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easy easy 5 décembre 2011 14:14

La problématique RTT, je la laisse de côté tant elle m’apparaît en carotte Vs navet avec le fait de « L’échec de l’émission des obligations allemandes » 


A la base, les obligations allemandes avaient effectivement la cote au sens où elles avaient du crédit et ne valaient donc rien du point de vue rendement (même pas 2%). Pour autant, mais ce n’est qu’un détail dans ma discussion, ça fait 11 ans que la Bundesbank “ramasse” une partie des adjudicatons pour ses propres opérations d’apport de liquidité au marché secondaire.
Par exemple en octobre, elle en avait ramassé 18,5%. Très normalement.

Par contre en en ramassant 40% le 23 novembre, elle a fait se gausser ceux qui ne voient qu’une partie des choses.

L’Allemagne a, ce jour là, fait comme une petite erreur de calibrage. Proposer 2% quand il était temps et moeurs de proposer 2,2%, était une erreur mais volontaire, je veux dire à tenter. Ce n’est pas à l’Allemagne, même si elle sent le marché se tourner vers des taux plus élevés, de commencer à se brader en proposant d’emblée 2,2 ou 2,5%
Elle avait fait le choix de la jouer « valeur traditionnellement sûre qui ne paye donc que très peu » et avait eu raison de tenter le coup.

Elle a fait ce que font les grands Champagnes qui refusent de s’aligner sur les prix bas de la concurrence au motif que leur vin est de meilleure qualité. Ont-ils tort ou raison ? La réponse n’est pas évidente.




Comment raisonne le marché ?
De concert.

Lorsqu’une majorité de pays passent pour sûrs et qu’ils émettent donc des obligations peu payées, les volumes à jouer dans cet espace « peu payé » sont si grands que chacun les joue. De ce concert, il ressort une sorte de règle, d’habitude ou de bienséance consistant à placer une grande partie de ses oeufs sur des obligations si sûres qu’elles ne rapportent que des clopinettes.
 
Les entreprises et les collectivités, quand elles disposent de trésorerie à placer, sont obligées de la placer sur ce que le fisc admet comme « valeurs sûres ». Donc très peu lucratives. Si un patron ou un maire place de la trésorerie par exemple sur des valeurs technologiques susceptibles de faire + 300 et que ces valeurs tombent à - 120, il seront condamnés par l’Administration et en seront personnellement comptables. Des volumes énormes de trésorerie placée l’étaient donc obligatoirement sur des obligations « sûres » (partie en Sicav court terme, partie obligations plus long terme)



Mais depuis quelques années, le paysage change et montre de plus en plus de pays peu sûrs car trop endettés. Les pays les plus endettés ne trouvant pas preneurs pour leurs obligations à 2%, ils proposent de les rémunérer 3%, 4 %, 6%...
Et le marché s’habitue à faire face à un volume global d’obligations de plus en plus fortement rémunérées (jusqu’à 32% !)

Ces obligations fortement rémunérées étaient dites à risque. Mais quand le risque se généralise à tous les horizons, quand il n’y a plus de choix en « père tranquille » chacun s’habitue à jouer des risques plus élevés pour goûter à ces rendements nettement plus lucratifs.
De concert, les marchés réhaussent leur niveau de risque accepté et l’Administration ne reprochera plus à un maire ou à un PDG d’avoir placé sa trésorerie sur des obligations à 7%.
D’autant que quel que soit le taux ou le risque, le fait même de l’Euro en tant que monnaie n’est plus sûr. On prête des dollars, des Yuans des Euros aux pays européens mais dans 5 ans, ils vont rembourser en monnaie de quel singe ?


Même s’il existait sur Mars un Etat hyper sûr offrant 2%, les marchés actuels seraient peu intéressés.

En économie comme en psychologie, les paramètres n’étant jamais aussi isolés les uns des autres qu’ils apparaissent dans les shèmes théoristes, ce qui s’est passé le 23 novembre résulte à la fois d’une situation allemande qui semble moins sûre et du fait que les investisseurs-spéculateurs sont de moins en moins intéressé par les rendements pépères.
 
Le marché a une préférence de plus en plus forte pour les coups hyper rapides hyper payés. Il va donc de plus en plus vers les emprunts très courts à taux de 100%, comme à Venise autrefois. Du coup, autre paramètre qui change et complique l’analyse, de plus en plus de gens estiment qu’il est plus lucratif de prêter à 50% sur 6 mois que de labourer la terre.
Il entre donc sur le marché de plus en plus d’amateurs de sensations fortes.

L’attachement éternel entre deux personnes est dépassé.
C’est le boursage entre deux portes qu’on pratique désormais.


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