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Accueil du site > Actualités > Société > PGM : des mutants dans l’assiette !

PGM : des mutants dans l’assiette !

Face au refus des OGM par les consommateurs, les professionnels de l’agroalimentaire se tournent vers une nouvelle voie : les PGM ou Plantes Génétiquement Modifiées. L’idée est simple : induire des mutations « bénéfiques » dans des semences par irradiation ou par exposition à des produits chimiques mutagènes. Un procédé pour le moins aléatoire aux conséquences mal connues.

Malgré des moyens importants, les grands groupes de l’agroalimentaire ne parviennent pas à imposer les OGM. Les européens en particulier font de la résistance ! La fameuse patate OGM autorisée par la commission européenne "uniquement" dans un but industriel et la nourriture des animaux fait grand bruit dans les Etats membres et tout porte à croire qu’une majorité de pays de l’union n’en voudront pas. Mais les industriels ont déjà trouvé une alternative pour l’alimentation humaine : les Plantes Génétiquement Modifiées ou PGM.
 
Les mutations induites
 
Concrètement, il s’agit de modifier le patrimoine génétique d’un végétal sans introduire le moindre bout d’ADN issu d’un autre organisme comme dans le cas des OGM. Il faut donc utiliser des solutions qui vont agir au cœur de l’ADN de la plante, pour transformer les gènes existants. On va donc utiliser des produits chimiques connus pour leurs effets mutagènes, ou irradier directement les semences…Dans les deux cas, les scientifiques emploient alors des doses insuffisantes pour stériliser la graine, mais suffisantes pour induire les mutations. Une fois les semences exposées, on les met en culture dans des conditions spécifiques afin d’identifier de nouvelles caractéristiques intéressantes.
 
Le procédé est complètement aléatoire car cela induit des dizaines de mutations génomiques incontrôlées mais qui sont espérées bénéfiques et sans effets indésirables trop importants (ou trop visibles…).
 
Des mutations qui rapportent…
 
Comme pour les OGM, le but recherché est d’améliorer la productivité des plantes, leur aspect ou d’autres caractéristiques qui permettront d’augmenter la rentabilité. De plus, l’intérêt final pour les industriels est de posséder des semences brevetées, qui pourront être vendues de manière exclusive. Certes, tout comme la FAO1 et l’AIEA2, les promoteurs du procédé parlent (encore !) de vaincre un jour la faim dans le monde… Mais aujourd’hui, l’intérêt pour les consommateurs n’est pas leur première motivation, d’autant que le procédé risque d’appauvrir les qualités nutritionnelles des plantes, par son impact potentiel sur les processus de fabrication des protéines, vitamines… (quand les mutations ne risquent pas de provoquer l’apparition de composés toxiques !).
 
Autre avantage et non des moindres du procédé de mutations induites : échapper ainsi à la réglementation sur les OGM (car ici, on n’ajoute pas de matériel génétique extérieur). De plus, la détection du traitement est impossible. Ainsi, inutile de suivre des réglementations contraignantes,  aucune obligation d’étiquetage spécifique ou d’information du consommateur ! Seule inquiétude pour les producteurs : mettre en place des tests bons marchés pour vérifier que personne d’autre n’exploite les plantes brevetées.
 
Ne croyez pas que ces PGM soient encore dans les laboratoires : la FAO et l’AIEA ont déjà produit un orge qui pousse à 2000 mètres d’altitude ou un riz qui pousse dans l’eau salée…
Une petite suggestion aux professionnels de l’agroalimentaire afin d’assurer des débouchés aux PGM : les CGM pour consommateurs génétiquement modifiés. Il suffirait d’irradier le public, en espérant qu’une mutation apparaisse et supprime toute opposition aux produits génétiquement modifiés (et même mieux tout sens critique)…. Mais pour transformer l’homme en mouton, il va falloir modifier beaucoup de gènes…
 
 
Pierre Ferrandon et Alain Sousa 
 
 
1. Food and Agriculture Organisation
2. Agence Internationale de l’Energie Atomique 
 

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26 réactions à cet article    


  • Faith 16 mars 2010 10:31

    Content de voir enfin un article parlant de la mutagénèse... ça change (un peu) des OGMs !
    Cela dit, c’est peut-être un peu tard :
    En 1994, la FAO a estimé que presque 70 % du blé dur cultivé en Italie provenaient de variétés obtenues par mutation, et qu’il y avait 200 cultivars de riz dérivés de programmes de sélection par mutagenèse. En résumé, les programmes de mutagenèse ont été largement utilisés par les sélectionneurs, et la plupart de nos cultures à fins alimentaires proviennent directement ou indirectement de tels programmes

