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Commentaire de FredSud37

sur Electricité, renseignements téléphoniques : vive la privatisation !


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FredSud37 21 juillet 2007 14:32

Éloge du secteur public !

Ce qui se passe avec Alstom montre l’extraordinaire désarroi idéologique du libéralisme, obligé de renationaliser, sans le dire, une entreprise stratégique. Cela incite aussi à revenir sur des idées reçues, affirmant le prétendu échec des “archaïques” nationalisations de 1945 et de 1981.

Les faits parlent d’eux-mêmes : ces entreprises échappèrent à la faillite grâce à leur nationalisation, à un moment où aucun capitaliste, aucun épargnant privé n’était capable de leur fournir les moyens d’investir. Et ces nationalisations furent un tel succès que la privatisation de toutes ces entreprises (sauf le Crédit lyonnais) s’effectua à un prix supérieur à celui de leur nationalisation, preuve de la bonne gestion de l’État et de ses commis. Depuis, on y a assisté à une hausse vertigineuse des profits par rapport aux salaires, à l’exception de ceux des patrons, qui ont connu une spectaculaire envolée. En échange de ces avantages auto-octroyés, ces nouveaux maîtres de l’industrie française n’ont même pas su poursuivre l’œuvre des commis de l’État auxquels ils succédaient : la plupart de ces entreprises ont tout simplement disparu (Agf, Gan, Uap, Roussel, Rhône-Poulenc, Usinor, Sacilor, Compagnie générale d’électricité, Thomson, Banque de Paris et des Pays-Bas, Banque de Suez, etc.), avalées par d’autres groupes privés, en général étrangers. D’autres sont en train de disparaître (le Crédit Lyonnais) ou en sont menacées (Pechiney).

Plusieurs ne doivent leur survie qu’à l’intervention directe et massive de l’État (Alstom et France Télécom), ou indirecte, par des commandes publiques (Dassault et Thales). Ne restent vraiment debout et concurrentielles, parmi les privatisées, que la Société générale, la Bnp, Renault et Saint-Gobain, dont certains des patrons sont loin d’être les mieux payés parmi leurs pairs, et où les avantages sociaux du personnel sont parmi les plus avancés. On peut admettre que les nationalisations soient interdites par les traités européens. Mais désarmer les États membres sans armer l’Union sera vu dans l’avenir comme l’une des pires stupidités qu’aura imposées le libéralisme aujourd’hui dominant. A terme, si les seules instances efficaces de l’Union restent les organes de régulation des marchés, on verra même Bruxelles expliquer doctement aux gouvernements des pays membres qu’il n’est pas normal de laisser l’école et l’hôpital publics en situation dominante, et les obliger à ouvrir ces secteurs à la concurrence des cliniques et des universités étrangères. Au moment où les entreprises américaines et japonaises sont plus que jamais aidées par leurs gouvernements, il est urgent pour l’Europe de se donner des moyens d’une politique industrielle et, en particulier, de demander à la Banque européenne d’investissement d’utiliser les énormes ressources dont elle dispose pour aider à la constitution d’une industrie européenne dans les secteurs stratégiques. En attendant, il faut exiger que les patrons du secteur privé soient rémunérés selon leurs succès et non selon leurs caprices.

Jacques Attali, L’Express du 04 septembre 2003.


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