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TSAKADI Komi TSAKADI 6 février 2008 22:00

 

Du Togo au Kenya

 

La crise post-électorale en cours actuellement au Kenya consacre à ne point en douter l’échec cuisant des missions d’observation électorale en Afrique. Elles ne sont plus en mesure de prévenir les fraudes et par voie de conséquence les violences politiques.

 

Au Togo, le rapport du parlement européen est venu contredire les précédentes déclarations de la mission d’observation électorale de l’Union européenne selon lesquelles les élections du 14 octobre ont été transparentes, trois mois après ces élections. Le rapport a déploré l’ingérence du Commissaire européen au Développement et à l’Action humanitaire, qui , le 16 octobre alors que le dépouillent était en cours, a sorti un communique isolé « se réjouissant du bon déroulement du scrutin avant même que la mission d’observation sur place ne s’exprime. »

 

Cette année, plusieurs élections sont encore prévues sur le continent : élections législatives Rwanda en septembre, au Ghana en décembre, élections présidentielles et législatives en Cote d’Ivoire, élections législatives en Guinée….

 

L’Union européenne tirera-elle les leçons de ses trois dernières missions pour les supprimer ou à défaut les repenser pour mieux prévenir les fraudes qui sont à l’origine de violences politiques dans nos pays, bref « adopter leur méthodologie aux réalités du terrain : les retentions des résultats de vote pour mieux les tripatouiller, les nouvelles formes de fraudes, le recours à la corruption électorale massive…  »

 

Quid de la CEDEAO ?

 

La CEDEAO tient une réunion depuis le 5 février à Conakry (Guinée) pour évaluer la gestion des élections dans les pays membres.

Cette réunion qui rassemble les membres du gouvernement guinéen, des responsables de la dite organisation sous-régionale, de l’ONU, de l’Union européenne ainsi que des ONG impliquées dans les systèmes électoraux et quinze présidents des commissions électorales des Etats membre de la CEDEAO va chercher à finaliser les procédures d’adoption d’un manuel de la CEDEAO sur l’observation des élections et d’un code de conduite des élections à l’usage des observateurs.

 

Mais si on fait le bilan des missions électorales de la CEDEAO dans nos pays, il est légitime d’être septique par rapport à l’adoption d’un manuel pour la CEDEAO.

 

On a toujours à l’esprit, l’observation calamiteuse des présidentielles togolaises d’avril 2005 par cette institution.

 

La CEDEAO ferait mieux de mettre en pratique :

 

- son mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité avec son système d’alerte précoce pour éviter les crises post-électorales

- le protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel au protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dont l’article 6 dit « l’organisation, le déroulement des élections et la proclamation des résultats s’effectueront de manière transparente. »

 

Si comme l’a admis le Président de la Commission de la CEDEAO le 5 février dernier, que « … le déploiement d’une mission exploratoire et l’envoi des observateurs ne constituent pas une recette suffisante à l’atteinte d’une élection crédible…  », pourquoi ne pas supprimer purement et simplement ces missions pour lesquelles l’organisation n’a même pas les moyens de financer.

Ainsi la mission d’observation de la CEDEAO au Togo lors de la présidentielle du 24 avril 2005 a été financée en grande partie par l’Union européenne à hauteur de 600 000 dollars[1].

 

 

 


[1] Muriel Sognouret, « Des élections contre la démocratie ? », Jeune Afrique /L’Intelligent, n° 2313 du 8 au 14 mai 2005, pp 32-34.


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