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Accueil du site > Tribune Libre > L’heure de la politique post-héroïque a sonné

L’heure de la politique post-héroïque a sonné

Convaincu de la certitude de détenir « sa » vérité, quel gouvernant n’a éprouvé un jour le désir de « dissoudre le peuple » (B. Brecht) ? La tentation est en effet grande, pour le héros politique amer, de changer le peuple ingrat, ce peuple incapable de comprendre la difficulté et les immenses finesses de l’art de gouverner. Cette idée si répandue de peuple ingouvernable traduit l’illusion d’une vérité : le détenteur du pouvoir pense, au fond de lui, accomplir une mission - sa mission - malgré le peuple, malgré cet empêcheur de gouverner, ce corps gênant, tantôt apathique, tantôt excessif, qui échappe sans cesse au champ de l’action. Car le politique est investi d’une mission ancestrale : celle de contrôler la situation. C’est celui qui détient les clés, qui possède le sens de la responsabilité, qui, face au désordre, se donne la capacité de restaurer l’ordre. Cette force de responsabilité a la capacité d’attirer comme un aimant le pouvoir, la puissance, la volonté farouche de tracer le destin des hommes et leur futur. Cette dimension héroïque du politique a longtemps plu au peuple ; elle plaît toujours aux médias qui en raffolent, qui la suscitent et l’amplifient dans leurs multiples caisses de résonance. Le héros politique est devenu une star.

Pourtant, un ressort est cassé. Dans les sociétés de grande confusion dans lesquelles nous vivons depuis deux décennies, la politique héroïque conduit inévitablement à la déception, au désintérêt et à la désaffection. Elle mène aux surprises électorales et parfois à la révolte.

De Machiavel à Lénine, du XVIe siècle à nos jours, la politique était définie comme l’art de gouverner une partie significative de la réalité sociale dans l’océan des relations humaines et des imaginaires. Gouverner était alors volontiers conçu comme l’exercice consistant à piloter habilement un mobile doté d’une mécanique sophistiquée et rassurante. Le pilote est le leader, le chef, le primus inter pares ; c’est lui qui sait la route, la carte des vents et des marées, qui connaît les secrets des portulans. C’est sur lui que se focalisèrent d’abord les regards puis les myriades d’yeux électroniques. Auréolé de lumière et de pouvoir, le politique est un héros qui montre la voie et trace la route.

Or rien n’est plus faux que cette métaphore qui ne produit aujourd’hui que confusion et amertume. L’image repose, de fait, sur une illusion : celle d’accoler l’idée de gouverner à des processus qui ne se laissent pas gouverner. La naïveté du politique - ou son cynisme - est de laisser croire que son action peut s’appliquer à une réalité aussi peu gouvernable qu’une société d’hommes disparates et à un monde aussi complexe que celui dans lequel nous évoluons désormais tant bien que mal. Dans ces conditions, penser que gouverner une société complexe se réduit au même art que celui de conduire un groupe ou de piloter un véhicule s’analyse alors au mieux comme une ingénuité, au pire comme une imposture.

L’extraordinaire complexité des sociétés, la fragmentation des identités, l’imprévisibilité de toute chose, le caprice des hommes et des climats, la mutation fulgurante des technologies qui profilent de nouvelles dimensions de l’être humain, tout œuvre à l’exacerbation du décalage entre l’art de gouverner traditionnel et la réalité du monde. Gouverner a toujours consisté à simplifier, à synthétiser les diversités dans une majorité, à tirer un fil de la pelote des multiples. Mais aujourd’hui, la politique doit plus que jamais penser le complexe. Elle se trouve dans l’obligation impérieuse d’abandonner ses certitudes et ses visions monolithiques, d’envisager les limites de ce qu’elle peut faire et ne pas faire.

Face aux sociétés nouvelles qui viennent, celles du savoir et de l’intelligence mais aussi - et en même temps - celles de la brutalité et de la barbarie, les politiques héroïques sont mises en échec. Elles arrivent au bout de leur course.

