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jean-jacques rousseau 15 avril 2015 10:52

@Emile Mourey

Flavius Josèphe n’est pas le seul historien de l’époque. Tacite né en 58 est contemporain des premiers disciples chrètiens. Sa famille fait partie de l’aristocratie romaine et lui-même suit le cursus honorum qui mène aux plus hautes magistratures, il sera tribun militaire (officier supérieur dans la légion romaine), questeur, tribun de la plèbe, préteur, gouverneur de province et encore sénateur (*). Il s’attache pour rédiger ses annales aux archives du Sénat, au Journal du peuple romain, aux archives du palais, à des oeuvres des historiens antérieurs, etc.
Voilà ce qu’il écrit en parlant de Néron et de l’incendie de Rome (64 ap-JC) :

"(1) La prudence humaine avait ordonné tout ce qui dépend de ses conseils : on songea bientôt à fléchir les dieux, et l’on ouvrit les livres Sibyllins. D’après ce qu’on y lut, des prières furent adressées à Vulcain, à Cérès et à Proserpine : des dames romaines implorèrent Junon, premièrement au Capitole, puis au bord de la mer la plus voisine, où l’on puisa de l’eau pour faire des aspersions sur les murs du temple et la statue de la déesse ; enfin les femmes actuellement mariées célébrèrent des sellisternes et des veillées religieuses. (2) Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d’avoir ordonné l’incendie. Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d’autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d’hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens. (3) Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d’infamies et d’horreurs afflue et trouve des partisans. (4) On saisit d’abord ceux qui avouaient leur secte ; et, sur leurs révélations, une infinité d’autres, qui furent bien moins convaincus d’incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement : les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens ; d’autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux. (5) Néron prêtait ses jardins pour ce spectacle, et donnait en même temps des jeux au Cirque, où tantôt il se mêlait au peuple en habit de cocher, et tantôt conduisait un char. Aussi, quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les coeurs s’ouvraient à la compassion, en pensant que ce n’était pas au bien public, mais à la cruauté d’un seul, qu’ils étaient immolés.« (**)

Si votre démarche est toujours »de retrouver l’authenticité de l’Histoire« vous ne pouvez pas ignorer les textes de Josèphe et Tacite qui attestent de l’historicité de Jésus comme individu né sous Auguste et mort sous Tibère et ayant au moins pour frère Jacques, lapidé en 62 sous Néron.
Vous voyez que cette période est relativement bien documentée et qu’il serait difficile de l’introduire comme une mythologie immémoriale propice à toutes les spéculations. D’ailleurs si vous connaissez le texte des évangélistes vous pouvez vérifier qu’eux-mêmes relatent parfaitement et dans le détail les circonstances du procès de Jésus et ses acteurs officiels. Par exemple le rôle du Proconsul comme autorité civile et militaire suprême est souligné, l’autorité religieuse et l’influence du Sanhédrin se retrouve dans la description de Josèphe, la diversité et rivalité des sectes juives telle celle des Sadducéens fait l’objet d’un recoupement exact entre le Nouveau testament et l’histoire de Flavius, l’animosité impitoyable des autorités religieuses juives contre la nouvelle doctrine chrétienne et ses adeptes se retrouve aussi comme élément déclencheur du drame aussi bien pour la mort de Jésus que de celle de son frère Jacques, condamné à la sauvette et lapidé en l’absence du Proconsul romain.
C’est cela qu’il fallait mettre en évidence à partir du moment que vous proposez d’expliquer Jésus »dans son contexte historique« . Plutôt que de vous en prendre à Flavius qui voit des armées en marche dans le ciel, et que vous traiterez bientôt d’illuminé ou de personnage fictif sachez que tous les empereurs romains -qui ne sont pas précisément des excentriques- consultent les oracles et des devins (souvent chaldéens) et beaucoup d’entre eux ont effectivement des visions et percoivent des signes dans le ciel. Cet ouverture à un monde supérieur n’est pas du tout rare puisque leur science politique n’est pas la notre et leur dévotion souvent autre chose que notre comédie de circonstance. On voit bien par exemple Pilate bouleversé par sa rencontre avec Jésus. Il est clair qu’il ne veut pas sa mort et moins encore en porter la responsabilité directe. Ceci explique très bien pourquoi il organise un plébicite pour savoir si du doux Jésus ou du criminel Barabas, qui doit être relaché pour la Paques. Il ne fera donc qu’entériner une condamnation de Jésus - assortie d’un serment de loyauté à César - par la foule juive, agitée par ses prètres. »Vox populi vox dei« .
Bien sûr vous ne prétendez pas avoir »tout dit ou tout expliqué« . C’est heureux car vous en êtes loin. Car quand vous dites : » Pour moi, il est clair que c’est la proclamation de l’évangile de Jean qui a déclenché la persécution dans laquelle Jean Baptiste a été décapité et ses monastères de Qumrân et autres dévastés et donc avant la crucifixion que ce texte annonce, ce qui est contradictoire", personne de renseigné ou de cohérent ne peut vous suivre dans cette confusion totalement anachronique.
Personellement je crois que vous dépassez toutes les bornes et que vous vous rendrez service en vous posant des questions plus simples, mais je vous sais gré de votre patience et de votre tolérance puisqu’il est possible d’échanger avec vous et de tenter d’éclairer quelques lecteurs. Merci.

(*) Tacite http://fr.wikipedia.org/wiki/Tacite
(**)Tacite Annales Incendie de Rome (64 ap. J.-C.) Cérémonies expiatoires. Inculpation et supplice des chrétiens (15,44)


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