@Luc-Laurent Salvador,
Le génocide des Congolais est un dossier assez difficile à expliquer pour
plusieurs raisons.
1. Ce génocide est commis par des tueurs rwandais et ougandais infiltrés
dans l’armée congolaise par le président Joseph Kabila en application d’accords
parrainés par des organisations internationales comme l’ONU et l’Union
européenne. Si vous essayez d’expliquer à quelqu’un que l’ONU et l’Union
européenne soutiennent des individus qui commettent un génocide contre un
peuple, et que même le président du pays où se déroule ce génocide protège ces
génocidaires, la personne qui vous écoute risque de vous prendre pour un fou.
Et pourtant c’est la réalité depuis 20 ans dans l’Est du Congo.
2. Ce génocide a un volet économique dont l’emblème se trouve dans la main
de chacun d’entre nous : le téléphone portable. Les tueurs rwandais et
ougandais ne font pas que massacrer et violer dans l’Est du Congo. Ils pillent
l’or, le diamant, la cassitérite et surtout le coltan, ce précieux métal
indispensable à la fabrication de nos appareils électroniques, dont le
téléphone portable. Expliquer à quelqu’un qu’un appareil aussi merveilleux est
responsable de la mort de six millions de Congolais est assez difficile, parce
qu’il y a un ensemble de lois qui devraient empêcher ce genre de choses. Il
faut donc expliquer que ces lois ne sont pas respectées. Finalement, la
personne vous dira : qu’est-ce que je dois faire ? Me passer de mon téléphone ?
Non, j’en ai besoin.
Finalement, on reste là à observer sans rien faire. Si l’ONU, l’Union
européenne, les Etats-Unis et le président d’un pays assistent impuissants à la
commission d’un génocide, voire parrainent les massacreurs ; si, parallèlement,
je ne peux pas me passer de mon téléphone portable, responsable économique de
ces atrocités, qu’est-ce que moi, un citoyen ordinaire, je peux vraiment faire
?