@Aristoto
Haro sur Ségo
Dans
ce chœur d’unanimisme vomissant le leader cubain décédé et son
« régime », il revint à la Ministre de l’Environnement, envoyée tout de
même à Cuba pour représenter la France aux funérailles, d’émettre la
fausse note. Émue à la vue des dizaines de milliers de Cubains en deuil
venus dire un dernier adieux à leur « Commandante » ou soucieuse d’apposer
une touche « degôche » à sa personne qui en a effectivement bien besoin
ou encore guignant une future carrière à l’ONU avec les concessions
qu’une telle ambition implique à l’égard de « régimes » considérés comme
« hostiles » par la CIA et le National Security Council ?
Peu importe. Toujours est-il que la coryphée de l’« ordre juste » eut le
mauvais goût de dire à Santiago de Cuba une vérité qui, aux oreilles
délicates mais opportunément bouchées de nos gouvernants et de la
valetaille intellectuelle ou médiatique qui leur fait écho, fit l’effet
d’un sacrilège. À savoir qu’« il y a beaucoup de désinformation » au sujet de la violation des droits de l’homme dans l’île envers « un monument de l’Histoire » grâce qui, par sa « résistance à l’occupation extérieure », « les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin ».
Que
n’avait-elle pas dit ! « Pluie de critiques », « volée de bois vert »
titrait la presse de marché qui s’empressait en même temps de fustiger à
son tour la déclaration inconvenante voire iconoclaste de Ségolène
Royale. « Plus jamais de leçon de la « Gôôche » sur les droits de l’homme, après l’éloge de Castro par un ministre socialiste !!! »,
tweeta le très droitier Thierry Mariani, député des Français à
l’étranger, dont les poussées d’adrénaline sécuritaires font
s’interroger sur ce qui le sépare encore de la droite extrême. Laquelle,
par la bouche de Florian Phillipot fit savoir que « ce qu’a dit
Ségolène Royal manque de mesure, de lucidité et de respect pour
l’ensemble des victimes, incontestables et incontestées, de ce régime ». Et d’évoquer les « persécutions »
d’opposants politiques, d’homosexuels... Sur ce dernier point,
néanmoins, en forme de plaidoyer pro domo, le numéro 2 du F.N. ferait
bien d’actualiser ses connaissances : si les homosexuels eurent
effectivement maille à partir avec le « régime », ce fut principalement au
cours des la décennie qui suivit la prise de pouvoir. Aujourd’hui,
n’importe quel touriste un peu curieux sans être mal intentionné pour
autant vous dira que la prostitution masculine se porte bien — pour ne
rien dire de la féminine — aux alentours des grands hôtels ou des plages
de Cuba.