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Commentaire de dav

sur Pour quoi voter ?


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dav (---.---.128.69) 17 juillet 2006 19:32

Le 2 novembre, le candidat de mon cœur à la présidence des États-Unis n’était ni George W. Bush, ni John Kerry, mais plutôt Michaël Badnarik, qui faisait campagne pour le parti libertarien, présent dans cette compétition depuis 1972, sur un programme de réduction du rôle de l’État et de repli à l’intérieur des frontières de l’Union. Pour autant, je n’ai jamais douté de la victoire nette du président sortant : d’abord parce presque tous les sondages l’indiquaient clairement, tout comme l’évolution de la bourse d’ailleurs, mais encore parce que je connais suffisamment l’Amérique pour avoir pu considérer que le candidat démocrate, qui s’est révélé très talentueux, grand séducteur, était peut-être le candidat idéal d’une certaine intelligentsia, mais certainement pas celui de l’Amérique profonde, plus sensible aux prêcheurs évangélistes qu’aux diatribes de Michaël Moore. Que la plupart des éditorialistes français se soient à ce point volontairement trompés montre évidemment que leurs préférences annihilent toute clairvoyance. On a revécu, du point de vue du bourrage de crânes médiatique, un nouvel épisode du totalitarisme à la française, comme en mai 2002, George Bush tenant la place de Le Pen et Kerry celle de Chirac. D’autres que moi développent leurs points de vue dans les pages intérieures du numéro de ce journal, largement consacré aux résultats des élections américaines. Vous y retrouvez, comme d’habitude, une diversité d’opinions, le courage de Pierre Lance faisant contrepoint à la fureur de Guy Millière... Pour ma part, au-delà des joutes et des enjeux, je voudrais souligner la belle santé du fonctionnement de la démocratie américaine. Celle-ci repose sur des règles qui remontent à la fin du xviiie siècle. En France, on s’est largement gaussé de ces règles surannées. Mais, aux États-Unis, avec Rivarol, on sait que les règles les meilleures ne sont pas les plus simples, mais les plus stables ! L‘ancienneté de ces règles, ainsi que leur efficacité, leur confèrent évidemment leur majesté. C’est ainsi qu’en 2000 le candidat démocrate s’est aussitôt incliné après une décision de la Cour suprême mettant fin au recomptage des voix dans l’état disputé de Floride, nonobstant le fait qu’il avait obtenu davantage de voix dans l’ensemble de l’Union que son adversaire. S’appuyant sur le fait que les deux candidats dominants avaient évidemment tout prévu et, en cas de contestation, avaient même mobilisé des équipes d’avocats, les médias français ont cru pouvoir pronostiquer que, de toutes les façons, le résultat serait contesté et les tribunaux appelés à trancher l’incertitude des urnes. Mais ce n’est pas du tout ce qui s’est produit. Le suspens de la nuit électorale s’est finalement focalisé sur un seul état, l’Ohio, et comme l’écart au profit de Bush était net, c’est avant même les résultats définitifs que le candidat Kerry a reconnu sa défaite. Conformément à la tradition, le vaincu téléphona aussitôt au vainqueur, avec lequel, a-t-il dit lui-même, il eut une longue et bonne conversation, à la fois personnelle et politique, faisant ensemble un bref tour d’horizon des questions cruciales du pays. Quelle leçon pour nous Français, qui vivons dans un pays où non seulement il n’est pas coutumier que le vaincu reconnaisse sa défaite électorale et félicite le vainqueur, mais encore, où l’on a vu, en mai 2002, le candidat dominant refuser de débattre avec son challenger pourtant démocratiquement désigné !... Les médias français ont suivi la campagne de George Bush comme ils l’avaient fait pour celle de Jean-Marie Le Pen : en prenant parti, sans tenir compte des réalités sociologiques, du poids des opinions et des valeurs, bref de la réalité et de la température du corps électoral, que Georges Bush sent et exprime mieux que personne. La démocratie américaine, si forte et si vivante, a été et reste la base fondatrice de la prospérité de ce pays. C’est pour le monde entier un exemple et un modèle, et pour tous les démocrates (au sens commun du terme) et pour tous les libéraux (au sens français du terme), un puissant motif d’espoir. Les élections américaines du 2 novembre nous rappellent opportunément que la démocratie ne consiste pas à commander au peuple souverain, mais plutôt à lui obéir.


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