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Commentaire de easy

sur L'impasse comme horizon


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easy easy 22 août 2012 09:25

J’ai voté pour votre papier en modération mais vu l’ampleur de l’oeuvre, j’ai à cet instant des scrupules à l’aplatir, à le niveler, à le mêmiser, à le pareilliser.

 
«  »« Si Staline et Gandhi se valent, à quoi bon se lever le matin ? »«  »"

Ne faisons pas tout un cake d’une phrase extraite d’un discours. 
Mais rien qu’entre nous deux, faisons-le tout de même ce gros cake à partir de cette phrase.

A Saigon, entre 56 et 66, de mes 4 ans à mes 14 ans, je me levais (6h) tous les matins d’une nuit secouée du tambour des bombardements opérés en raison d’une vision considérant les différences entre Staline et Gandhi. 

J’avais du mal à émerger et mes parents, par le biais des bonnes, m’excitaient pour aller à l’école apprendre les différences entre Pythagore et Napoléon, entre une crevette et un papillon.
Selon eux, il était donc bien et urgent d’apprendre à différencier.
Mon père était Viet et avait sa communauté de semblables
Ma mère était Française et avait sa communauté de semblables
Chacun avait ses journeaux s’exprimant dans sa langue

Moi j’étais Eurasien et mon souci, tous les matins, c’est que je savais que j’allais encore et inéluctablement me faire insulter et lapider (jet de pierres à la main et au lance-pierre) par les garçons viets parce que j’étais différent en ce que je n’étais pas assez différent. Il était possible, pour qui l’aurait voulu, de me voir Viet. Il était possible, pour qui l’aurait voulu, de me voir Français. Alors chacun me voyait l’un et l’autre donc non fiable, donc traître potentiel donc traître forcément et de toutes manières fils de deux personnes ayant trahi le principe engogamique universel (qui ne perd un peu d’universalité que depuis 50 ans) qu’il aurait été convenable d’observer quand on est dans un rapport colonisateur / colonisé 


Le point de vue d’un indifférencié, d’un israélo-palestinien est rare. De même que celui d’un Martien. 
Pour autant, est-il absurde ?

Est-il juste de traiter les poulets tels que nous les traitons parce qu’ils sont différents sur quelques points ?
Est-il juste, alors que les cochons nous ressemblent au point que c’est sur eux que nous testons nos médicaments et cosmétiques, de nous voir le bon droit de les traiter si durement par ailleurs ? 

Il n’y a qu’un moyen d’être moins centré sur SA personne et il consiste à se voir plus semblable que différent


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