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Commentaire de easy

sur Apocalypse du Progrès


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easy easy 1er septembre 2012 12:21

Je crois que ça vaudrait le coup de retracer la piste du concept de progrès.

Il y a bien des endroits du monde qui me semblent l’avoir inventé et propagé mais il est alors étonnant que l’Afrique subsaharienne et l’Amérique du nord y aient résisté avant la circumnavigation

Ce concept n’a pas conquis ou vaincu si facilement que ça les esprits. Il y avait eu pendant longtemps des peuples montant des chevaux dans le nord de l’Europe, leurs voisins refusant de les imiter. Darius cultivait le concept de progrès mais n’était pas emballé par la monte des chevaux dont il avait forcément entendu parler.
Les Aztèques avaient la roue sous les yeux mais ont refusé d’en faire un moyen de transport (peut-être parce que ça aurait obligé à faire des routes puisque le Japon avait refusé pour cette raison)

Le concept de progrès a donc existé en bien des endroits du monde mais avec bien des réticences ici et là tout de même.

Comment des gens ont-ils fait pour résister à ce concept en persistant par exemple à combattre des gens à canons avec des sagaies ?
Mystère.

Le concept de progrès a conquis bien des peuples, Inuits compris, mais ne perdons pas de vue que des milliers d’autres le refusent toujours.
Au Vietnam, sur les plus de 56 ethnies, une seule, la Viet, a adopté ce concept. 

Ce qui est épatant, c’est que ces ethnies qui refusent ce concept sont très loin d’avoir constaté toutes les nuisances du progrès.
Parfois, elles découvrent une nuisance, par exemple quand un hélicoptère fait paniquer les nichées d’oiseaux, quand un buldozer défonce leur environnement naturel, quand un barrage inonde leur pays, quand une torchère ou le mercure des orpailleurs les rend malades. Mais elles refusaient déjà le progrès avant d’avoir constaté quelques unes seulement de ses nuisances.

Pourquoi des milliers de peuples refusent donc ce concept en ignorant 98% de ses nuisances ? Quel est le mystère de cette résistance ? Qu’est-ce qui fait que des milliers de peuples refusent le concept de la monnaie fiduciaire et de la propriété foncière ?

Parmi ces résistants, il y en a qui ont une vieille écriture. Mais leur voisins la refusent toujours et ne comptent pas. Un aborigène ne sait pas dire combien il a d’enfants, il ne peut que les citer. En revanche un Massaï sait compter l’argent qu’on lui donne en compensation des vaches dévorées par les lions que nous lui interdisons de tuer.

Je crois qu’on devrait étudier ces phénomènes aussi surprenants que mystérieux. 

Si ça se trouve, c’est le concept de travail tel que nous l’entendons qu’il refusent d’abord (Nos Roms aussi développent un énorme résistance à nos concepts) 


Il m’a semblé remarquer un fait.
Les peuples sans monnaie ni chiffres travaillent d’une manière que nous ne savons pas reconnaître selon nos termes. Et quand ils échangent un produit contre un autre, c’est toujours en inscrivant leur geste dans un cycle sans fin : don  contre don don contre don. 
J’ai vu des montagnards du Vietnam accepter de descendre dans la vallée pour bosser dans une plantation d’hévéa de français. Le soir venu, quand ils ont fait la queue pour recevoir leur paye des mains du contremaître, ils n’ont pas perçu dans son visage la moindre expression de reconnaissance et n’y sont plus jamais retournés. 
 
Peut-être que quand nous essayons de vendre notre concept de progrès aux réticents perçoivent-ils très vite qu’il y a quelque chose de peu chaleureux dans notre comportement.




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