme protégé qu’ils étaient autrefois. Vous travaillez dans une sorte de réduction en miniature du monde réel. 


Ceci étant dit, il est vrai que ce n’est pas nouveau, loin de là. De mon temps (fin des 70s / début des 80s -ça fait une deuxième mamie sur Agoravox smiley ) il y avait déjà un ou deux élèves de ma classe qui arrivaient de temps en temps avec une drôle de tête. Je me souviens d’une nénette qui sniffait un truc ( je me rappelle plus le nom mais c’était un truc soft quand même...) et qui avait dû un jour rentrer chez elle car elle se sentait pas bien. 


A vous lire, on a l’impression que toute la classe se drogue. Comme je ne pense pas que ce soit le cas, savez vous à peu près combien le font ? Vous ne précisez pas non plus l’âge de ces élèves.
« Je suis de plus en plus inquiète de me retrouver devant ces élèves » Craignez vous pour votre sécurité ? Si vos élèves sont apathiques plutôt que violents, à mon avis vous n’avez pas trop de soucis à vous faire. 

Vous parlez de « spirale » de la drogue, ce qui implique que vous pensez que la drogue douce mène forcément aux drogues dures. Je ne pense pas que ce soit le cas d’un point de vue « technique », mais consommer de la drogue douce, quelle qu’elle soit, met peut-être le consommateur plus facilement en contact avec quelqu’un qui consomme un truc plus dur. 

Quant à l’indiscipline, elle n’est pas nouvelle non plus. J’en étais un excellent exemple au lycée où j’ai séché un nombre ahurissant de cours certaines années. Je ne me suis ressaisie que parce qu’on m’a menacée de me virer. Dans mon cas la menace aura été suffisante, il n’y a pas eu besoin de la mettre à éxécution. Par contre, c’est vrai que quand on était en cours, à part les bavardages (qu’on essayait tout de même de faire discrètement, et déjà ça rendait les profs cinglés), on se tenait à carreau.
Je n’ai pas mal tourné pour autant, mais j’aurais pu rater mon bac. J’ai commencé à bosser quinze jours -sans rire- avant l’examen (de façon très intensive, j’ai avalé le programme d’une année en quinze jours, du coup je l’ai eu, mais je recommande pas cette méthode de travail, c’est... disons... un peu risqué ! smiley 

Comme quoi il faut en effet sanctionner et ne rien laisser passer. Si vous arrêter de sanctionner, alors vous allez faire quoi quand un problème se pose ? Si vous ne sanctionnez plus, ça va être encore pire ! Mais si vous craignez que le fait de sanctionner vous mette en insécurité par rapport à ces jeunes, alors cela signifie que la partie est déjà perdue. 

Cependant, si ces jeunes ne vont plus en classe, ils vont faire quoi ? Drogue ou pas drogue, ils ont tout de même le droit de recevoir une éducation. 

Quand je parle de mon comportement au lycée, je ne suis pas spécialement fière de moi, mais je n’ai pas honte non plus car c’était tellement peu de choses comparé à ce qui se passe de nos jours ! Franchement vous avez du courage de faire ce métier plus que difficile et qui, visiblement, le devient de plus en plus. Je crois qu’il faut avoir un idéal chevillé au corps ou beaucoup, beaucoup, d’énergie à revendre pour être prof de nos jours, alors que les élèves sont de plus en plus difficiles, lié au fait que d’une part les profs ne sont plus ces personnages de la société qui inspirent respect et admiration, et d’autre part le fait que les jeunes sont complètement désabusés et se demandent, en effet, pourquoi et pour quoi ils devraient bosser puisqu’il y a de fortes chances que ce soit le chômage qui les attende à la sortie.

Ajoutez à cela la tendance actuelle et de plus en plus forte de stigmatiser et culpabiliser les jeunes qui s’expatrient (même temporairement) pour trouver ailleurs une première expérience professionnelle que leur pays ne peut leur offrir... Au moins ils auraient un objectif, au moins ils pourraient espérer un premier emploi à l’issue de leurs études. Mais non, ces jeunes on les traite de plus en plus comme s’ils étaient des traîtres à leur patrie. Il n’y a qu’à voir le discour haineux qui est tenu à leur propos. Débile.

Je crois que ce n’est pas la première fois que je vous le dis, mais je pense que ce serait extrêmement intéressant que vous écriviez des articles pour rendre compte de l’évolution sur le long terme de votre métier (ps : depuis quand êtes vous prof ?), évolution semblant désormais signifier dégradation. 

Vous vous demandez si vous allez tenir jusqu’à la fin de l’année. Nous sommes en mars, et non en octobre, donc il ne vous reste que quelques semaines avant les vacances d’été. Courage.

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