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Commentaire de easy

sur Faut-il nationaliser les banques ?


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easy easy 14 septembre 2011 17:27

Laissons de côté un instant le décroissancisme et ses bonnes raisons.

Oublions également les misèrables du monde comme d’habitude.

Raisonnons croissanciste rien que pour nous.
Une croissance de 2 ou 3% ressort comme nécessaire pour continuer à vivre grassement (services sociaux inclus).
Une croissance impose, c’est incontournable, en plus du sang financier habituel, du sang financier supplémentaire. Il nous faut donc 3% de sang de plus par an

Il se produit dans les 2300 T d’or par an. A 44 000 € le kilo, ça fait 100 milliards de plus par an. Le PIB mondial fait 46 000 milliards €
3% de 46 000 c’est 1400 milliards.
La production d’or couvre donc 3% seulement de la croissance. Manque 97% de véritable or de plus chaque année.

L’année N, il faut donc, pour que l’économie mondiale puisse produire 103% du PIB de N-1, qu’on ajoute aux 3% de part de croissance que fournit l’or, 97% de papier en plus. Aux 2300T d’or vrai remontés de terre chaque année, il faut ajouter 74 000 T d’or faux fabriqué en papier.
L’année N+1, à production d’or égale, c’est plutôt 74 200 T d’or faux qu’il faut encore ajouter.
Au terme de 10 ans, face à 23 000 T d’or vrai remonté du sol, on aura ajouté 800 000 T d’or bidon sous forme de papier (en vraie monnaie papier ou monnaie électronique, titres, obligations, CDS, tout ça inclus)

Etant donné la masse très importante des Terriens qui PIBent et qui ont besoin de 3% de PIB de plus par an, la production d’or ressort comme étant très insuffisante. Même en y ajoutant les diamants et autres minéraux précieux qu’on peut conserver (et non brûler comme le pétrole ou le gaz) il est indispensable de créer à peu près 30 fois plus de valeurs plus« légères ».

L’or est superbe, il fascine des tas de gens, beaucoup ont tué père et mère pour lui. Il s’en produit 1400 T de ce produit qui file la fièvre et rend fou mais il nous faut encore inventer des bidules plus légers qui nous fassent 30 fois plus fasciner. Et cela chaque année, sans jamais faiblir d’inventivité.
 
Sans ces ajouts de valeurs légères (Billets, monnaies, titres, actions, certificats, toutes choses dont la valeur doit flamber sinon plouf) il ne peut pas y avoir de croissance par rapport à l’année précédente.

Disons que si on ne produisait pas ces valeurs légères, le sang économique ne devrait croître que des productions de valeurs dures (Or, platine, argent, diamants, rubis) Ce qui, si on y allait d’un seul coup, nous ferait régresser (par manque de liquidités) vers le Moyen-âge voire Astérix.
Puis, de cette situation en Astérix et toujours compte tenu que nous sommes au moins 3 milliards d’humains sur les 7 à vouloir de la croissance, nous devrons ensuite nous contenter d’un taux de croissance de 0,03% / an. Ce qui fait à peu près un menhir ou un pont de bois de plus tous les 8 ans mais pas les deux à la fois.

Si nous ne voulons pas de ça, il nous faut forcément créer chaque année 74 000 tonnes-équivalent-or de valeurs légères.

Ce que nous savons faire, avec l’aide des géniaux amiricains.

Le problème c’est que par moments, peut-être pour avoir créé un peu trop vite trop de valeurs légères, surtout carrément fondées sur des productions futures (crédit inconséquent) on se met à douter de la vraie valeur de ces 74 000 tonnes-équivalent-or annuels.

Oui, critiquons les banques qui ont inventé tant de valeurs légères appuyées sur tant de non véritable travail ou sur du travail à venir qui ne sera jamais fourni because chômage.
Mais une fois ces reproches faits, on fait quoi ?
Comment est-il possible de fabriquer de telles quantités de valeurs légères nouvelles chaque année qui soient définitivement sûres ?

Il n’y a pas de solution les amis. Nous sommes allés trop loin, beaucoup trop loin déjà. Ca fait trop longtemps que nous nous vautrons dans le confort sans avoir transpiré, rien qu’en ayant tapé sur des touches de clavier, rien qu’en ayant écrit des livres, rien qu’en ayant chanté, dansé, rien qu’en vivant à crédit.

Dans les peuples primitifs, il n’y a pas de gens qui passent 365 jours par an à chanter et danser, à faire de la psychanalyse, à réfléchir sur la politique, sur les étoiles, sur DSK, à clavioter sur les forums en maudisant tout ce qui bouge et respire.

Rien qu’en France, c’est facilement 20% des gens dits actifs qui ne produisent que du vent toute leur vie (sans rotation, sans chacun son tour). Quant aux inactifs...Quant à ceux qui à 30 ans n’ont encore « travaillé » qu’à leurs chères études...



Par chance, figurez-vous que malgré la défiance actuelle, il reste encore un paquet de cinglés qui adorent essayer de se faire de la thune en bourse. et le seul fait qu’il y ait beaucoup de joueurs passionnés par ce jeu, fait automatiquement gonfler les cours de tout ce qu’ils tripotent, ce qui crée de la valeur légère. Beaucoup de valeur bidon.


Lorsqu’un pays produit des valeurs dures, de l’or ou même du pétrole (il ne se garde pas mais peut s’échanger directement contre de l’or), il peut nationaliser. Pas de boursicoteurs, pas de survalorisations, pas de bulles, mais ça suffit à condition de produire 3% de produits miniers de plus par an, ce qui est faisable pour certains pays 

Kadhafi, Saddam, Chavez, pouvaient donc nationaliser.

Un canal comme Panama, Suez, oui, ça peut se nationaliser puisque c’est un passage obligé pour le monde entier, c’est quasiment du dur.
Versailles, Cnatilly, le Louvre, oui, ça peut se nationaliser, c’est relativement rare, c’est un peu dur.

Mais à part ces quelques châteaux, quelques bancs d’Arguin, quelques Joconde, quelques vaccins, quelques carrés de soie, que produisons-nous de vraiment dur, de rare et surtout de plus chaque année ?

Rien.


Sans les Ponzi, sans les bulles, chers amis, c’est retour à la case Astérix.

Nous étions, il y a très très longtemps de vrais travailleurs. Nous sommes devenus des croyance-dépendants. Nous ne vivons plus que de croyances (au nombres desquelles il y a nos Lumières, nos Idées, nos Idéaux, nos Musiques et nos Théories). Alors dès que nous croyons moins, plouf.

Nous avons encore bien de la chance que quelques millions de vrais travailleurs soient fascinés par nos foulards Hermès.
Nous avons encore bien de la chance que tant de gens aient besoin des armes que nous fabriquons et qu’ils aiment autant la Tour Eiffel.

Prions, chers croyants, prions pour que les autres continuent de croire le plus longtemps possible en nos valeurs légères. En Brigitte Bardot, en Cannes, en Rodin, en paris plage, en Areva...


Ce qu’on peut faire de pire pour flinguer cette croyance des autres en nos valeurs légères ?

Nationaliser nos usines qui les produisent.




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