L’inconscience de ses acteurs de la nécessité de se ressaisir contribue à favoriser l’émergence de pratiques qui ne sont rien d’autre que des fuites devant la réalité. La plus courante est celle de l’enfermement dans une caste : celle de l’élite dirigeante. Cette caste protège dans sa forteresse les symboles du pouvoir. Elle possède sa langue - de bois -, ses codes de connivence, ses coutumes de cour et ses grands prêtres économico-médiatiques. Dans l’enfermement de son Versailles, elle s’éloigne progressivement du peuple et de ses représentants, et s’offusque de n’être point comprise ; d’être alternativement si mal-aimée. L’autre fuite est celle des populismes de toute nature dont le jeu pervers est de traduire la réalité complexe en simplifications abusives, qui jouent avec le feu des passions, indifférents aux conséquences qui creuseront, à nouveau, dans notre XXIe siècle tout neuf, le lit des vieilles tentations totalitaires. Malgré cette funeste perspective, les politiques héroïques admettent difficilement que leurs jours sont comptés. « La politique et ses institutions accueillent tranquillement les mauvais présages au sujet de leur avenir, comme si elles jouissaient d’une immunité théorique et pratique. Mais leur expulsion d’un tel paradis est imminente. » (D. Innerarity)

Le politique n’a pourtant plus d’autre choix que celui d’admettre le lien intime de son destin à sa capacité à penser et comprendre la complexité comme un paradigme de nos sociétés. Et de mettre en œuvre, sans délai et sans artifice, un nouvel art de les gouverner.


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21 réactions à cet article    


  • Antoine Diederick (---.---.164.86) 10 novembre 2006 12:25

    excellent...

    voir les dernières déclarations de Monsieur N. Sarko....qui vient de faire un discours pour s’approprier le destin héroïque du gaullisme...


    • TEO (---.---.76.217) 10 novembre 2006 18:19

      Dommage, on croirait lire du Nostradamus : le même flou, la même langue de coton, rien dont on puisse disconvenir, mais du tout rien à tirer. On est vraiment dans du post-moderne !


      • Antoine Diederick (---.---.191.74) 10 novembre 2006 20:08

        @TEO

        Teo, Nostradamus, c’est moi, alors mesure tes paroles stp.


      • Daniel Tourre daniel12 10 novembre 2006 19:01

        IL n’y a pas une ligne à retirer à ce texte. Tout est parfaitement exact.

        Par contre, il y a quelques lignes à rajouter : Le role du politique tel qu’il est décrit dans cet article est d’abord celui du politique constructiviste, qu’il soit socialiste ou conservateur. Il y a une tradition de politique philosophique qui a intégré trés tôt justement la complexité de la société : C’est le libéralisme.

        De l’école de Salamanque ou des theologiens avouaient leur perplexité face à des phénoménes qui en venaient ni de la raison humaine, ni de Dieu, jusqu’aux liberaux modernes Hayek, Mises. La complexité sociale est au coeur de la reflexion libérale. Et la seule qui y réponde..


        • Gérard Ayache Gérard Ayache 10 novembre 2006 19:56

          @Daniel12

          Vous avez raison mais ne pensez-vous pas que le libéralisme classique que vous évoquez s’est progressivement transformé en un nouveau libéralisme qui absorbe les complexités dans une unité artificielle et une homogénéisation pragmatique. L’économie de marché telle que nous la connaissons aujourd’hui en est une des expressions.


        • Antoine Diederick (---.---.191.74) 10 novembre 2006 20:06

          Aaaahhh que j’aime cet article...qui nous propose d’oublier les politiques en quête d’héroïsme alors que nous souhaiterions que leur génie soit héroïque....

          Je sais je suis redondant....et je rêve...

          Merci Monsieur Ayache...

          ...encore faudrait-il que l’époque soit héroïque .... smiley

          Le sage chinois dit :« Que ferions-nous sans la caste des fonctionnaires, aucune politique » et le disciple dit :« Que ferions-nous, si jamais, le fonctionnaire devient ministre ? ».

          « Dans ce cas le Prince serait privé de sa lumière », répond le maître !


          • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 10 novembre 2006 20:58

            C’est en effet un préjugé majeur de croire que le politique occuperait (ou devrait occuper) la place de Dieu qui sait tout et peut tout. Or nous vivons dans un monde ouvert et un environnement contradictoire et changeant et donc imprévisible où toute action ne peut avoir qu’un résultat toujours précaire et le plus souvent ambivalent.

            Ce préjugé est donc bien l’illusion majeure de la politique, au fond de nature religieuse. Cette illusion se double nécessairement de celle de se protéger en s’enfermant dans notre précarré et en nous protégeant du monde extérieur et des autres en général.

