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Illel Kieser ’l Baz 3 août 2008 23:31

@effgé
Bonjour, merci d’avoir pris le temps d’une lecture critique et pour ce long commentaire.

Vous donnez là un excellent exemple de ce que je tiens à illustrer. Dès vos premiers mots, on sait ce qui va advenir, on repère immédiatement le décours de votre pensée et la méthode suggérée, à laquelle, d’ailleurs, vous faites référence quasi d’instinct sans, à aucun moment, vous poser la question de sa validité.

C’est à peu près ce qui se passe quand on se trouve devant un objet étranger. Étranger à la pensée ce sont les sens et les affects qui sont touchés.
La pensée peut fort bien avoir envisagé l’existence d’une étrangeté quelconque, ce sont les sens et les émotions qui donnent le tempo. Les personnes qui ont l’habitude de manier les concepts sont, le plus souvent, inconscientes de cet aspect et elles s’en réfèrent immédiatement à leur système de représentation. C’est exactement ce que vous faites, en boucle, pour, peu à peu, ramener le propos à votre compétence : "Si vous étiez un de mes étudiants, je vous inviterai à un travail méthodologique urgent." J’ai eu des profs comme vous, ils m’ennuyaient à mourir tant il leur était impossible de se représenter le monde autrement que de la manière dont leurs certitudes le leur dictaient.
Et quand ils sont dans une impasse, ils banalisent et réduisent la dimension de l’autre, jusqu’à tenter de toucher la personne : "des idées derrière la tête, que vous n’osez pas formuler", "vous devriez comprendre ", "ou en se pâmant", "N’auriez-vous pas le courage de dire clairement à quoi vous pensez ", ( et surtout) "C’est un des effets pervers d’internet que de permettre à n’importe qui d’écrire n’importe quoi, sans faire au préalable l’effort de se documenter, ce qui exigerait un minimum de modestie, voire d’humilité. Car si vous voulez parler de la torture, faites-le, au moins, en connaissance de cause." "vous vous "écoutez penser"...

Le "en se pâmant" est tout à fait intéressant car il évoque l’hystérique, le débordement émotionnel, la mainfestation des affects, toutes ces choses qu’il est malséant de manifester et que l’on attribue au genre féminin. C’est justement une des dimensions qui manque à notre "civilisation" : le féminin, depuis environ 16 siècles, après un court passage de 4 siècles au début de notre ère.


Vous ne repérez pas vos petits cailloux et, de fait, le propos est invalidé. Belle démonstration donc d’une forme d’ethnocentrisme de la méthode.

Au plan collectif, un groupe fera exactement de même, c’est ce qui est fascinant !
Ce faisant, je ne vais donc pas vous répondre sur le fond car il n’y en a pas dans votre texte mais sur quelques points de détails qui sont, à mon sens très intéressants.

Sur la forme de votre commentaire : on comprend très vite le ton professoral, donneur de leçon. J’ai évité dans mon texte de faire référence à l’arrogance de quelque culture que ce soit. Vous servez d’exemple probant. Vous êtes si nombreux !
J’ai vraiment savouré votre commentaire, tant il est forgé d’habitudes et de certitudes.

La progression de votre propos suit une ligne parfaitement repérable dans cette culture qui est la nôtre et qui se fonde sur une dialectique de rapport de force et de domination... amener l’autre sur son terrain pour le démonter, c’est une technique de guerrier. Je pratique la palabre...

Par la forme, votre intervention présente un exemple probant de la négation d’un autre qui serait hors propos, "hors ban", "forban", autre déclinaison de barbare ou d’étranger ( si l’on se place au plan d’une cosmogonie et d’un territoire. Ici, votre cosmogonie est fondée sur l’héritage classique et votre territoire c’est la méthode, vous vous y accrochez). Si j’étais un de vos étudiants, je serais immédiatement infantilisé, réduit à devoir me justifier. Ailleurs, dans d’autres lieux, on demande à lambda de présenter ses papiers. Votre attitude est analogue à celle du représentant de la loi, qui fort de son image peut accomplir un acte qui pourrait ne pas être éthiquement fondé mais qui sera justifié car sous-tendu par une norme et un implicite que l’on pourrait nommer paradigme. C’est ainsi que les maîtres de torture peuvent affirmer qu’ils étaient obligés d’appliquer ce mal, au nom de la raison d’état.
(Référence à Ossarès, précisément, j’ai vécu ce temps, 8 ans de ma vie, j’en sais quelque chose, cher professeur !) Affirmer qu’il y a un mal nécessaire, pour servir les vertus du progrès de surcroît est un déni de civilisation. C’est un déni du mal et l’histoire a assez montré que rien n’est plus contagieux que ce premier contact au Mal. Sinon, on passe du domaine politique ou philosophique au sacré et on érige nos valeurs au rang de dogme, cependant que les apostats ou que les "infidèles" méritent l’épée. Il existe des cultures qui dévorent leur progéniture... Et si notre culture en faisait partie ?

Sur le fond, je viens d’aborder un des éléments autour duquel je tourne, précisément depuis environ 45 ans, la banalisation du Mal (Hannah Arendt). Si vous le permettez je vous donnerez quelques références qui sont déjà dans la bibliographie que je donne en fin d’article mais c’est un peu long, Bernard Tesseydre (Naissance du Diable et ss), Norman Cohn (Cosmos, chaos et le monde qui vient), Robert Lenoble,(Histoire de l’idée de nature), Pierre Hadot (Le voile d’Isis)...

Il y a beaucoup à dire si l’on lit attentivement vos propos... Juste quelques remarques :
"Car, pour ce genre de texte qui pose de redoutables problèmes techniques, on a le choix entre une démarche de type "culture générale" ou de type "philosophique". La différence entre les deux, c’est l’analyse conceptuelle centrale en philosophie, extrêmement limitée en "culture générale""
Vous faites très fort !

C’est bien ce qui vous agace, je me place du point de vue d’une culture populaire "type "culture générale"" pas du dedans d’une caste de clercs qui aurait le privilège de se transmettre les mêmes concepts depuis 3000 ans environ. Et j’ose ne pas suivre vos arcanes ! Voilà la forfanterie !
Votre méthodologie est sûrement efficiente – quoique vos pseudo philosophes contemporains triturent les mêmes concepts sans en inventer – mais elle n’est pas unique, c’est aussi ce que la publication d’un tel article vous dit. Il se pourrait qu’une culture populaire émerge dont le contrôle échapperait aux clercs. C’est d’ailleurs le propos de l’article qui suivra (pour peu qu’il soit accepté)

Vous confondez la répétition de la philosophie ou sa lecture avec la Philosophie. Relisez Karl Jaspers !

Vous n’avez de l’anthropologie qu’une vision assez restreinte, à peu près équivalente à celle de H. Guaino.
Vos références à Michel Henry datent un peu, et son assujettissement – pour ou contre – au freudisme vire à l’archaïsme.

C’est à peu près tout, je vous remercie de votre commentaire et il m’a donné une idée que j’exploiterai dans le prochain article, à propos de méthode...
Bien à vous


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