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Commentaire de eau-du-robinet

sur Que la honte submerge les gaspilleurs d'électricité !


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eau-du-robinet eau-du-robinet 6 décembre 2022 09:54

suite :

Il faut reconstruire cette filière nucléaire. Nous n’avons pas aujourd’hui de réacteur compétitif à mettre en route (je ne reviendrai pas sur le sujet de l’EPR), nous devons donc concevoir un nouveau réacteur compétitif qui puisse rivaliser avec les Chinois et les Russes. Or, en supposant que l’on prenne la décision aujourd’hui, il faudrait quinze ans pour concevoir et construire un nouveau réacteur. J’avais initialement prévu ou proposé que l’on construise une coopération avec les deux nucléaristes puissants que sont aujourd’hui les Chinois et les Russes de manière à passer cette période de transition avec un système de partenariat industriel qui nous permettrait de concevoir et de construire un nouveau modèle français. J’ai été suivi de très loin… et ensuite contredit de très près. Rien n’a été fait. Et chaque année, chaque mois, chaque jour nous fait perdre du temps. L’intérêt de la France est de reconstruire son potentiel nucléaire à terme. Par ailleurs son intérêt serait de participer au développement du nucléaire mondial. Or aujourd’hui, malgré le déficit de notoriété du nucléaire – avec notamment l’accident de Fukushima et les conséquences qui s’en sont suivies – on constate un retour vers le nucléaire de beaucoup de pays, à commencer par la Suède qui, la semaine dernière, a fait savoir que le nucléaire était une industrie d’avenir. C’est le cas de nombreux pays, notamment les pays les plus peuplés à forte intensité de besoins énergétiques, la Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Égypte et tous les pays pétroliers qui craignent de voir leur rente pétrolière s’évanouir. L’Arabie saoudite, il y a encore cinq ans, autoconsommait pour ses besoins en électricité 26 % de sa production de pétrole. Et quand on extrapolait les besoins de l’Arabie saoudite sur les trente ans qui suivaient, on prévoyait qu’elle en viendrait à importer du pétrole. Ce qui signifiait retourner au sable pour ce pays qui ne peut pas survivre sans son pétrole. D’où l’urgence des programmes énergétiques de ces pays, à commencer par les Émirats qui ont construit quatre réacteurs nucléaires, conscients de la nécessité qu’il y a à prendre le relais du pétrole par une autre énergie, pour leurs propres besoins et pour réserver leur outil pétrolier à la géopolitique dont parlait Olivier Appert.

Oui, la réponse logique d’une France lucide devrait être celle-là. Mais – conséquence ou hasard ? – nous n’avons plus de ministère de l’Industrie ni de ministère de l’Énergie. Donc le problème n’existe pas.

Jean-Pierre Chevènement

Mais nous avions un ministère du Temps libre !

Je m’inquiète – et vos propos ne m’ont pas rassuré – sur le fait qu’il faut au moins quinze ans pour élaborer un nouveau réacteur. Cela demande en effet des études très compliquées. Nous disposons d’un EPR qui n’est pas au point par rapport à un certain nombre d’exigences, qui peut-être le sera d’ici quelques années. En 2040 se produira l’effet-falaise que j’ai décrit tout à l’heure, c’est-à-dire la chute brutale de la production du nucléaire qui en l’espace de quelques années va passer de 50 % à 30 % puis à 20 % de notre production d’électricité. Cela me paraît gravissime. Aucun homme politique ne s’est exprimé sur ce sujet. Un projet de loi relatif à l’énergie et au climat, qui va être voté en procédure accélérée à la fin du mois de juin, programme la fermeture de quatorze tranches nucléaires. Où est le sens de l’avenir ? Peut-on espérer un réveil de l’esprit de service public, d’un réflexe patriotique élémentaire ? C’est d’autant plus urgent que ces décisions se prennent longtemps à l’avance.

À l’arrière-plan de tout ce qui s’est dit, nous sommes confrontés à l’effet massif de l’idéologie irrationnelle des Verts. Je préfère parler d’« idéologie des Verts » que d’ « écologie » parce qu’il existe sûrement une bonne manière de traiter les problèmes écologiques. Je ne suis pas du tout hostile aux exigences de l’environnement, pas plus que M. Proglio qui a été longtemps à la tête de Véolia. Selon un effet idéologique consécutif à la Deuxième Guerre mondiale, à l’horizon de l’histoire humaine le progrès a été remplacé par la catastrophe. Cet effet a beaucoup à voir avec les camps d’extermination et avec les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki. La psyché collective fait que peu à peu cette psychologie s’est emparée de l’opinion à travers les médias et que, sous la pression médiatique, nous avançons vers le vide, un peu comme, dans le conte transcrit par les frères Grimm, les rats sont entraînés vers la Weser par le joueur de flûte de la ville de Hamelin. Nous sommes dans cette situation pour des raisons profondément idéologiques et accessoirement politiciennes. On a tiré du résultat des dernières élections européennes des conséquences indues. En effet, un certain nombre de gens ont voté pour les Verts parce qu’ils ne voulaient plus voter pour la gauche, pour des raisons que l’on peut comprendre. Mais ceci ne justifie pas cela.

Le problème des verrous technologiques se pose quand même. Nous sommes confrontés au problème massif de l’intermittence des énergies renouvelables qui ne pourra être surmonté que s’il est possible de stocker l’électricité. Il y a sans doute beaucoup d’autres verrous technologiques à faire sauter. Je fais confiance à Pierre Papon, éminent expert de la question, pour nous les décrire .................


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