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Commentaire de Peuimportequi

sur 11/9 : Jérôme Quirant (et Rue89) osent tout


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Peuimportequi 5 septembre 2011 17:48
J’ai remarqué l’emergence des interventions de M. Quirant dans les polémiques autour du 09/11. Je suis consterné par la mauvaise foi, la malhonnêté intellectuelle, et surtout l’arrogance et suffisance dont ce M. fait preuve dans ses « démonstrations ». Sans doute que le statut d’« agrégé » n’y soit pas étranger, mais passons.

Je suis également un scientifique, chercheur dans un institut de recherche public français, et comme M. Quirant j’ai l’habitude de produire et évaluer de la littérature scientifique. Je sais comment ce petit monde fonctionne et j’en connais aussi bien les mérites que les travers et les biais (et oui, la malhonnêté intellectuelle y existe comme ailleurs). 

Je vais ici adresser un certain nombre points évoqués par M. Quirant, qui, contrairement à ce qu’il peut prétendre, ne représente en rien l’avis consensuel de la « communauté scientifique ».

M. Quirant s’autorise à « qualifier » ou non les personnes émettant des avis, en fonction de leur background. Il raille ainsi tantôt les architectes qui seraient incompétents en calcul de structure, tantôt les physiciens cette fois incompétents en béton ou en génie civil, tantôt les chimistes qui ne seraient pas des spécialistes des explosifs, etc. etc. Si la cohérence n’étouffe pas M. Quirant (il se permet de déborder sur de multiples domaines hors sa compétence), il faudrait également rappeler à M. Quirant qu’en science, seul compte les propositions. Quand bien même un clown établirait correctement une démonstration, elle n’en serait pas moins valable, désolé. Evidemment, la paresse affecte les scientifiques tout autant que les autres, et la tentation de ne juger que par rapport au « crédit » de l’auteur existe (et encore, quand ce n’est pas par rapport aux chapelles et relations de copinage), ce qui est parfaitement non scientifique. L’évalution des articles par blind reviewing (sans connaitre les auteurs) est une tentative pour réduire cette dérive, malheureusement assez vaine en raison des références bibliographiques. M. Quirant, lui, ne se prive pas d’utiliser les opinions politiques, religieuses ou autres aspects non pertinents pour le débat pour dénigrer les personnalités auxquelles il s’oppose, ce qui est évidemment aussi détestable que non scientifique. 

Le consensus scientifique présenté par M. Quirant est un mensonge flagrant. En éliminant de toute considération l’ensemble des scientifiques qui ne partagent pas son avis sous des prétextes totalement fallacieux, il est certain qu’on arrive facilement à un consensus. Mais même à ne retenir que les scientifiques dignes de confiance (selon M. Quirant), à bien y regarder on peut constater que même là le consensus n’a rien d’évident : la théorie de Matthys Levy (Weidlinger), devenue explication officielle un temps, se voit invalidée par le NIST quelques années plus tard (avec la théorie proposée par Bazant), théorie elle même contestée par suffisamment de scientifiques crédibles pour qu’on se pose des question sur le soit-disant « consensus ».

M. Quirant est également malhonnête lorsqu’il indique que le débat scientifique ne peut avoir lieu qu’à travers des communications scientifiques (workshop ou revues). C’est une manière insidieuse d’évacuer le débat, je m’explique : une communication scientifique, pour etre acceptée, doit apporter une contribution au domaine scientifique concerné. Ainsi, un solide travail d’enquête supportés par des preuves scientifiques qui montrerait que l’effondrement du WTC serait lié à l’usage d’explosif aurait néanmoins légitimité à être rejeté d’une revue ou conférence scientifique de physique des matériaux, de chimie, et possiblement de génie civil, faute de contribution fondamentale suffisante (à moins de montrer la découverte d’un nouvel explosif inconnu, d’un procédé de démolition original, ...) Il pourrait en revanche avoir ses chances en histoire ou géopolitique, et encore, en supposant une grande imperméabilité aux pressions tant des auteurs que de l’éditeur. On a vu avec l’affaire d’Aymric Chauprade ce qu’il en coûte de s’exprimer sur le sujet. Au passage, je salue son courage, même sans approuver l’ensemble de ses prises de position.

M. Quirant parle d’une abondante littérature scientifique qui, selon lui, soutiendrait la version officielle. Ici, la crédibilité serait à juger « au poids », au regard du nombre de pages cumulées. Drôle de critère, mais passons. Ce que ne dit pas M. Quirant, c’est que l’essentiel de cette littérature ne cautionne pas les explications et le modèle douteux du NIST sur l’effondrement des tours 1,2 ou 7. Par exemple, un papier qui traite des enseignements à tirer pour les procédures d’évacuation en cas d’incendie ne corrobore en rien les explications du NIST sur les effondrements. Bien évidemment, quand un papier peer reviewed est favorable à l’hypothèse de la démolition contrôlée, M. Quirant ne l’inclue pas dans la litterature scientifique, c’est nécessairement un papier fumeux écrit par des incompétents, et reviewé par des crétins. Curieusement, là M. Quirant estime qu’il est tout à fait légitime de porter la polémique contre ce papier hors de communauté scientifique, sur des sites web généralistes. Un exemple de plus de la cohérence de M. Quirant. 

Au delà du domaine de M. Quirant et de l’effondrement des tours, les incohérences, revirements de position, trous, dissimulations de la versions officielles sur bien des aspects sont pléthoriques, et pointent systématiquement dans le sens d’une complicité quelque part dans l’appareil d’état américain. Juste à ne considérer que les experts aéronautiques, et on retrouve encore une montagne d’incohérences. Quand à un domaine où j’ai quelques compétences, je ne peux pas m’expliquer la version officielle au sujet des appels passés depuis les avions détournés sur des cellulaires CDMA ou GSM aux altitudes indiquées par les autorités, c’est parfaitement impossible. Un point de détail, mais qui implique que ces appels aient été soit passés ailleurs, soit forgés de toute pièce... Encore une autre débat.

Enfin, pour conclure, j’encourage tous les lecteurs à ne pas se laisser abuser par le ton méprisant de M. Quirant. Nul besoin d’être agrégé, ingénieur, docteur ou hdr pour pouvoir suivre un débat ou une argumentation scientifique. Certes, certains points peuvent parfois n’être clarifiés qu’avec une expertise pointue, mais là encore il est sage de consulter plusieurs avis et essayer de comprendre les divergences quand elles existent. Les « experts » comme M. Quirant qui présentent leur point de vue comme le conscensus scientifique général sont à considérer avec la plus grande suspicion.


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