            Beaucoup de militants ont du mal à faire le deuil des grands récits héroïques et vivent la sécularisation de la politique comme la perte d’un horizon enchanteur, comme la fin du paradis sur terre. Ils voient dans cette perte la fin de la politique au profit de la gestion.

            Mais la seule ressource que nous ayons est donc tout à la fois de démystifier la politique et de faire autant que possible de celle-ci une activité citoyenne délibérative et participative sur fond d’expérimentation corrective et de transparence des conditions et des limites de la prise de décision. Le politique n’est qu’un moyen de ne pas perdre pied ; l’essentiel est ailleurs, dans l’art, l’amour, l’amitié (au sens d’Epicure) et la réflexion


            • Céline Ertalif Céline Ertalif 10 novembre 2006 23:28

              Je dois avouer que je ne suis pas d’accord avec cet article, et encore moins avec la plupart des commentaires. Premièrement parce que je ne crois pas à une nouveauté historique quelconque qui modifierait aujourd’hui le phénomène politique dans son fondement et, deuxièmement, je crois encore moins que la complexité serait plus grande aujourd’hui qu’à l’époque de Machiavel.

              Bien entendu, le peuple est incompétent par rapport aux arcanes du pouvoir. Ce n’est d’ailleurs pas tant l’avis des héros spectaculaires de la politique que des technocrates invisibles. Et alors ? Et bien entendu, la politique est héritière de la religion, tout au moins en Occident, ô combien !

              Les puissants contraignent et imposent la séparation entre une sphère protégée et la barbarie extérieure. Le patriotisme obligatoire est un peu passé de mode : je rappelle tout de même que des millions de jeunes européens sont morts dans les tranchées pour obéir à des motivations qu’on ne comprend toujours pas très bien 90 ans après. Mais, ils ont obéi et Clémenceau a été un héros.

              La patrie, la nation, la république ont aujourd’hui des concurrents. Elles ne conduisent plus les guerres et leur souveraineté est grandement diminuée. Les institutions publiques nationales se fragmentent et il y a une dilution des pouvoirs visibles, oui. Mais de nouvelles agrégations de forces et de nouvelles imprécations invitant chacun à se ranger derrière ou face à de nouvelles bannières se préparent. Ce sera la renaissance islamique, ou l’empire chinois, ou les enjeux écologiques planétaires, ou autre chose...

              La gestion du pouvoir a toujours été complexe et la simplification toujours indispensable pour coaguler des forces. Il suffit de regarder le proche-orient : une complexité infinie, des discours simplificateurs en progression et de belles usines à héros.


              • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 11 novembre 2006 07:07

                Ce que vous dites n’est pas faux, sauf en ce qui concerne nos pays qui se sont débarrassés des croyances aux grands idéaux et grands récits transcendant les individus qui donneraient un sens collectif quasi obligatoire à la vie.

                La politique chez nous ne se confond plus , sauf chez certains militants de plus en plus coupés de la réalité vivante, de la gangue religieuse et c’est, quant à la question de la violence politique de masse, tant mieux (ce qui peut du reste alimenter la violence infra-politique).Pas de guerre, pas de révolution sauf en papier remaché et en slogans verbaux...

                Le grand facteur ancien de simplification était les religions théocratiques et/ou patriotiques et/ou révolutionnaires ; c’est, chez nous, fini ; et je vois aucun rêve de salut commun pointer à l’horizon..


              • Antoine Diederick (---.---.171.10) 11 novembre 2006 10:42

                Le grand facteur ancien de simplification était les religions théocratiques et/ou patriotiques et/ou révolutionnaires ; c’est, chez nous, fini ; et je vois aucun rêve de salut commun pointer à l’horizon..

                Aucun rêve de salut commun....d’accord avec vous....un manque de projets porteurs actuellement en Europe.

                Mes petites phrases chinoises plus haut (la chine est à la mode) pour vouloir dire que nous avons de plus l’impression de l’ennui de la gestion (nécessaire) par défaut de causes à défendre.

                C’est ce que vous dites d’ailleurs ds votre intervention qui permet d’éclairer le propos de Monsieur Ayache.

                J’ai failli faire un ’lapsus clavier’ en écrivant ’plus de samu commun’...ben d’accord c’est pas malin. smiley

                Question : « Faudrait-il constater la perte de l’idéal en politique ? » (cette question n’est pas nouvelle et a déjà agité le monde parlementaire jadis).


