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Morpheus Morpheus 16 mai 2013 18:26

@ COLRE

Mais la plupart des mots (du moins les plus importants, comme politique, démocratie, élection, suffrage universel, anarchie, oligarchie, monarchie, etc.) ont des effets pervers, précisément parce qu’ils ont été dévoyés par une forme de perversion linguistique intentionnellement mise en œuvre par les voleurs de pouvoir et de ressources dans le cadre de l’ingénierie du consentement.

J’ai un exemple récent de débat avec une personne qui perçoit dans le mot « ressource » une connotation péjorative, à cause du fait que ce terme sert aussi pour désigner des « ressources humaines » et est utilisé par le monde de l’entreprise dans un sens qui dépersonnalise et déshumanise les individus en en faisant la propriété de leur employeur. Elle y perçoit donc une notion de « propriété », alors que l’étymologie du mot n’en relève aucune (1).

On se trouve donc confronté au problème que nous assignons (nous, les êtres humains) une signification aux mots en fonction de nos engrammes émotionnels (engrammes = les émotions et les sentiments qui sont liés à un mot par une expérience, soit positive soit négative ; le mot est composé de endos « intérieur » et programme, qui vient de graphein « écrire »), et non en fonction de leur sens « académique ».

Ce qui naturellement sème de la confusion (j’ai écris un article à ce sujet, intitulé « Le syndrome de Babel »). Cela sème d’autant plus de confusion qu’un sens contraire au véritable sens a été mis dans l’esprit des gens par un usage répété dans le mauvais sens par des institutions et des personnalités qui font figure d’autorités (depuis papa et maman jusqu’aux chefs d’états, en passant par les profs et les intellectuels eux-mêmes).

Conscient de cela, une forme (comme une autre) d’action d’éducation populaire (action civique, donc) est de rendre aux mots leur sens véritable. Ma démarche est la suivante : le langage verbal (et écrit) est le plus mauvais mode de communication, primo parce que chacun de nous a SA définition et SA perception des mots (parfois similaire, souvent différente) et secundo parce que nous recevons la plupart de ces mots, non pas avec nos connaissances et notre discernement, mais avec nos émotions.

Nous donnons aux mots un sens qui se rattache à l’engramme émotionnel qui se rapporte à nos conditionnements socioculturels et à nos expériences personnelles. Chacun reçoit et perçois donc les mots de façon différente. Alors comment parvenir à communiquer dans ces conditions, et surtout parvenir à s’entendre, si nous ne parvenons pas à décider d’un sens commun ? C’est impossible.

Ma démarche, qui est de nous baser sur les définitions que nous donnent les dictionnaires (lexical et étymologique) permet de nous accorder sur le sens des mots et justement de rompre avec les interprétations individuelles et émotionnelles.

Rendre au mot « ressource » son sens réel me parait tout aussi important que rendre aux mots « démocratie », « élection », « anarchie  », etc. leur vrai sens.

A contrario, si nous nous contentons de rejeter purement et simplement les mots dont le sens se trouve perverti par les voleurs de mots, alors nous perdons les mots. Nous acceptons tacitement, se faisant, le sens tordu, la perversion de sens que lui ont imposé les voleurs de mots.

Je défends les mots - NOS mots - en leur rendant leur véritable sens chaque fois que cela est nécessaire. C’est un mode de défense concret que de nous réapproprier les mots, parce que même si le langage est notre plus mauvais mode de communication, il est pratiquement l’un des seul que nous utilisions, et même, en ce lieu virtuel qu’est l’internet, LE seul.

En cela, je me bat contre l’ANGSOC et sa politique de la novlangue.

Cordialement,
Morpheus

(1) Le mot « ressource » n’implique pas, dans son essence, l’idée de « propriété ».

RESSOURCE :

Le mot apparait au XIIe s.
Participe passé féminin, substantif de ressourdre « rejaillir » (du latin resurgere).

C’est un dérivé du mot SOURCE (XIIe s.), famille du latin surgere « se mettre debout, s’élever » d’où resurgere « se relever ».

Source est lui-même dérivé du mot ROI, famille d’une racine indo-européenne *reg- « diriger en droite ligne ».

Voilà pour la filiation du mot. On voit que son sens principal provient du latin resurgere « rejaillir, se relever », qui indique une notion cyclique de renouvellement : la ressource est un bien qui se renouvelle naturellement de façon cyclique (cycle qui peut être plus ou moins long).

Il faut remonter à la racine indo-européenne de la racine source pour trouver une base qui peut être discutable : le mot ROI « diriger en droite ligne ». Mais une bonne centaine de mots sont issus de cette racine.

Le Robert en donne la définition suivante :

A. « ce qui peut améliorer une situation fâcheuse »

B. 1. « moyens matériels d’existence »

2. « moyen (en hommes, en matériel, en réserves d’énergie...) dont dispose ou peut disposer une collectivité »

3. « moyen intellectuels et possibilité d’action qui en découlent.


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