    Autrement dit, nous en consommons déjà tous depuis de très nombreuses années (la technique a commencé à être utilisée en 1965)

    Pour ce qui est des semences brevetées... j’ai du mal à voir le problème : personne n’est obligé de les acheter. Si les agriculteurs choisissent ces plantes, c’est peut-être parce qu’ils y trouvent un intérêt, non ?
    De plus, un brevet est limité dans le temps (10/15 ans avant de tomber dans le domaine public, non ?) et les semences standard sont librement utilisables...


    • bo bo 16 mars 2010 12:56

      Sauf que pour commercialiser les semences vous devez avoir un accord des autorités.
      La procédure de référencement s’applique à toutes les semences... ce qui fait que vous n’avez pas le droit de commercialiser les semences naturelles ou plants que vous ramasser dans la nature.
      C’est ainsi que de nombreuses espèces d’arbres fruitiers sont en voie de disparition.
      Cette réglementation a été obtenue par les lobbies des multinationales.
      Le référencement est très couteux et très long.... ce qui exclue le particulier qui voudrait vendre un plant d’arbre fruitier et à fortiori une graine de plante « non issue de la recherche industrielle ».
      @+ Faith


    • Faith 16 mars 2010 13:48

      @bo : "ce qui fait que vous n’avez pas le droit de commercialiser les semences naturelles ou plants que vous ramasser dans la nature.« 
      On nous rebat les oreilles en disant que tel ou tel OGM/PGM présente peut-être un risque éventuel pour la santé, et vous parlez ici de »ramasser des plants qui poussent dans la nature ?"
      Les plants qui vivent dans la nature sont confrontés à une compétition importante avec les autres êtres vivants de leur écosystème, et ils ont besoin de nombreuses protections afin de survivre (parmi lesquelles : alcaloïdes, insecticides, antifongiques, ...)

      Quelle logique y aurait-il à vouloir interdire des semences sans risque connu pour en accepter d’autres avec risque potentiellement supérieur ?

      De plus il existe déjà un nombre énorme de variétés autorisées, suffisamment pour satisfaire n’importe quel agriculteur. S’il veut cultiver une nouvelle variété, il me semble normal que cela passe par un processus de validation de non-toxicité, non ?
      Ou alors pronez vous des études de 30 ans pour la OGM/PGM et 0 étude pour ce qu’on trouve dans la nature ?


    • sobriquet 16 mars 2010 14:25

      Les plantes comestibles que l’on trouve dans la nature ont déjà été testés pendant plusieurs milliers/millions d’années. Ce ne sont pas trois, quatre mutations qui ont été testées, mais des milliers, Ils n’ont pas été testés pendant 1 ans, 10 ans, 30 ans, mes sur des dizaines de siècles.

      Les OGM/PGM sont testés sur une minuscule gamme de mutations, pendant une période encore plus minuscule. Pire, ils sont testés par les institutions même qui ont intérêt à ce qu’ils soient approuvés.


    • bo bo 16 mars 2010 14:45

      Le monde existe depuis longtemps, la culture aussi..... l’emploi de semences sélectionnées se sont progressivement développées sur des siècles (puis accélérés depuis 1945 : travail d’origine de l’INA avec de bons résultats..) ... ce qui est en cause c’est la réglementation draconienne sur les semences qui n’existe que depuis 20 ans !
      En obligeant à n’utiliser que des semences référencées par les grandes multinationales vous allez affamer le monde : interdire les cultures traditionnelles en Afrique...obliger les paysans du tiers monde à acheter chaque année des semences « stériles »... bravo !!
      Pour votre information en France pour cultiver un hectare de maïs en 2010 le coût d’achat des semences plus engrais est cette année supérieur à 450 € par hectare.
      L’achat ne suffit pas, il faut labourer, semer : cela coûte du fioul, de l’amortissement de matériel.
      Ensuite, il faut traiter avec des pesticides dans tous les cas de figures (maïs OGN ou pas : les OGN ne dispense pas de traitement contre les mauvaises herbes et petits autres prédateurs de la nature). Pour votre info un traitement toutes les 2 à 3 semaines est nécessaire.
      Et bien sur, il faut arroser.. puis ramasser.
      La vente s’effectue avec un calcul qui est déterminé par le degré d’humidité de votre récolte par rapport à un prix de référence du marché déterminé en fonction de l’offre, de la demande et de la spéculation (notamment à l’aide de produits dérivés swappés..)
      Résultat, cette année, avant les aléas de la météo, tous les spécialistes tablent sur une perte nette à l’hectare d’environ 200 €......(rendement entre 110 et 140 q par hectare).....et cela sans compter l’heure de travail qui comme chacun sait « ne se compte pas en agriculture » sauf quand vous avez un salarié agricole au 35 heures.....
      Cette « filière » est très malade.... dans le sud-ouest, les agriculteurs ont survécu l’année dernière grâce au « gras »... 2010 va être une année dramatique pour l’agriculture française
      Les conditions du travail agricole et son cadre économique ont été totalement bouleversée depuis 20 ans.
      Les législations « stupides » entassées de Bruxelles... et l’appétit des producteurs de semences en position de monopole.... sont en train de tuer une grande partie de l’agriculture européenne et bien sur française....