              • Antoine Diederick (---.---.171.10) 11 novembre 2006 10:52

                @ Céline

                Les puissants contraignent et imposent la séparation entre une sphère protégée et la barbarie extérieure. Le patriotisme obligatoire est un peu passé de mode : je rappelle tout de même que des millions de jeunes européens sont morts dans les tranchées pour obéir à des motivations qu’on ne comprend toujours pas très bien 90 ans après. Mais, ils ont obéi et Clémenceau a été un héros.

                11 novembre aujoud’hui, le temps du souvenir pour ces millions de morts , ces tueries de masse. En quelques heures, des milliers d’hommes mourraient en grappes. La dévastation et le délitement des élites qui envoyaient ces hommes au carnage. Une europe qui ne se relèvera pas tant la ’ponction humaine’ l’avait privée de renouvellement des générations. Encore aujourd’hui, cette guerre fait partie de notre destin européen. Ces héroismes ont eu un goût amer d’une victoire douloureuse et de sacrifices terribles.


              • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 11 novembre 2006 10:58

                Faut-il abandonner tout idéal politique ? Si par idéal on pense à une idée qui justifierait que l’on se sacrifie (donc idéal sacré) pour une idée collective transcendante oui ; si par idéal on entend se donner des principes régulateurs efficaces (à soumetre à expérimentation et donc à corriger s’ils ils ne marchent pas) pour améliorer la situation et les droits réels ici et maintenant de tous et de chacun et en particulier des moins favorisés, non

                Ce qu’il faut abandonner c’est tout idéal religieux ou quasi-religieux et dogmatique en politique. De toute manière nos sociétés fonctionnent déjà sans idéal transcendant sacrificiel et prétendre qu’elles pourraient fonctionner autrement, c’est, dans les conditions actuelles, disqualifier la seule manière de faire de la politique possible : à l’écoute des luttes pour plus de justice et des revendications à l’autonomie et à l’égalité des droits de nos contemporains.


              • Gérard Ayache Gérard Ayache 11 novembre 2006 11:40

                @ Céline

                Je voudrais rebondir sur l’opinion selon laquelle nos sociétés actuelles seraient aussi complexes que celles de l’époque de Machiavel. Là est très exactement le problème. Nos sociétés sont de la même nature que celles du Moyen-âge. Cette époque est caractérisée par des espaces multiples qui formaient des allégeances diverses : l’Empire, le Pape, le Roi, le seigneur ... Au moment où l’on eut l’idée de cristalliser les peuples dans des Etats nations souverains (au milieu du XVII° siècle jusqu’au dernier tiers du XX° siècle) ces systèmes d’appartenance multiples disparurent progressivement. La caratéristique du monde actuel c’est justement le retour à une multiplicité d’espaces qui concurrencent l’espace statonational, qui minent le concept d’identité nationale en faisat émerger des appartenances multiples (religieuses, ethinqiues, économiques, culturelles, etc...) je simplifie beaucoup, mais c’est là que se situe le noeud de la complexité.

                Cette complexité des espaces est aggravée par l’émergence de plus en plus forte de phénomènes qui dépassent les cadres statonationaux (et donc du politique) : hyperinformation, dangers environnementaux, terroristes etc.... et par la certitude désormais acquise que nous ne vivons que dans l’incertitude.

                Dans ce paysage nouveau, le politique héroïque, leader omniscient, nous guidant sur un chemin dont il a seul l’itinéraire est pathétiquement dépassé.

                @ Sylvain

                Cela ne veut pas dire que nous soyons face à une perte tragique d’idéaux. Au contraire. Face aux enjeux multiples d’une société complexe, l’effort politique sera immense. Il demandera du courage mais aussi beaucoup de modestie, d’écoute, de respect des pluralités. Le politique post-héroïque devra accepter l’absence de consensus comme un fait gérable ; il devra être capable de donner la parole avec hospitalité et d’écouter ; il devra abandonner les dogmes et les idées figées dans le bronze pour une démarche plus fluide, plus élastique. En un mot plus intelligente.

                Beau challenge pour les générations qui viennent ou utopie ??


