Effectivement,
l’Amérique est stricto sensu « merveilleuse » : une étrangeté qui peut être
autant fascinante que repoussante…
Pas étonnant que lorsque le modèle »société de consommation"
s’esquissait, se formait et formalisait (ère du Gilded Age) qu’à côté de la
Bible, on trouvait les Mille et Une Nuits : Calvin et Aladin : les Parques
présidant à la naissance de la « merveilleuse » Amérique : conciliant
ainsi l’austère et rigoureuse éthique protestante avec l’exubérante et indolente
superficialité d’une société vouée à la consommation, à la réussite matérielle.
La tradition du conte oriental s’affirmant pour propager l’idéal consumériste,
les sermons eux affirmaient l’idéal productif (protestant). Chacun frottant sa
lampe dans l’attente du génie, sans pour autant oublier les puritains pères…
Aussi, l’Amérique est par nature, essentiellement »merveilleuse" :
mais aussi exubérant ce « merveilleux » soit-il, il se verra toujours
accompagné du plus strict pragmatisme : l’utopie n’aura de sens que pratique aux
Amériques, sinon elle s’effacera ou se renouvellera. Anansi, Iktumi, Captain
America auront pour corolaire Ford, Gates et Rockfeller ; les fouriéristes
texans de La Réunion (village utopique de la future Dallas) s’effaceront face
au clan Ewing, à la cave à Pfaff des bohémiens newyorkais succèdera l’armée
privée d’un Bloomberg, les communautés anarchohippies cohabiteront avec les gated
communities « jugendrein » pour « retirés » du décor : le
pragmatisme aura certes l’avantage sur le terrain du Réel, sans pour autant empêcher
le rêve de se faire américain…
George Carlin
disait que le rêve américain était appelé ainsi car pour y croire il fallait être
endormi…pour autant cela n’implique pas qu’en se réveillant ce ne soit que
cauchemar…le caractère « merveilleux » de l’Amérique est de toujours
produire encore plus de merveilleux, d’utopique, d’irréalisable quand bien même
le pragmatisme fait la loi : mais les nuits de Sheharazade ne sont-elles pas au
final infinies ? C’est là au final, la force de cette nation : se renouveler
encore et encore…
Il faut s’en
approcher pour saisir que son visage n’est pas forcément celui que nous
présente son hollywoodienne fabrique à chimères ou à rêves, même si celle-ci
tend à faire de ses standards ceux du lambda américain ou autre : il y a plus
d’une colline à L.A., et bien plus encore aux Amériques.