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Commentaire de eau-du-robinet

sur Que la honte submerge les gaspilleurs d'électricité !


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eau-du-robinet eau-du-robinet 6 décembre 2022 09:53

suite :

En vendant les réseaux, on coupe la production du consommateur et on désoptimise une nouvelle fois le système. Avec la vente aux concurrents des barrages, des réseaux, on est en train de détruire ce qu’on a construit pendant soixante-dix ans.

Je n’ai jamais rencontré de politique européenne. Je l’ai vainement cherchée dans les tiroirs, à Bruxelles et un peu partout en Europe.

Les Espagnols ont une politique, les Italiens ont la leur.

Les Polonais, qui ont du charbon, qui veulent du gaz – et surtout éviter les Russes honnis – sont tombés dans les bras des Américains, lesquels rêvaient d’établir leur domination sur un pays européen. La Pologne est devenue américaine. Des terminaux GNL de gaz de schiste américain sont construits en Pologne. Vive l’environnement ! (J’ai passé ma vie dans l’environnement avant de venir à EDF [1]).

On a déjà parlé des Allemands.

Les Belges font ce qu’ils peuvent. Leurs sociétés, Électrabel [2] et Tractebel [3], ont été rachetées par Engie, qui n’existe pas. Les Belges sont donc au milieu de nulle part. Leurs deux centrales nucléaires étant fréquemment arrêtées ils se demandent à qui ils vont acheter une électricité qu’ils ne sont plus capables de produire.

La France faisait donc figure de havre de paix et surtout de réservoir électrique européen. Tous les pays européens comptaient, en cas de « trou noir », avoir accès à l’électricité française à un coût compétitif. Cela a été – et sera – le cas de l’Allemagne.

Que sera l’électricité française demain ? Je ne le sais pas.

De quoi parle-t-on quand on parle de politique énergétique ?

Je rappellerai quelques principes :

L’énergie est un secteur très différent des autres secteurs industriels parce qu’il est d’une nécessité vitale qui touche à la sécurité nationale. Plus capitalistique que n’importe quel autre secteur industriel, il nécessite un horizon à très long terme. Une centrale nucléaire dure soixante ans, un réseau ou un barrage cent ans. Les investissements, très massifs et à très long terme, doivent être réalisés en amont de la production et a fortiori de la distribution. Toute politique énergétique doit donc avoir une vision longue, avec une politique claire et sur le long terme. Or aujourd’hui, en raison de la financiarisation du monde et de la mondialisation, le long terme c’est trois à cinq ans ! Pour une société cotée, la dictature c’est le trimestre, le moyen terme trois ans, le long terme cinq ans. Il se trouve que cela correspond aux mandats politiques. Quel politique réfléchit à horizon de cent, cinquante ou même trente ans ? Lorsqu’on nous annonce des mesures à trente ans, nous comprenons qu’il s’agit de reporter les échéances pour ne pas les réaliser. C’est regrettable parce que dans l’énergie la vision longue devrait être le cas de figure normal.

Ce fut le cas en France pendant des décennies. Aujourd’hui, au plan national et plus encore au plan européen, le long terme est battu en brèche par la dictature de l’orthodoxie budgétaire à court terme et des contingences court-termistes.

L’énergie est aussi l’objet d’assauts de démagogie et d’injonctions contradictoires en termes de priorités.

La priorité d’aujourd’hui porte sur les gaz à effet de serre et le climat. Or la France est exemplaire en matière d’émission de CO2 grâce à l’électricité d’origine nucléaire et hydraulique. C’est ce qui fait que la France se démarque des autres pays européens. On s’empresse donc de revenir aussi là-dessus ! Au plan européen il n’existe pas de volonté de promotion d’un modèle politique et les stratégies diffèrent d’un pays à l’autre. Aucune vision européenne.

À propos d’injonctions contradictoires, il nous faut constater qu’au plan national, faute de vision politique, de décisions politiques claires, nous ne sommes pas dans un débat rationnel. Quelles sont les priorités ? Le climat ? La sécurité d’approvisionnement ? La compétitivité industrielle ? Le coût pour le consommateur ?


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