              • Céline Ertalif Céline Ertalif 11 novembre 2006 12:45

                Je suis totalement d’accord avec votre commentaire, Gérard. Ce qui prouve que cet article est ambigu (je n’ose pas dire confus !). Le sens de mon commentaire ci-dessus était de souligner que les vieux ressorts de la politique sont à l’oeuvre et que, d’une certaine façon, il est logique de les retrouver à la fin de l’état-nation comme au début (dont Machiavel est le bon repère intellectuel et historique en effet). Dans cette période de décomposition d’un ordre il y a le désordre, donc des portes ouvertes à la fois sur de nouvelles violences et sur de nouvelles sociabilités.

                Peut-être cette ambiguité est-elle la bonne façon de provoquer la réflexion... serait-ce ce nouvel art de gouverner ? smiley


              • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 11 novembre 2006 13:07

                Nous sommes tout à fait d’accord..

                Sur la complexité il faut distinguer la complexité réelle et la complexité vécue ; si vous vous dites que tout procède, même le pire, de la volonté de Dieu, en vue de votre salut post-mortem, cela simplifie pas mal de choses du point de vue subjectif et psychique. Et si vous pensez que les autres avec lesquels vous vivez croient aux mêmes choses que vous, ce qui les rend prévisibles (c’est pourquoi même Locke voulait interdire l’athéisme) et que vous partagez avec eux les mêmes rituels de socialisation qui vous laissent espérer votre salut personnel , cela vous rassure sur eux et sur vos convictions. « Que la volonté de Dieu soit faite » (ou Inch Allah) !


              • Marsupilami (---.---.93.165) 11 novembre 2006 11:16

                Excellent article. Malheureusement la campagne pour les présidentielles risque fort de continuer comme elle a commencé : démagogie, pipolisation et promesses ineptes pour la plupart des candidats à l’exception de François Bayrou...


                • DeepThroat (---.---.224.205) 11 novembre 2006 11:20

                  Gérard,

                  Pour autant, la politique reste le champ de l’art du strategon. Tout change et rien ne change.

                  DeepThroat


                  • Antoine Diederick (---.---.110.5) 11 novembre 2006 20:36

                    Bonsoir,

                    Peut-être et surement, vais-je être hors propos.

                    Pour sortir de l’héroïque et aller au prosaïque, je propose cet article que j’ai honteusement été piquer sur Yahoo.

                    Je pense qu’il est ’à - propos’ au moment où certains parlent bcp ces jours-ci de censure.

                    Je m’éloigne un petit peu de l’article de Monsieur Ayache :

                    Voici : source Yahoo.fr

                    L’internet a un impact croissant sur la communication politique

                    Par Corinne DELPUECH

                    PARIS (AFP) - Le retentissement d’une vidéo pirate de Ségolène Royal diffusée sur l’internet a illustré l’impact des nouvelles technologies de la communication sur la politique en général et les campagnes électorales en particulier.

                    Glissée sur la toile à une semaine du vote des socialistes pour départager leurs trois présidentiables, cette séquence explosive a ricoché de blogs en blogs, suscitant controverses et débats.

                    Dailymotion, site de partage de vidéos amateurs, sur lequel cette vidéo est apparue, affichait samedi après-midi 300.000 visites sur ce thème.

                    Premiers concernés, les professeurs se sont défoulés sur l’internet contre les propos de la présidente de Poitou-Charentes, tenus au cours d’une réunion interne et qui avait vocation à le rester.

                    Mme Royal le dit d’ailleurs clairement : « j’ai fait une proposition. Par ailleurs, je ne vais pas encore la crier sur les toits parce que je ne veux pas me prendre des coups des organisations syndicales enseignantes ».

                    Mais précisément, explique à l’AFP Loïc Le Meur, expert reconnu de la blogosphère, le off, ces propos distillés en petit comité sous condition de ne pas les répandre, « c’est terminé ».

                    « Avec un portable en poche, chaque Français est virtuellement devenu un preneur d’images et de sons ». Le mariage de la vidéo et de l’internet signe, à ses yeux, la fin d’une époque.

                    « Les politiques auront de plus en plus de mal à tenir des discours différents en fonction de leur auditoire, ils seront en public » sans cesse et sans cesse, relève M. Le Meur.

                    « Tout sera archivé, en permanence, avec impossibilité de prétendre : je ne l’ai pas dit », prévoit-il.

                    Autre caractéristique : « la viralité » de ces informations. Un néologisme qui exprime bien leur vitesse de propagation, leur accessibilité instantanée.