    • Faith 16 mars 2010 15:35

      "Les plantes comestibles que l’on trouve dans la nature ont déjà été testés pendant plusieurs milliers/millions d’années. Ce ne sont pas trois, quatre mutations qui ont été testées, mais des milliers, Ils n’ont pas été testés pendant 1 ans, 10 ans, 30 ans, mes sur des dizaines de siècles.« 

      Non, désolé, les plantes que tu trouves dans la nature n’ont pas été testées.
      Elles sont en perpétuel changement et si tu ramasses une baie dans la nature, il y a une grande chance qu’elle soit toxique.
      Il faudrait que vous réalisiez que même le blé que nous connaissons tous :
      http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Wheat_close-up.JPG
      N’a rien de naturel. Si vous voulez du naturel, voilà ce que vous devrez manger : de l’égilope, son ancêtre :
      http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b5/Aegilops-speltoides-heads.jpg

      Est-ce que Aegilops a été testé pendant des millénaires ? Non. Et si vous voulez vendre ça dans le commerce, j’espère bien qu’on exigera de vous des études de non toxicité sur 30 ans.

      PS : »Il a fallu 20 ans à M. Jolivet pour réussir la synthèse du blé à partir de l’égilope en augmentant par étapes successives son taux de ploïdie. Pour ce faire, il a exposé la plante et son génome à une toxine, la colchicine (puissant agent anti-mitotique)."


    • sobriquet 16 mars 2010 15:54

      Je persiste, les plantes que l’on trouve dans la nature ont été testées, et pas par un chercheur motivé par sa seule prime d’intéressement.

      Je crois juste que vous ne comprenez pas mon propos. Pour qu’une baie soit considérée comme toxique, il faut que l’on l’ai testée. Et on a pris cette initiative bien avant que le premier laboratoire d’agronomie ouvre ses portes. Si nos ancêtres avaient dû attendre qu’on invente les laboratoire pour tester leur alimentation, on ne serait plus là pour en parler. Ils y ont gouté, se sont intoxiqués parfois, donné des conseils aux autres souvent. Des générations successives se sont nourries de châtaignes, de pissenlits, et de dizaines d’autres herbes sauvages. Nous avons co-évolué avec ces plantes, nous avons appris à nous y fier et à nous en méfier, à distinguer les plantes comestibles des plantes toxiques. Certaines ont causé des troubles à long terme, bien sûr, peut-être même des effets teratogènes, qui sait ? Mais leur consommation par des centaines de générations successives constitue une garantie suffisante de leur fiabilité. Des tests de cette qualité, même les meilleurs laboratoires du monde ne pourront jamais nous les fournir.

      Vous oubliez un peu vite que l’Humanité n’est pas née toute armée de ses laboratoires et de son agro-industrie. Nous somme issus d’une très longue sélection naturelle, et héritiers d’un savoir agricole qui a longtemps assuré notre survie.

      L’émergence de l’agronomie de laboratoire a eu tendance à nous faire oublier cela : nous ne connaîtrons jamais tous les processus biologiques, mais nous savons déjà ce qui marche. A choisir entre manger des pissenlits et manger un OGM, je n’hésite pas une seconde.


    • Faith 16 mars 2010 16:37

      "Vous oubliez un peu vite que l’Humanité n’est pas née toute armée de ses laboratoires et de son agro-industrie. Nous somme issus d’une très longue sélection naturelle, et héritiers d’un savoir agricole qui a longtemps assuré notre survie."
      Et vous oubliez que depuis l’apparition de l’agriculture, les plantes ont continué à évoluer.


