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Commentaire de Thomas Roussot

sur La place de la mort dans notre société


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Thomas Roussot Thomas Roussot 11 mars 2007 11:43

Je poste ce texte d’humeur que j’avais écrit sous l’emprise de la souffrance morale liée directement à la perte d’un être cher, un texte pathologiquement atteint, j’en conviens. Un texte de haine et de ressentiment désespéré. La mort pose problème dans cette civilisation moderne car tout y est basé sur l’attachement,l’émotionnel et le sensible, doublé de l’éthique qui refuse la souffrance morale et psychique depuis que nous avons rompu avec le fatalisme et le dolorisme des divers monothéismes qui justifiaient les épreuves, d’où cette tendance à escamoter ou faire l’impasse sur la mort et son cortège de souffrance. Et je ne pense pas que nous ayions tort en soi de cette mutation. Nous cherchons encore le remède au dévoilement de cette lucidité cruelle. Je pense que l’euthanasie sera notre réponse technique pour la devancer et la contrôler, reste à y répondre exitentitellement.

Voci : Je souffre, pour tout, parce que j’existe, parce que je suis ce que je suis, incarné n’ayant rien choisi, parce que vous êtes là, autour, vous tous, toutes, je souffre de voir tout ce que j’aime mourir lentement, je rejette radicalement ce monde, je refuse les abattoirs, les génocides, les viols collectifs, les karmas, le bonheur bourgeois, les rires gras, les spectacles intelligents, les espoirs politiques, les couchers de soleil, je vomis les étoiles, les soupirs et la sueur, l’amitié, l’amour, la haine, je dégueule sur le courage et la lâcheté, la peur et les métros bondés, la volonté et la fatigue, la vaisselle et l’ordre, les croyants et athées, je chie sur mon agnosticisme, l’attente et les couloirs de la mort, je pisse sur mes nerfs et les bouquets de fleurs, les émissions avec animateurs intégrés, les joies programmées, les courses désincarnées, je refuse mon refus, la compromission et les sourires bouddhistes, je veux flamber les berceaux et les cotillons de mariage, l’expression poétique et toute forme de communication, je crache sur les autistes et les nains, les impuissants et les queutards, les aires de repos et les avions à réaction, les voisins et les déserts, je maudis de tout mon coeur les solidarités et les égoismes, les nihilistes et les scientistes, les paiens et les racailles, les parvenus et les poissons, les aristos et les prolos méritants, les bières et la sodomie, la défonce et l’austérité, je déverse toute ma bile sur l’intégrité et le sacré, sur les transgresseurs et les fauteurs de troubles, sur les autorités et les libertaires, les suicides ratés et réussis, je veux pourrir vos meilleures ambiances, pourrir vos derniers souvenirs, vos vacances en Irlande ou à Rome, vos convulsions et vos étreintes émues, vos regrets et vos rancoeurs, j’efface tous les voeux, toutes les mains tendues, je hurle contre la recherche et la connaissance, l’ignorance et les bains turcs, je souhaite une bombe atomique sur Sion et New-York, sur Notre Dame et Beaubourg, sur les singes verts et les dauphins, les enfances innocentes et les vieilles putes, je veux défigurer les peoples et les guides touristiques, les musées et les bons sauvages,égorger les puissants et les aveugles, torturer les japonais et les australiens, scalper les africains et les auvergnats, la circularité et les concepts techniques, les strophes et les véhicules rutilants, décharger sur les saints et les bons à rien, souiller les forêts et démolir les cités, déconstruire le sens et l’absurde, jusqu’à la moelle du RIEN, parce que je veux les vallées du RIEN, je prie pour le flot du RIEN, parce que j’attends le ressac du RIEN SOUVERAIN s’ouvrant dans un ciel constellé de comètes d’apocalypse. Parce que la dévastation impassible guette à l’horizon de l’impossible, je peux encore m’endormir.


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