Pour en revenir au fond du sujet proposé par l’auteur sur « le grand tournant de la valeur »,
la
question qu’il semble poser, in fine, est celle de la connexion entre
valeur et travail productif.
Il reproche aux économistes classiques d’y
voir un lien strict et limitatif. En même temps il semble aussi
considérer comme « créateur de valeur » le travail d’un trader...
On
ne peut pas, dans un post, examiner chaque situation cas par cas, mais
on peut peut-être tenter une approche résumée sur la notion de travail
« productif ».
Si
l’on suit l’approche de l’auteur, on pourrait résumer, de façon
approximative, en considérant que dans la situation actuelle il compte
pour « productive de valeur » toute activité qui produit une augmentation
du numéraire, que ce soit celle de l’ouvrier ou celle du trader.
Ce
à quoi il proposerait pour alternative de tenir compte du travail
bénévole, et d’une manière plus générale, du « travail non marchand ».
Or
en fin de compte, comme j’ai déjà tenté de le rappeler dans mon premier
post, ce qui est déterminant, dans la notion de valeur, au delà de la
notion de travail, c’est la notion d’échange.
Or, ce qui change précisément, entre capitalisme et socialisme, c’est la nature de l’échange.
On pourrait tenter de reformuler cela en disant que le but du socialisme est de valoriser l’échange socialement utile.
(par opposition à l’accumulation du capital, pour l’essentiel socialement inutile)
Échange
socialement utile, c’est tout fait le cas, par contre, effectivement,
de biens des travaux bénévoles, et de nombreux types de travaux
actuellement caractérisés comme « non marchands », dans les services
publics et diverses associations « d’utilité publique », ou autres, plus
locales.
Il est donc
simplement logique et tout à fait naturel de considérer que ces
activités auront leur place pleine et entière dans un nouvel équilibre
économique, y compris en tant que créatrices de valeur sociale et
économique.
En un sens,
la tendance actuelle à la « marchandisation », et notamment celle de la
plupart des « services » jusque là supposés « publics », va paradoxalement
aussi dans ce sens en indiquant, par leur remplacement déjà effectif ou
potentiel, quelle est leur valeur économique réelle, indépendamment de
leur valeur sociale.
Bien
entendu, le but d’un nouvel équilibre économique est de privilégier
cette dernière approche, celle de la valeur sociale, mais même d’un
point de vue comptable, si l’on se place du point de vue de la loi de la
valeur, telle qu’elle conditionne le nouveau type d’échange, ce n’est
donc pas du tout incompatible avec un équilibre budgétaire,
stricto-sensu, évalué en valeur-travail, ou « monnaie-travail », telle que résumée dans l’un de mes posts ci-dessus.
Luniterre