    • sobriquet 16 mars 2010 16:41

      Ou alors j’ai gardé à l’esprit que nous avons continué à co-évoluer avec elles ? smiley


    • Faith 16 mars 2010 16:47

      "A choisir entre manger des pissenlits et manger un OGM, je n’hésite pas une seconde."
      Certes... mais les pissenlits sont très connus pour être bons à être consommés.
      Mangeriez vous des chardons, du gui, de la fougère ? Je crois que deux d’entre eux sont toxiques...
      Ne parlons pas des jolies petites boules rouges qui poussent un peu partout (pyracanthas, ...)


    • Faith 16 mars 2010 16:49

      "Ou alors j’ai gardé à l’esprit que nous avons continué à co-évoluer avec elles ? "
      Vraiment ? quels ont été nos contacts alimentaires avec ces plantes depuis que l’agriculture est apparue ?

      Enfin bref, comme vous voulez, allez vous récolter vos plantes naturelles et comptez le nombre de personnes que vous pourrez nourrir avec un hectare de ces plantes... ce sera très amusant.


    • sobriquet 17 mars 2010 00:34

      Mouais je la voyais venir celle-là. Toujours cette vision du Progrès inexorable et révolutionnaire, incontournable... Je veux bien vous donner une petite leçon, mais tâchez de vous renseigner par vous même, plutôt que vous faire la voix de l’ignorance.

      L’émergence de l’agriculture n’a pas porté de coup d’arrêt à la consommation de plantes sauvages. La baisse importante de leur consommation un phénomène très récent, que l’on peut faire remonter au mieux au début du siècle, mais plus particulièrement à la suite de la seconde guerre mondiale. Les plantes sauvages ont toujours eu une importance stratégique chez les populations les moins riches. Aujourd’hui encore, on consomme abondamment des champignons, des prunelles, etc. Les châtaignes, entre autres sont très intéressantes nutritionnellement. D’autres plantes ont été cultivées puis abandonnées. L’égopode podagraire, notamment, semble avoir été abandonnée car elle proliférait trop... Le régime crétois authentique est connu pour la longévité qu’il procure et pour sa richesse en plantes sauvages. Si vous passez dans une maison de retraite, vous rencontrerez à n’en pas douter des gens qui mangeaient régulièrement des plantes sauvages dans leur jeunesse ; des pissenlits entre autres.

      Par ailleurs, on peut aussi bien citer des espèces qui ont co-évolué de longue date avec l’humain et qui nous sont encore familières : pommes, carottes, ... l’homme a effectué des sélections sur ces espèces, mais à un rythme incomparablement plus raisonnable que ce que l’on fait depuis le 20e siècle.

      Pensez-vous qu’il aurait fallu tester en laboratoire les milliers de variétés de pommes qui existaient au début du siècle, et qui pour la plupart avaient une répartition très locale ? Avec 5 variétés de pommes commercialisées aujourd’hui en France, ça paraît peut-être moins absurde.

      Quant à la question de la productivité, en effet, amusons nous. Commencez par constater que 70% des surfaces agricoles sont destinées à la production de viande (fourrage et pâturage). Constatez que nous sommes en surproduction et surconsommation de viande. Constatez qu’en convertissant ces surfaces de cultures à une production alimentaire directe, nous pourrions allègrement nourrir le double de la population mondiale actuelle, et encore, je suis modéré. Concluez que nous n’avons aucun problème de productivité.

      Mais continuons à nous amusez, puisque vous semblez d’humeur. Comparez le rendement énergétique de la production d’un quintal de blé de Beauce à celui d’un quintal de la plante sauvage de votre choix, en milieu sauvage. Comparez le coût environnemental d’un millier d’hectare de cultures intensives à celui de la surface sauvage permettant une production comparable. Le rendement pourrait être dix fois moindre, on y gagnerait encore.

      Avec un hectare de plantes sauvages ou semi-sauvages, on pourrait nourrir de manière équilibrée environ 4 personnes. avec les 300 000 km² de surface cultivables que comporte la France, on peut affirmer avec une prudence excessive que l’on pourrait nourrir 120 millions d’habitants.

      A quoi serviraient les PGM dans ces conditions ?


    • Faith 17 mars 2010 09:57

      @Cassino : Merci pour ce rappel important.

