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Marc Bruxman 5 décembre 2013 14:23

Bonjour,

Votre analyse est juste sur le fait que les changements de société et notamment la métropolisation et la périurbanisation entrainent des souffrance et un vote de défiance chez ceux qui la subissent. Les travaux de Christophe Guilluy (qui a été beaucoup repris par les états majors de campagne de droite même si lui même n’est pas politisé de ce coté la) et Laurent Davezies sont très clairs à ce sujet et donnent avec des chiffres ce que vous dites avec des mots.

Malheureusement je ne penses pas que la vie de « village » puisse renaitre et faire croire cela risque plus de prolonger les souffrances qu’autres chose. Une partie des agriculteurs ont trouvé des solutions grace aux AMAP c’est bien mais je crains que cela ne concerne pas tout le monde. Et cela nécéssite d’être proche d’une métropole ou se situent les consommateurs potentiels. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’une partie de la population française a gagné à ce jeu de la mondialisation. Les habitants des grandes métropoles ont eux bénéficié économiquement de la mondialisation et pas qu’un peu. Aujourd’hui le gros du PIB de la France est concentré dans envion 25 aires urbaines (cf Guilluy). 80% des cadres et donc des hauts revenus vivent dans ces mêmes aires urbaines. C’est une tendence internationale, tous les pays d’europe et du monde sont confrontés au même problème. Mais dans des pays denses comme l’Allemagne de l’ouest ou les pays-bas les phénomènes de désertification sont beaucoup moins graves.

Je vous rejoins sur le fait qu’il faudrait bloquer les permis de construire dans certains endroits pour éviter que des promoteurs encouragent une sorte d’exode urbain à crédit. On fait miroiter à des gens qui vivent en HLM une maison individuelle et ils se retrouvent piégés dans un endroit presque sans service en se tuant la santé en bagnole. La solution serait qu’ils continuent à loger dans la ville moyenne ou ils bossent. D’une part ca permettra d’augmenter les services de cette ville et d’autre part ils ne perdront plus leurs temps en voiture (cela sera plus écologique). Il sera également bien plus simple de leur payer un réseau de transport en commun efficace et de leur donner accès aux services publics.

Le problème est qu’après l’échec de la stratégie des « grands ensembles » des années 60-70, on a abordé une stratégie inverse encore pire. Or, autant il est possible d’intervenir dans des grands ensemble (voir la politique de la ville), autant il est quasi impossible d’intervenir dans du périurbain diffus. (Tout simplement parce qu’en lachant quelques centaines de millions sur une ZUP vous avez un réel impact alors qu’en lachant 100 millions sur de vastes territoires vous n’en avez aucun).

Ces gens qui ont quitté la cité pour arriver dans le périurbain avec l’espoir d’une vie meilleure voient après coup la politique de la ville donner des résultats dans leur ancien quartier. Ils sont furieux et ont l’impression que l’état aide les cassos. Pour vivre à Paris, je peux vous dire que beaucoup de cités de proche banlieue se sont beaucoup améliorées. Elles ne sont pas parfaites mais si vous passez à Vitry sur Seine en 2013 vous verrez une ville bien différente de ce qu’elle était en 1995. La normalisation est en cours. Pourquoi ? parce qu’en raison de la densité de population il était possible d’aider. Comme la ville s’améliore, elle devient attirante pour une autre population et elle se gentrifie donc petit à petit.

Ce qui manque est à mon sens :
 - Effectivement un blocage des permis. Cela permettra d’ailleurs de stopper la chute de l’immo dans ces zones qui est une catastrophe pour beaucoup de familles qui ont achetées la bas et sont maintenant bloquées. (Une moins value quand vous être cadre ca fait chier mais ce n’est pas grave, mais quand vous avez déja du mal à payer vos traites vous êtes prisonnier).
 - Une aide à la mobilité pour les gens souhaitant revenir en ville.
 - Une politique de construction d’immeubles collectif et de bureaux et de transports en communs en périphérie des métropoles et villes moyennes, de préférence en densifiant le bati existant.

Nous retrouverons alors un phénomène de désertification rurale mais au moins nous améliorerons la vie de tous ceux qui seront partis.



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