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Accueil du site > Actualités > Politique > BHL au Nigéria : je sais rien mais je dirai tout !

BHL au Nigéria : je sais rien mais je dirai tout !

L’histoire est savoureuse, elle date de 1992, et déjà le philosophe guerrier sévissait. A l’aune de ses exploits en Libye et de son analyse complète et exhaustive sur l’Ukraine, elle va nous aider à mieux comprendre comment cet individu peut analyser et décortiquer un pays sans sortir pratiquement de la voiture et du canapé de l’ambassadeur, le tout en 48 heures beuveries comprises.

 

Il convient de savoir que les déplacements de son excellence BHL se font avec tambours et trompettes, il ne peut pas, en effet, arriver à Lagos ou à Kiev sans être attendu par un Ambassadeur le doigt sur la couture du pantalon, avec carpettes, courbettes, cérémonies et demoiselles d’honneur.

Vu de l’autre côté du miroir, en l’occurrence de Lagos, l’annonce de la visite en mars 1992 de l’illustrissime déclenche le branle-bas dans la communauté française ; son excellence doit en effet être accueillie avec les honneurs dus à son rang, à savoir celui du pourfendeur des communistes et des dictateurs, l’homme qu’a vu l’homme qu’a vu l’homme qu’a vu celui qui avait le couteau entre les dents. Encensé pour son délire érotomaniaque intitulé « La barbarie à visage humain », l’illustre éclairé venait sauver le Nigéria, et pour ce faire, il venait prendre le pouls du malade, s’annonçant initialement pour un séjour d’une semaine.

Voyons donc ce qu’il écrivait suite à sa visite, en mars 1992 (document joint intitulé « carnets de route de BHL »).

 

Suite à ce « carnet de déroute » ma tante (Mirella Sylvia Mason-Luçon), alors résidente au Nigéria depuis 1980, a écrit au rédacteur en chef du Point pour faire part de l’indignation provoquée, évoquant au passage quelques incohérences entre le « dit » et le « fait », notamment la prétendue visite de prisonniers dans leurs cellules (voir courrier joint) et la réponse reçue ensuite, ainsi que la petite réaction émanant de l’Ambassade du Nigéria à Paris.

Si nous nous référons à son programme officiel, puisqu’il devait être suivi et accompagné en permanence par une équipe mise sur pieds par l’Ambassadeur et les Patrons des entreprises françaises alors en poste à Lagos, dont mon oncle, Claude-Henri Luçon, lequel avait vécu et travaillé au Nigéria en 1960, puis en 1964 et enfin de 1979 jusqu'à l’arrivée de l’illustrissime analyste socio-politique qui devait être en mesure de voir comment ce pays évoluait, avançait, ce que les uns et les autres y faisaient, et ce qu’il convenait de changer suite à ses remarques.

 

Il faut dire que ces patrons avaient mis les grands moyens pour que cette visite d’une semaine soit bien remplie : Jet privé Elf, hélicoptère prêté par Shell sur demande de mon oncle, engagement de Total, Spie-Batignolles, Michelin, Sofremas, Omnitech , et quelques autres sans compter le personnel de l’Ambassade, l’illustrissime devait effectuer une vraie visite terrain, tous frais payés, en ville, en brousse, sur les plateformes pétrolières, dans les usines, celles de Michelin a Port Harcourt et de Peugeot a Kaduna en particulier, aller au milieu de la population, visiter une prison, des hôpitaux, bref toutes ces choses qu’il raconte faire et voir dans ses écrits. La visite commençait bien évidemment par une réception « ad hoc » dans la résidence de l’Ambassadeur, champagne et petits fours, baise mains et courbettes, avant le stage de découverte « in vivo ».

 

Pour résumer, quand j’écris plus haut qu’il a été accompagné en permanence, il faut bien comprendre le sens du mot permanence ; il était en permanence entre l’Ambassade pour les réceptions et la résidence de l’ambassadeur pour le coucher ! Pas de pute locale pour l’accompagner dans les bas-fonds, pas d’altercation avec la police, pas de promenades seul et sans escorte, pas de rencontre avec Fela, pas de visite des cellules de la prison, pas de seaux de merde sur la tête d’hommes dignes, bref l’individu n’a rien vu, rien fait et s’est barré avant terme avec un prétexte dont tout Lagos pourrait rire encore si ce pays n’avait pas tiré un trait définitif sur ce mauvais comique-troupier : selon lui « son épouse de l’époque, Arielle Dombasle, l’avait rappelé d’urgence en France car elle craignait pour sa sécurité et sa vie (à lui, pas à elle) ».

Explication pour le moins saugrenue pour un philosophe baroudeur de son calibre, personne n’y a cru. Ce n’est que bien des années plus tard, lorsque notre BHL démontra sa suprématie sur Kadhafi, et ses talents de pourfendeur de dictateurs, que l’explication devint enfin claire.

 

Reprenons : en 1986, le fort célèbre écrivain nigérian, Wole Soyinka avait obtenu le Prix Nobel de Littérature et, à l’époque, les USA et l’Europe se passionnaient pour cette remarquable combinaison drogué-proxénète-musicien-fauteur de troubles qu’était Fela Kuti.

Soyinka et Kuti : les « consciences » du pays écrit BHL. Il aurait pu ajouter « et les machines à sous » car il était clair que la conscience des deux compères se situait autant au niveau du portefeuille qu’à celui du cerveau des gogos.

L’un prix Nobel et l’autre objet du délire des jeunes groupies américano-européennes des années 80-90 avaient attiré l’attention de notre « gavroche du pauvre ».

