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Commentaire de Halman

sur Crash de l'AF447 et les limites de l'informatique embarquée


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Halman Halman 11 juillet 2009 15:22

Homme, les cdve ont au mois 3 chaines informatiques différentes, avec des algorythmes différents, des processeurs et des adressages mémoires différents, des entrées différentes, qui se vérifient. Donc panne totale d’informatique sur 3 systèmes différents, la cause est forcement externe et pas informatique.

Ce qui est intriguant c’est le décrochage à plat.

On apprend aux jeunes débutants à s’en rendre compte sans instruments et à en sortir, en les laissant s’y mettre eux mêmes. Alors un équipage de professionnels qui s’y retrouve en décrochage plat...

Le problème des cdve et des pilotes automatiques est un vaste débat qui date déjà des années 1930. Laisser la main à une machine, à quel point, sur quel tâche, quand et comment reprendre la main, etc.

Mermoz avait un mépris absolu de ces nouveaux pilotes de lignes en costard cravates avec des systèmes automatiques de stabilisation.

Le problème des avions de ligne moderne est leur trop grande dépendance à des systèmes, des procédures, et de moins en moins au pilotage manuel. Ces cockpits recouverts de systèmes et ne laissant plus la place qu’à un minimanche latéral et à un simple petit pare brise plus petit que celui d’une voiture. Il y en a que cela ne dérange pas.

Le problème des pilotes de ligne est qu’ils pensent en permanence à procédures, types de procédures, domaine de vol + marges de sécurités, etc. Leur domaine de vol est ultra restreint par des alarmes sonores et visuelles bien avant la véritable limite à atteindre. Et comme les gens genre ENAC ne sont habitués qu’à ce genre de pilotage, (ils abhorrent de se mettre ne serait ce que de quelques degrés aux grands angles même si ils sont encore à des années lumières du décrochage par exemple.)

Je les ai vus à Chateaudun et à Chartres s’entrainer à la vrille entre autre. C’est une catastrophe. Ils n’arrivent pas à admettre que la vrille doit devenir une telle habitude qu’elle doit être un automatisme. Ils laissent cet exercice aux domaines exceptionnels. (Ils en passent des nuits blanches une semaine avant !). Résultat lorsqu’ils s’y retrouvent, ce n’est pas automatique, et ils mettent trois tours à en sortir alors qu’avec un peu d’habitude en un tour et demi on en sort.
A raison de plus de 100 mètres de perte d’altitude par tour, on comprend le problème de sécurité.

Ils sont saturés d’informations d’alertes sonores et visuelles, de procédures, de modes de pilotes automatiques, de modes d’affichages, de mode des ordinateurs. Dans tel pays l’approche se fait de telle manière, et dans le pays voisin c’est l’inverse, et autres joyeusetés.

Ils n’ont pratiquement plus le temps de se concentrer sur le pilotage pur.

J’ai volé plusieurs fois avec des cdb Air France, je ne le ferai plus.

Par exemple ils n’ont pas l’habitude de regarder dehors les autres aéronefs. Ils sont en planeur dans une ascendance où on est 20, on se frole à 10 mètres, mais ils ne regardent pas dehors et ont le nez sur le tableau de bord.

Toute une manière de piloter basique et fondamentale dont ils n’ont plus l’habitude.

Quant à votre comparaison du monde Linux/Crosoft à Thalès, ce sont des univers totalement différents. A ce niveau là ils ne font pas mumuse avec le look des interfaces graphiques mais sont plongés dans des calculs scientifiques et de systèmes experts et de calculs parallèles. Leur grande préoccupation est, comme aux bon vieux temps du début de l’informatique, d’optimiser leurs lignes de codes pour effectuer le maximum de taches le plus précisément possible, avec le moins de ressources possibles et avec la plus grande vitesse et la plus grande précision possible. Pas vraiment la préoccupation des Linuxiens et des Microsoftiens.

Les navettes spatiales fonctionnent encore avec des 8086 et cela ne les empêche pas de calculer des trajectoires orbitales et supersonniques au centième de degré près, au millimetre par seconde près, et effectuer des taches parallèles même si les spécialistes me diront que le 8086 n’est pas gravé pour du calcul parallèle. Les programmer en logiciel et les faire exécuter par un monotache séquentiel ça marche aussi.
Parce qu’ils ne sont pas occupés à lire un cd, afficher une mise en veille à la con, et autres gadgets du bureau.
Un 8086 qui execute les calculs d’un simulateur gravitationnel en mode texte, uniquement occupé à faire du calcul mathématique, sans affichage graphique ni autres ressources utilisées pour le look tourne quatre fois plus vite que s’il devait afficher du graphique couleurs et utiliser des gestionnaires de souris, de cartes sons et autres gadgets pour geecks de bureaux.

Nous vivons une époque merveilleuse où tout le monde a oublié qu’un ordinateur est d’abord un calculateur mathématique avant d’être un truc multimédia pour geeck du dimanche dans son salon ; où les dirigeants de compagnies aériennes basent tout sur l’efficience commerciale gérée par informatique en oubliant que l’avion est toujours un avion, un pilote toujours un pilote, les lois de la mécanique des fluides toujours les lois de la mécanique des fluides.


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