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zen (---.---.197.84) 4 août 2006 20:20

Le peuple iranien garde un cuisant souvenir de l’intervention des intérêts occidentaux dans leurs richesses pétrolières ...Il faut s’en souvenir pour comprendre un peu mieux ce qui se passe aujourd’hui :

19 août 1953, le Premier ministre du chah d’Iran, Mohammad Mossadegh (1882-1967), est démis de ses fonctions sous la pression des Britanniques.

Ces derniers l’accusent contre toute évidence d’être à la solde des Soviétiques. Ils lui reprochent surtout d’avoir nationalisé les compagnies pétrolières qui exploitent les gisements iraniens le 1er mai 1951, peu après sa prise de fonctions.

Nationaliste farouche, le Premier ministre avait rejeté une proposition de l’Anglo-Iranian Petroleum de partager pour moitié les profits tirés de l’exploitation du pétrole.

S’étant emparé des puits, il expulse dans la foulée les techniciens britanniques. Mais son pays manque cruellement des cadres qui pourraient les remplacer et n’a pas de pétroliers pour transporter le pétrole.

En représailles, le Royaume-Uni menace de saisir les « bateaux pirates » transportant du « pétrole rouge ».

Des experts français ayant révélé les colossales malversations de l’Anglo-Iranian : corruption massive, dissimulation de recettes,... Mossadegh rompt les relations diplomatiques avec Londres.La réaction internationale est immédiate : les marchés se ferment au pétrole iranien, occasionnant une grave crise dans le pays et un conflit aigu entre le Premier ministre et le souverain, Reza chah Pahlavi (33 ans).

Un an de luttes à couteaux tirés

L’année suivante, Mossadegh doit une première fois démissionner du poste de Premier ministre sous la menace d’un coup d’État militaire mais le peuple s’insurge en sa faveur et il reprend ses fonctions au bout de quatre jours d’émeutes sanglantes ! Un projet d’assassinat du Premier ministre conduit par le chah, des militaires et des ministres corrompus échoue en mars 1953.

En août, suite à un référendum qui donne quitus au gouvernement pour poursuivre les réformes, Mossadegh dissout le Majlis (le Parlement iranien) et annonce de nouvelles élections. Mais le 16 août 1953, Reza chah envoie ses gardes au domicile de son Premier ministre pour l’arrêter. Surprise ! les gardes de Mossadegh désarment les gardes du roi... et ce dernier doit fuir son pays pour l’Italie dans la précipitation.

Dans les deux jours qui suivent, les habitants de Téhéran manifestent bruyamment leur joie et déboulonnent les statues du chah et de son père, Mohammed Reza, le fondateur de la dynastie.

Le chah déchu peut heureusement faire confiance aux services secrets occidentaux. La CIA américaine et le MI6 britannique apportent leur soutien au général Fazlollah Zahedi et organisent le jour suivant un coup d’État dans les règles.

La résidence de Mossadegh est bombardée et le Premier ministre ne doit son salut qu’à une fuite par une échelle.

Le chah peut bientôt revenir et faire juger Mossadegh. Celui-ci est condamné à mort mais n’effectuera au final que trois ans de prison. Les compagnies pétrolières retrouvent leurs biens et tout rentre dans l’ordre !

L’éviction de Mossadegh consacre l’échec de la première tentative d’un pays du tiers monde d’acquérir la maîtrise de ses richesses naturelles. L’événement a nourri de profonds ressentiments chez les Iraniens jusqu’à la révolution islamiste de 1978. (Revue Hérodote)


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