      @sobriquet : vous sortez des chiffres intéressants, dommage qu’ils n’aient pas de sources.
      Alors j’ai refait le calcul et je tombe sur des chiffres globalement similaires (si je me base sur la productivité des épinards... qui sont quand même une plante sélectionnée et très performante)
      Nous en arrivons donc à conclure que pour une alimentation purement végétarienne on pourrait de justesse (car vos plantes sauvages n’ont pas la rentabilité des épinards, désolé) se contenter , en France (donc en excluant toute exportation), de ces plantes.

      Cela ne nous laisserait qu’une marge de manoeuvre minuscule en cas d’intempéries/sécheresse, nous donnerait une diversité alimentaire assez restreinte. De plus, ce qui est applicable à la France (pays tempéré, peu densément peuplé) ne le serait même pas pour l’Allemagne (densité double de la notre) ni pour le Royaume Uni et même la Chine (pourtant si vaste) aurait des problèmes... (je n’aborderait bien sur pas le cas de l’Inde ou du Japon...)
      Le tout pour une alimentation purement végétarienne, je le rappelle.

      Bref, à partir des mêmes chiffres que vous, je n’obtiens pas les même conclusions.

      J’ajouterais qu’on est dans une économie mondialisée et que la course à la productivité est quasiment indispensable car si une agriculture n’est pas rentable, elle sera écrasée par celle des autres pays, qui eux auront préféré les PGM aux plantes sauvages.

      Pour conclure : Si la France était le seul pays de la planète, je serais bien d’accord avec vous de nous concentrer sur les espèces existantes sans forcément chercher à obtenir toujours plus de rendement. Mais la situation mondiale étant ce qu’elle est, je considère que PGMs et OGMs sont un atout important (pas indispensable, mais important)


    • sobriquet 17 mars 2010 15:17

      Certains de ces chiffres n’ont pas de source car ils sont issus de calculs personnels. Pour les chiffres de production et de terres agricoles disponibles, référez vous à faostat. Pour davantage de chiffres sur la viande, référez vous à ce rapport de la fao : L’ombre portée de l’élevage.

      Ils ne supposent pas une transition à une alimentation végétarienne, mais vers une consommation raisonnable de viande. Il est recommandé de consommer entre 0 et 300g de viande cuite désossée par semaine pour un adulte. Avec la production mondiale de viande de 2008, on aurait pu fournir 300g de cette viande cuite désossée à 10 milliards d’habitants. Sachant qu’avec la surface, l’énergie et l’eau nécessaire, pour produire 1kg de viande, on peut produire 5 à 15 kg de nourriture végétale, on se rend vite compte que la productivité est un faux problème.

      J’ai essayé de refaire votre calcul sur la base de la production d’épinards et des chiffres de la FAO : en 2008, 64,4 km² ont produit 143 000 tonnes d’épinards. Si on convertissait toutes la surface cultivée à cette production (c’est une vue de l’esprit, bien entendu), on produirait environ 650 millions de tonnes d’épinards. Si chaque français en consommait 20 kg par jour (chiffre très exagéré pour prendre en compte les plantes moins productives), cela pourrait nourrir environ 90 millions d’habitants.

      Quant aux problèmes de sécheresses, de canicules, etc., les plantes les plus rustiques sont les plus résistantes. Ce sont également celles qui exigent le moins de soin. On ne les favorise pas parce que, justement, on se focalise trop sur la productivité.

      Là où je tombe d’accord avec vous, c’est qu’on ne considère pas cette option essentiellement pour des questions de compétitivité économique, autrement dit, de rentabilité. Même les pays les plus touchés par la faim entre dans cette course absurde au détriment de leur population. Nous n’avons donc pas de problème alimentaire, pas de problème de population, mais un gros problème d’organisation économique à l’échelle mondiale.


    • Faith 17 mars 2010 15:46

      J’ai reposé mes calculs, de peur d’avoir fait une erreur, et je me suis aperçu que j’en ai bien fait une : la situation est pire que je n’avais précédemment calculé :

      650 millions de tonnes d’épinard fournissent (sans pertes) 16250000 millions de kCal
      Un humain a besoin de 2000 kCal par jour soit 0.73 millions de kCal par an

      En calories, les 650 millions de tonnes d’épinards (qui nécessiteraient de mettre en culture les jachères) ne nourriraient que 22 millions d’humains.

      Quelle plante « naturelle » vas-tu utiliser pour fournir les calories nécessaires à la population française ?


