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Henrique Diaz 2 juin 2012 00:19
Henrique Diaz

A lire Wikipédia, l’auteur croit que tout le monde peut être qualifié de fasciste. Mais d’abord quand une définition est donnée, il faut prendre l’ensemble et pas seulement un bout par ci pour dire qu’un tel est facho, un bout par là pour dire qu’un autre l’est. C’est comme si on disait qu’en définissant l’homme comme « animal raisonnable », on croyait que cela pourrait vouloir dire que les chiens sont des hommes puisqu’ils sont des animaux et que les anges aussi puisqu’ils peuvent raisonner.

Cela dit la définition de Wikipédia, s’efforçant à l’exhaustivité et à l’absence de point de vue, finit en effet par être des plus confuses. Scual fait un effort salutaire en revenant au fond des choses : le fasciste, c’est celui, dit-il, qui refuse la culture et être contre toute opposition. Je pense qu’il y a lieu d’aller encore plus à l’essentiel dont ce qu’il dit découle et que ne recoupe pas les exemples qu’il donne d’associations anti-homosexuels par exemple. Le fond des choses ici est tellement simple qu’il est difficile de le voir facilement, tant les mots sont effectivement faciles à détourner de leur sens. Le fascisme, comme le nazisme, comme le pétainisme, reposent à des degrés divers sur la conviction qu’il n’y a pas une seule humanité mais plusieurs et que certains sont plus humains que d’autres, comme dans la ferme des animaux de Orwell, certains animaux étaient plus égaux que d’autres. Quand on imagine au lieu de raisonner, on croit voir en effet que les différences sont plus importantes que les points communs qu’on voit à peine, tant l’imagination est attentive aux différences plutôt qu’aux éléments d’égalité. De là découlent toutes les autres propriétés relativement mouvantes qu’on peut percevoir dans le fascisme et ses différentes mouvances.

L’autre nom du fascisme, le meilleur synonyme en tout cas, c’est le nationalisme, qui consiste à penser qu’il existerait une identité nationale éternelle, cadrée par des frontières mythiques. Alors oui, ceux qui affirment, comme le FN, que certains hommes seraient moins hommes que d’autres et qu’en conséquence, ils auraient moins de droits que les autres, c’est bel et bien du fascisme. Et ceux qui disent, comme le FdG que le FN déplace l’origine des problèmes que nous vivons en désignant les maghrébins comme boucs-émissaires, comme on désignait en d’autres temps les juifs, ont beau sembler employer un terme stigmatisant, ce sont d’authentiques anti-fascistes, autrement dit des humanistes. Ils combattent eux, des idées et non des personnes. Traiter, comme Mélenchon, Le Pen de semi-démente, c’est justement dire que comme personne, elle reste humaine autant que les autres avec les mêmes droits, mais que comme chef politique, elle nous embarque dans le même genre de folie qui a conduit des années 20 à la guerre de 40. Dire à son compatriote qu’il fait fausse route, et même lui signifier qu’il est diabolique, c’est-à-dire étymologiquement qu’il divise les gens, c’est justement en appeler à son bon sens et à sa raison au lieu de flatter son imagination.



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