 

Parallèlement à ces deux compères, le Nigéria possédait d’autres personnages, tout aussi célèbres, tels que :

- Ken Saro-Wiwa, lui aussi écrivain très populaire au Nigeria, qui se battait pour les intérêts de son peuple et en est mort, pendu en 1995 ;

- Bobby Benson, musicien, (gentleman Bobby) qui avait fait l’honneur de son pays en particulier avec sa version du Highlife bien avant Fela et sans l’aide de diverses drogues et des 40 demoiselles composant le harem personnel de ce dernier. Bobby Benson et ses Combos avaient célébré l’indépendance de leur pays, le 1er Octobre 1960, en compagnie de Louis Armstrong et des All Stars.

 

Ignorer Ken Saro-Wiwa et Bobby Benson dans l’histoire du Nigéria est pour le moins surprenant de la part de quelqu’un qui avait rédigé ses « premières impressions » douze ans auparavant, soit en 1980.

 

La raison de la visite de BHL au Nigeria en 92 est devenue soudain claire, ses récents exploits libyens et ukrainiens aidant à cela, car l’illustrissime ne se déplace pas pour rien ; il doit marquer son empreinte, et dans ce cas du Nigéria il venait pourfendre les dictateurs militaires qui jetaient en prison quelques récalcitrants quand ils ne pourchassaient pas Maitatsine, le précurseur de Boko Haram, tout en essayant de construire le plus grand pays noir de la planète dans lequel musulmans, du nord, et chrétiens, du sud, se trucidaient brutalement depuis 1960 … et continuent d’ailleurs de le faire aujourd’hui.

Les dictateurs nigérians avaient joué un mauvais tour à BHL, ils l’avaient pris de vitesse et l’autre n’avait plus d’objet de mécontentement guerrier.

En outre et à l’époque, Bill Clinton, le Révérend Jessy Jackson, quelques autres leaders américains ainsi que de très riches hommes d’affaires nigérians préparaient déjà le départ des militaires et l’instauration de la démocratie à l’américaine ; BHL, sinon inexistant du moins microscopique face à ces gens, faisait piètre figure en comparaison.

 

Il faut lui rendre justice, il a compris en moins de 48 heures et est reparti, il n’y avait rien à pourfendre. Arielle n’avait probablement pas téléphoné.

 

Dans la même lignée, sa visite éclair en Ukraine et son soutien indéfectible aux nazillons et aux snipers appartenant à « Stay Behind » (Gladio) relèvent de la même intelligence éclairée : une photo furtive, un cocktail appuyé, un hébergement chez l’ambassadeur, et un article délirant pour conclure. Cela a marché en 1992, cela fonctionne depuis, car l’homme a ses entrées … même à l’Elysée ! N’est-il pas celui qui a fait chuter Kadhafi ?

 

Les prochains épisodes attendus sont BHL en Syrie, BHL en Centrafrique, BHL au Tibet, BHL à Disneyland, … et BHL à la CPI ?

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Carnet de route BHL
Carnet de route BHL
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Reaction Mirella Sylvia
Reaction Mirella Sylvia
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Reponse Le Point
Reponse Le Point
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Reaction Ambassade Nigeria
Reaction Ambassade Nigeria

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9 réactions à cet article    


  • filo... 16 avril 2014 10:31

    BHL un vrais problème français ?

    Ou simplement quelqu’un qui résume l’esprit néocolonial français actuel ?


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 16 avril 2014 13:00

      pas faux ...


    • claude-michel claude-michel 16 avril 2014 10:35

      BHL est un provocateur dangereux travaillant pour des officines classées secret défense implantées à l’étranger...En 45 a la libération il aurait été fusillé.. !


      • Gérard Luçon Gérard Luçon 16 avril 2014 13:02

        A partir du moment ou un Etat permet à un individu sans limites de fonctionner dans l’impunité ...


      • bnosec bnosec 16 avril 2014 13:11

        Une fois j’ai marché sur BHL. Du pied gauche heureusement. Il parait que ça porte bonheur.


        • Abou Antoun Abou Antoun 16 avril 2014 14:43

          Des guignols de son acabit tout pays, et donc la France, en produit par milliers.
          L’inquiétant est que celui ci ait ses entrées à l’Élysée. C’est le second du capitaine, à la barre du pédalo. C’est vraiment flippant !


          • Gérard Luçon Gérard Luçon 16 avril 2014 15:11

            il était déjà le second du précédent « capitaine », à se demander qui est le second et qui est derrière !!!!


          • franc 16 avril 2014 17:29

            J’aime bien la chute qui m’a fait éclater de rire m^me si le sujet ne prêtait pas à rire ----------------------------------------------et BHL à la CPI !?


            • egos 17 avril 2014 01:22

              @Gérad Luçon


              qqes touches de couleurs supplémentaires au portrait déjà surréaliste de l’agité guerrier du bocal
              ns sommes (nombreux) impatients de connaitre des détails de ses prétendues interventions en Lybie en préalable aux interventions militaires alliées,
              combien de divisions de barbouzes pour protéger notre fumeux Baron de Munschausen , qu’à t il reçu e guise de tribut ?
              N’est pas Malraux qui veut, encore qu’à y regarder de près celui-ci n’ait pas possédé toutes les qualités supposées d’un héros cultivé et désintéressé, 
              Hemingway ? mais là manquent à notre naisse l’étoffe, le génie le talent et le reste Lu ds la presse, BHL récuse son âge chronologique, question de capuchons et de gênes (assez déconcertant pour 1 malotru sans-gène) il faut airs croire que le ridicule rajeunit, c’est mal parti !

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