    • Faith 17 mars 2010 15:48

      Note : "Quant aux problèmes de sécheresses, de canicules, etc., les plantes les plus rustiques sont les plus résistantes« 
      Les plantes les plus résistantes à ces problèmes ont aussi un rendement moins bon. C’est une règle »de la nature".


    • sobriquet 17 mars 2010 16:18

      Un humain n’a pas besoin de 2000 kCal/jour mais de 2000 kcal/jour. La différence est significative : 1 Cal = 1000 cal ! Par ailleurs pour produire une calorie de viande, il faut entre 4 et 20 calories de céréales...

      Si le reste de ton calcul est juste, on en arrive donc à... 22 milliards de Français...

      Par ailleurs, d’après la FAO, les jachères ne représentent que 4% des terres agricoles françaises, ce n’est pas significatif pour nos calculs de coins de table.

      Cela me rend confiant concernant les questions de productivité et de rendement, que ce soit en terme de masse ou d’apports énergétiques. Pas toi ?


    • Francis, agnotologue JL 16 mars 2010 11:03

      La puissance de ces multinationales est considérable et nous entraîne chaque jour un peu plus vers des voies sans issues. Il y a de quoi s’inquéter quand on sait que des pays entier en arrivent à vendre leurs terres arables par millions d’hectares à des multinationales pour y cultiver des OGM ou PGM. Que ces OGM ou PGM consomment une quantité phénoménale d’eau, une ressource déjà rare, voire manquante pour les agricultures vivrières !

      « L’uniformité c’est la mort, la diversité c’est la vie. » (Bakounine)

      Les OGM c’est la mort de la diversité, à terme c’est la mort de l’humanité !


      • Ronny Ronny 16 mars 2010 11:23


        Ce qui serait bien, une fois pour toute sur ces dossiers PGM et OGM, ce serait d’apporter une information neutre, de facon non baisee a nos concitoyens. Apres le delirant article d’hier sur Avox sur les OGM, voici les mutants dans nos assiettes... Cela par bien !

        Effectivement, des varietes mutees existent ou sont en cours de creation. Comme le remarque Faith plus haut, cela fait des annees que cette technique est utilisee avec un interet reel en amelioration varietale. Cet interet de la technique est de pouvoir generer de la diversite rapidement et facilement, par des processus qui sont - somme toute - semblables a ceux qui se produisent naturellement, mais a bien plus basse frequence dans la nature. On pourra alors introduire la mutation d’interet dans une lignee deja connue par croisements classiques successifs (on dit introgresser), ce qui permet de se debarasser des mutations non souhaitees presentes dans le parent mute. Et effectivement, ce ne seront pas des OGM !

        Cette methode a aussi ete utilisee de facon empirique par nos anciens, qui ont mis a profit les mutations naturelles ou les proprietes genetiques d’autres lignees vegetales, lors de croisements forcees entre especes, donc entre organismes en general non interfertiles. La tomate que nous connaissons resulte d’au moins un croisement avec une espece voisine toxique (qu’est ce que l’on dirait si on avait introduit un gene toxique par ingenierie genetique aujourd’hui smiley ! ), et les clementines (que l’on propage par greffage ) resultent soit d’un croisement artificiel, soit d’une mutation spontanee... On peut ainsi s’amuser a comparer les lignees de mais actuelles obtenues par croisement et selection avec ce qu’est son ancetre le plus probable, la teosinte... Le mais est d’ailleurs un exemple interessant de variabilite genetique naturelle, qui repose sur des insertions de sequences d’ADN multiples (des elements mobiles) au hasard dans sons genome, sur des deletions de fragments de chromosome, voire sur des deplacements de fragments entiers de chromosomes d’un endroit du genome a l’autre. 

        On pourrait aussi parler de la banane, « monstre » genetique naturel, resultats d’hybridation multiple, et de doublement voire de triplement de genome...