                    D’ailleurs, relève Loïc le Meur, la séquence litigieuse au cours de laquelle la favorite socialiste des sondages propose 35 heures effectives de présence des professeurs des collèges dans leurs établissements, a fait grand bruit sur l’internet « avant d’être reprise par les grands médias ». Ces derniers « n’ont fait qu’amplifier le phénomène ».

                    Il en a été ainsi pendant la campagne électorale qui s’est achevée par une « raclée » des républicains aux Etats-Unis. Les bloggers s’y sont imposés comme une source d’information très prisée.

                    « L’internet devient un nouvel acteur des médias dans la communication politique », selon Lee Rainie, directeur d’un observatoire de le Pew internet and American Life Project.

                    Des vidéos ont ainsi porté des coups décisifs à la cote de personnalités : ce fut le sénateur républicain de Virginie George Allen traitant l’employée de son rival de « macaque ». Ou l’élu tout aussi républicain du Montana George Burns piquant un roupilllon pendant une audition.

                    En France, plusieurs sites consacrent toute leur énergie à combattre le président de l’UMP Nicolas Sarkozy. Ainsi de antisarko.net ou sarkostique.over-blog.com.

                    Les politiques ont-ils des armes contre la diffusion de vidéos non voulues, souvent malveillantes (les porte-parole de Ségolène Royal ont ainsi parlé de « coup bas ») ? Une riposte possible, selon Loïc Le Meur : en inonder le web, pour les banaliser.

                    Mais à condition de rivaliser avec le style du contenu amateur : « très court, et informel ». A l’opposé des sites officiels des partis qui déroulent des vidéos institutionnelles fastidieuses et ont par conséquent « des audiences ridicules », selon M. Le Meur.

                    Et donc, cette tendance qui va s’affirmer surement pendant la campagne présidentielle en France montrera —l’avenir le dira— si le jeu démocratique et la communication politique trouvera une place nouvelle via Internet.

                    Je veux ainsi, par ce biais, solliciter l’avis de Monsieur Ayache sur cette nouveauté, pour initier sur ce fil un complément de réflexion tout à fait Agoravoxien.

                    D’autre part, je me suis aussi posé une question qui me semble très importante :« Le communication citoyenne peut-elle faire l’économie des régles imposées aux journalistes professionnels ou aux »spécialistes« journalistes » ?


                    • Gérard Ayache Gérard Ayache 11 novembre 2006 21:25

                      Bonsoir Antoine

                      Merci pour ce post qui éclaire le sujet d’une lumière très crue.

                      Deux réflexions : La première c’est que le mouvement de fond de l’inversion du flux informationnel est particulièrement dévastateur. Quand les médias nous donnaient l’information, à nous pauvres récepteurs passifs, tout était contrôlable. Désormais, l’info vient de partout, du haut, du bas d’à côté. Pour le pire et le meilleur. Ce mouvement que j’ai appelé ds mon bouquin la « méta-information » est irréversible. Il faudra faire avec et c’est très bien.

                      La deuxième réflexion c’est que cette liberté toute neuve pose des questions. La preuve le psychodrame demianwestagoravoxien qui inonde nos boîtes aux lettres en ce jour d’armistice ;)

                      Pour paraphraser Victor Hugo, peut-on contôler une idée dont le temps est venu ? Je ne le pense pas. Je pense que des processus d’autorégulation vont se mettre en place notamment fondés sur la prise de responsabilité (peut-être une certaine éthique de responsabilité). Cela concernera les politiques (post-héroïques) qui devront éviter de dire tout et n’importe quoi et qui ne pourront plus se draper dans les mystères de leurs certitudes intouchables. Mais aussi les citoyens détenteurs d’une liberté d’expression toute neuve qu’ils ne devront pas gâcher.


                    • Antoine Diederick (---.---.103.43) 12 novembre 2006 19:09

                      Merci pour la réponse.


                    • Salluste (---.---.121.177) 21 novembre 2006 15:57

                      Je me demande si l’entré définitive dans la politique spectacle ne signale pas précisement que le pouvoir politique se réduit à fort peu de chose. La centralité des processus de décision, d’impulsion, si elle a jamais existé est en tous les cas en train de se dissoudre ... La ré-invention est d’ores et déja en cours elle est technocratique, corporative et juridique. L’ordre ancien est déja évanescent .... Bien à vous Salluste

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