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Commentaire de Bernard Dugué

sur Mort aux jeunes !


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Bernard Dugué Bernard Dugué 8 décembre 2006 12:06

Bonjour, voici un extrait d’un de mes billets

« Un autre trait qui découle du caractère de la maturité de la civilisation française, c’est sa prédilection pour l’âge adulte. La France n’a pas, comme la Grèce ou l’Allemagne, une image idéale du jeune homme. Elle est adulte, dans le sens où l’était la Rome antique. « La France méprise la jeunesse », écrit Jean Cocteau, « sauf quand elle s’immole pour sauvegarder la vieillesse. Mourir est un acte de vieux. Aussi, chez nous, la mort seule donne du poids aux jeunes. Un jeune qui rentre de la guerre a vite perdu de son prestige. Il redevient suspect. » Dans les domaines de la littérature et de l’art, les jeunes sont appréciés, et même commercialement exploités, mais cette tendance nouvelle date à peine de la fin du XIXe siècle [...] Les qualités que la civilisation française prise le plus, sont celles que l’on n’acquiert qu’à un âge avancé » (Curtius, p. 313-314).

Ces lignes écrites en 1930 sont-elles d’actualité ? Y a-t-il dans notre pays non pas un mépris, mais une sorte de malentendu avec la jeunesse, une certaine jeunesse, pas celle qui entre à Polytechnique ou à l’ENA, se met au garde-à-vous et déjà, raisonne comme la vieillesse, et se prépare à servir sous les ordres d’un Etat gouverné par les anciens ? L’Assemblée nationale est certes une représentation nationale, mais pas une représentation sociale. Deux composantes font défaut, les femmes et les jeunes. Les phrases de Cocteau raisonnent puissamment, évoquant à travers l’immolation de la jeunesse à propos de la guerre ce qui paraît être un trait culturel français. Dans les campagnes, celui qui, parmi les fils, travaillait à la ferme était mieux considéré, parce qu’il assurerait non seulement la pérennité de l’exploitation mais aussi les services à ses géniteurs. Le 30 mars, sur les ondes de France Inter, la démagogue Ségolène Royal a cru bon de flatter cette jeunesse qui, selon ses sources, serait prête à aider les personnes âgées. Un coup les jeunes sont loués, un autre ils sont déconsidérés, et même considérés comme source de dangerosité, « excepté les élèves des Grandes Ecoles ». Et Mai 68, qu’en a-t-il été de cette révolte de la jeunesse ? Là aussi, une sorte de mépris larvé de la part des anciens, et le refus d’entrer dans la société avec le fardeau d’un sérieux et d’une froide perfection propres à l’adulte. La France ne sait pas apprécier sa jeunesse, voilà ce qui semble être un motif perdurant, et comme la société s’est transformée économiquement en exigeant de la « casse sociale », elle a fait payer à la jeunesse un lourd tribut. Les solutions inventées n’y ont rien fait. Le pédagogisme et le collège unique se sont retournés contre la jeunesse (une partie) selon le très connu principe des effets pervers. Toujours est-il que le CPE soulève à nouveau la réaction de la jeunesse. N’aurions-nous rien appris du passé ?

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=8584


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