        Deniers points : les seules questions qui valent en matiere de PGM et OGM sont celles de la privatisation du vivant, de brevet,etc. Les question relatives aux « risques potentiels » sont la pour faire peur a nos conitoyens et polluer le debat. Les risques sanitaires lies aux OGM PGM sont archi faibles pour ne pas dire nuls ! Je n’’en dira pas autant de l’usage des pesticides par exemple... En 25 ans de culture, y compris de culture extensive (certaines varietes sont 100% OGM en Argentine, au Canada , en Chine ou aux USA), on n’a pas constate de toxicite aigue, ni chronique de ces lignees. En revanche certains risques environnementaux existent, tels le risque de croisement de varietes OGM ou PGM avec des especes voisines mauvaises herbes (on parle d’adventices), par exemple pour le colza, ce qui pose le probleme de contamination de filiere. idem pour les risques lies au contournement de resistance, par exemple dans le cas des mais BT. Curieusement, ces questions ne sont pas propres aux OGM. Les contaminations de filieres existent pour tout le secteur agroalimentaire (c’est pour cela qu’il est ecrit sur certains produits « peut contenir des traces d’arachide, ou de noix », etc.). Les contournements de resistance se produisent aussi avec des varietes non OGM ou PGM, ainsi que vis a vis de produits phytosanitaires. De meme la privatisation des semences, probleme reel, n’est pas specifique des OGM / PGM : les agriculteurs qui doivent racheter leurs hybrides F1 tous les ans le savent bien.

        Un peu de serenite dans le debat ne ferait donc pas de mal !

        Desole pour les accents, Avox me les « bouffe » !


        • alberto alberto 16 mars 2010 15:11

          Ronny : très bon commentaire,

          Cependant quand tu affirmes : "Les risques sanitaires lies aux OGM PGM sont archi faibles pour ne pas dire nuls !" Voilà une affirmation un peu téméraire du fait qu’ à ma connaissance, aucune étude épidémiologique ne vient la confirmer ce qui est très dommageable pour la confiance des consommateurs.

           En ce domaine la seule chose dont on soit sûr, c’est que les aliments contenant des OGM ne sont pas des poisons violents, mais à long terme : mystère ! Et ce n’est pas l’état de santé des citoyens étatsuniens qui pourra me rassurer, eux qui parait-il en consomme depuis des lustres.

          Bien à toi.


        • CRIIRAD CRIIRAD 16 mars 2010 19:29

          Dans le cas présent, ce qui est inacceptable pour la santé des consommateurs ce n’est pas l’existence d’une mutation « empirique » naturelle, mais le jeux aléatoire auquel se prêtent des laboratoires industriels en irradiant ou en exposant des semences à des produits chimiques mutagènes pour provoquer des mutations artificielles.

          C’est plus inacceptable encore, quand ces semences expérimentales impropres à la consommation s’immiscent dans notre alimentation sans qu’aucun étiquetage permette au consommateur averti de faire son choix en connaissance de cause.


        • Faith 17 mars 2010 10:09

          @CRIIRAD :
          Savez vous que les seules espèces toxiques qui ont été commercialisées (des pommes de terre, notamment) étaient des espèces obtenues « normalement » ?
          "La patate Lenape par exemple a été mise sur le marché alors qu’elle était mortelle, et a envoyé son premier consommateur dans le coma.
          La patate Magnum Bonum, une des variétés ramenée d’Amérique début 1800 a été consommée pendant un peu moins de deux siècle
          s, avant qu’on se rende compte en 1995 qu’elle était toxique."


        • sobriquet 16 mars 2010 14:03

          Les techniques de modification génétiques (PGM et OGM) ont pour vocation de faire évoluer de manière accélérée des espèces de notre environnement proche, et notamment de notre alimentation. Il s’agit bien d’une « amélioration » des techniques de croisement-sélection de nos aïeux, qui avaient pour principal inconvénient d’être très lentes.

          Ce que l’on ne dit pas, c’est que nous co-évoluons avec ces espèces depuis des millions d’années : ce sont autant de millions d’années dont nous avons disposé pour nous adapter aux évolutions de ces espèces. De même, les espèces que nous mutons co-évoluaient avec des dizaines d’autres espèces depuis des millions d’années. En augmentant la vitesse d’évolution, et en distribuant massivement ces mutations dans l’environnement, nous imposons mécaniquement une pression sélective plus importante sur l’environnement des organismes mutés et sur nous-mêmes. Concrètement, cela se traduit par des redistributions des niches écologiques, et chez nous, par des probabilités accrues de développer des pathologies.

          En pratique, on n’a pas attendu le génie génétique pour en constater les effets de ces sélections variétales intensives : le développement de blés plus faciles à panifier a augmenté leur teneur en gluten, qui rend la digestion plus difficile, et provoque chez certains des intolérances. Il s’agit bien d’une maladie que nous avons fabriquée de toutes pièces. De même, les abeilles, que nous avons sélectionnées pour leur docilité, sont bien plus vulnérables aux maladies (et notamment au varroa), que les abeilles plus sauvages.

