Parler de « Peuple
de gauche » m’a toujours heurté, catégorisation
essentialisante et clivante, qui frise le racisme sociétal (pourquoi
pas « peuple de race noire, peuple blanc », « peuple
homosexuel » tant qu’à faire ?). Et qui est en même
temps teintée d’une notion mercantile de « clientèle ».
C’est justement là une dérive gauchienne, gauchiste, wokiste, très
malsaine ! À laquelle cède le mélenchonisme, hélas !.
Me heurte, lui
préférant « gauche du peuple » formule
ouverte à tous, présupposant que tout un chacun, tout citoyen, peut
et doit tôt ou tard « penser et se penser de gauche »,
comprendre du point de vue des classes populaires laborieuses.
« Peuple
de gauche » et « gauche du peuple » sont
donc en fait deux génitifs aussi antinomiques que « division
binaire conflictuelle » et « unité duelle
consensuelle », l’un exclu, l’autre inclu. L’un se défini par
sa représentation idéelle, abstraite, électorale, partisane,
l’autre se représente par sa définition réelle, concrète, sociale
(Gilets jaunes).
C’est très
signifiant s’agissant de ce 2cd tour électoral présidentiel.
Le
pseudo « peuple de gauche » idéel mélenchonien optera
pour lui-même contre l’unité par l’abstention puisqu’il n’est pas
représenté (c’est Moi ou rien !)
La vraie « gauche du
peuple » réelle opterait pour l’unité, la priorité unitaire,
(Le Nous) contre le dissensus politicien piégé indépendamment de
l’option représentante (Marine Le Pen).
On voit bien que
l’opposition est radicale autant que grammaticale, causale.
C’est aussi là la
différence et même l’inversion dialectique entre « peuple vu
du populisme de ses leaders » (option mélenchon) et « classe
vue par elle-même du point de vue de sa condition » (option
tout sauf macron)
Voilà un beau
thème pédagogique pour une leçon de grammaire impliquante sur les subtilité du génitif,
non ? C’est plus facile à comprendre quand on a fait du
latin.