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Commentaire de jcm

sur Hadopi, ou comment mettre en évidence l'avidité des artistes qui la soutiennent...


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jcm jcm 25 septembre 2009 13:26

La définition de l’art par le « beau » ne tient plus depuis longtemps.

Il existe une définition fiscale de l’art (en France au moins) qui, appliquée à la sculpture permettra de considérer un « objet » comme une œuvre d’art si cet objet ne peut avoir aucune destination d’usage (aucune utilité fonctionnelle) et s’il est une « pièce unique » qui pourra être un bronze tiré à 7 exemplaires numérotés et 2 « épreuves d’artiste » numérotées comme telles.

Une très superbe fourchette, d’une originalité renversante, tirée à 25 exemplaires ou à 25 000 ne sera malgré sa beauté pas une œuvre d’art, en vertu de cette réglementation.

Qu’est donc une « œuvre d’art » ?

Quelque-chose d’inutile à quoi que ce soit d’autre qu’une forme de contemplation, ce qui serait le cas d’un siège sur lequel nul ne pourrait s’asseoir.

Autrement dit ce pourrait aussi être le fourre-tout de tout ce qui n’est ni fonctionnel ni utile d’un point de vue matériel.

Cependant nul ne peut nier l’utilité de l’art en général (dans la mesure où cette dénomination englobe ce que chacun admet reconnaître comme « de l’art », ce qui peut être restrictif par rapport à ce que d’autres accepteront).

Pour ma part j’ai tiré un immense bien être de l’écoute, perdu en pleine nature, des concerts de musique baroque diffusés par France Musique quelques soirs de Juillet : musique utile à mon bien-être, et très fonctionnelle pour le générer.

Moyennant l’équipement approprié j’aurais pu enregistrer cette musique (sans risquer de me faire hadopiser), privant éventuellement ses interprètes de ma contribution financière.

Je pourrais aussi tenter de la télécharger gratuitement, ce que je ne ferai pas, estimant que les interprètes ont droit à une juste rémunération pour des œuvres que je pourrai écouter à l’infini, seul ou avec quiconque désireux de m’accompagner dans l’écoute.

J’aurai payé cette musque le même prix que je sois seul ou non lors de chaque audition et quel que soit le nombre de ces auditions.

Il en ressort que le plaisir tiré de ces œuvres aura été plus ou moins largement multiplié pour un prix forfaitaire, qui ne reflètera donc pas la quantité de plaisir produit.

S’il devait donc exister une tarification proportionnelle à « la quantité de plaisir produit » il faudrait mettre en place un processus de paiement en fonction du nombre d’écoutes...

Inutile de dire que nous ne parviendrons probablement jamais à une rémunération des artistes proportionnelle à l’utilisation réellement faite de leurs œuvres.

De ce « fourre-tout » qu’est l’art tout ne passera pas la barrière du temps avec le même succès : c’est seulement dans quelques siècles que nous saurons quels ont été les « grands » (et peut-être les seuls « véritables » artistes d’aujourd’hui : trop tard pour les rémunérer à la hauteur du service rendu à l’humanité).

Parmi ces « grands » de demain figureront peut-être des artistes d’aujourd’hui largement inconnus du grand public : n’a-t-on pas souvent affirmé qu’un artiste aurait d’autant plus de chances d’être « reconnu » qu’il serait plus... mort ?

Il y en eut ainsi « mangeant toute leur vie de la vache enragée » dont les œuvres atteignent post mortem des sommets fort élevés.

Il est possible que le Mozart d’aujourd’hui, ou le Brancusi (le correcteur orthographique me propose le « Branchies », le « Branchues », le « Branchiales » ou le « Brancard »... eh bien non !), ou le Van Gogh « crève la dalle » et ce n’est pas Hadopi qui le nourrira.

Il y a donc probablement quelque-chose à imaginer, qui n’existe pas, pour que tous les artistes puissent travailler dans de bonnes conditions, en espérant que chacun d’entre eux pourra devenir « grand » un jour ou l’autre !


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