          On pourrait citer des dizaines d’exemples. Je ne remets pas en question l’intérêt de la sélection, et même pas des modifications génétiques. Simplement, il faut se garder de vouloir faire évoluer des espèces trop vite. Il faut laisser aux espèces avec lesquelles elles sont en contact le temps de s’adapter.

          Avant le développement de l’agro-industrie, une mutation un peu trop « évoluée », trop efficace, avait peu de chance de se répandre car elle désorganisait trop son écosystème pour être pérenne. A l’ère de l’agro-industrie, il est devenu facile de répandre sur toute la surface de la terre une mauvaise mutation, et ainsi de désorganiser des dizaines d’écosystèmes de manière irréversible...


          • Mathieu 16 mars 2010 18:17

            Je ne comprends pas la polémique smiley

            Absolument aucune plante cultivée par l’homme n’est naturelle*.
            Toutes sont le résultat de sélections, croisements, d’aléatoires.

            Plantez de l’orge à 3 rangs dans la nature, elle ne va pas faire long feu : ces espèces sont incapables de se développer dans un environnement concurrentiel.

            Ce qu’on fait avec des OGM et des.. PGM, c’est faire la même chose que ce qu’on fait depuis des millénaires, mais au scalpel moléculaire.

            Introduire un gène ne pose pas de problème dans l’essence du complexe. Le génie génétique est une méthode.

            C’est débile d’introduire un gène de poison quelque part dans l’alimentation, je suis bien d’accord. Seulement, ce n’est pas ce qui fait.

            Les seuls arguments recevables viennent de la brevetabilité des résultats et de l’impact économique de la chose.


            • vergobret 16 mars 2010 19:58

              La première agriculture date de la Révolution néolithique (-6000-1800). Depuis lors l’homme manipule naturellement ses plans par la sélection des graines.
              Et auparavant, pendant des (pas trop qd même) millions d’années, les proto-humains étaient soit charognards (cadavres naturels -parfois toxiques...) soit mangeurs de racines (dentitions), et d’abord les deux.
              Peu d’impact sur le milieu (ici, plantes et baies), donc.
              Premières interventions niveau de molécule aux usa par un agronome noir (un des rares diplômé sup de ces temps) vers 1945.
              Le problème de l’ogm n’est pas dans la légitimé de transformer ; les instances ne jugent pas (plus) cela mais les tests de tolérance (dans les conditions que l’on sait).
              Le problème de l’ogm est d’ordre juridique, contrôle et production du vivant.
              Faire évoluer les espèces : c’est oublier les faits, les manips génétiques, 90% de la production des graines de denrées, sont apportées pour faire résister les plants aux toxiques qui leurs seront appliqués par sulfatages conventionnels (culture industrielle) et ces graines sont stériles...cela relativise l’amélioration revendiquée (monopole de fait, donc, tests escamotés et votes expéditifs).
              Les critères des manips génétiques ne sont pas liés à l’amélioration d’une espèce (végétale) mais pour répondre à des impératifs commerciaux et de production exclusifs.

              Confondre sélection naturelle (ce que font les grainiers non-ogm) avec manip génétique participe du contresens. Les grainiers non-ogm, garants de la diversité des familles non modifiées, se font absorber (liquider). C’est une technique commerciale d’absorption de la concurrence (mcrsft), pour contrôle des prix, déjà.

              Mathématiques impertinentes
              Problème, 90% des graines à ogm commerciales sont détenues par un groupe seulement.
              Les protocoles des tests ne sont accessibles à personne.
              In-situ, la barrière des espèces ne constituant pas un clos naturel, les transformations sont exponentielles et réputées irréversibles.
              Question, peut-on parler de politique commerciale type privé appliquée à des continents type nation ? En déduire la relative facilité que permet l’Europe de faire appliquer ces lois à un ensemble de pays. Dire comment relativiser cette facilité.
              En déduire l’empressement des commissaires européens à faire adopter aux parlementaires ces lois.
              Merci de l’attention et à l’auteur.


              • Solipse 18 mars 2010 22:22

                Les PGM semblent être un terme inadapté pour décrire le sujet de l’article. En effet les PGM sont des OGM de plantes, c’est donc un sujet très général, qui comprend la mutagénèse et la transgénèse, à priori.
                Les législations ne déterminent pas les réalités scientifiques, on appellerait plus couramment ces plantes des ogm si l’on pouvait déterminer la méthode d’obtention de la souche, or s’il n’y a pas de gène étranger, les producteurs peuvent rester sous le couvert de l’incertitude.

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