• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de easy

sur Comment reconnaître un pervers narcissique « manipula-tueur »* ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

easy easy 9 janvier 2013 13:24

Il y a le doigt, il y a la lune
Il y a l’hypnotiseur, il y a le pendule
 
Le doigt traite d’idiot celui qui ne regarde pas la lune qu’il désigne
Mais je n’ai pas besoin du doigt pour voir la lune, alors j’examine ce doigt manipulateur qui se croit indispensable.

Lorsque les témoins de Jéovah venaient sonner à ma porte, je les laissais se lancer pendant cinq minutes puis je demandais leur nom. Surpris, ils me répondaient et je poursuivais mon interrogatoire sur eux-mêmes. Comme il s’agissait de collègues ne se connaissant pas plus que ça, mes questions les gênaient mutuellement tant ils se poliçaient.
Ils s’étaient invités en plein milieu de ma maison, de son salon, de ma famille, de mes intimités, devant les miens, toutes âmes comprises évidemment, mais se tortillaient dans tous les sens parce que je les interrogeais sur leurs propres intimités. Leur lanterne n’éclairait plus que leurs propres turpitudes. Ils étaient venus m’hypnotiser avec un Livre et se retrouvaient questionnés sur eux-mêmes.

J’ai le défaut de n’être pas facile à hypnotiser et de toujours commencer par examiner les intimités de ceux qui pointent du doigt les intimités des autres. Je n’y peux rien, c’est probablement lié à mon vécu.


Heureusement pour vous, il y a infiniment plus de gens qui vont à regarder les lunes OOOhhhh !!!
Aaaaahhhhh !!
Ils adorent qu’on pointe du doigt ailleurs que leur fond de slip.

Vous avez largement de quoi faire sans moi.
Votre succès est certain.



Dans notre région géographique, le Livre a des fondamentaux sacrés. On en a même brûlé tant ils sont idolâtrés.

Or, même de nos jours que chacun est bachelier, il y a encore peu de gens qui ont pondu un livre-thèse. Il faut aller au mastère et au doctorat pour se voir autorisé et forcé de pondre un livre-théorie bourré d’arguments-tu-penses-bien. Ceux-à se sentent désormais le plein droit de théoriser, de se poser en phare.

Mettons donc qu’il y ait en ce moment, en France, 500 000 personnes ayant pondu un Livre. Ceux-là rigolent in petto de leurs audaces et arrogances.

Il reste alors des dizaines de millions de personnes qui ne demandent qu’à plier le genou devant les thèses qu’ils imaginent très sérieuses et vraies. Ça constitue un énorme marché d’impressionnables à exploiter.

Les gens ont peur des gens et des papes qui dirigent les gens.
Quand on sait le cercueil volant katangais, le Thorah, le Coran, la Bible, le Malleus maleficarum, le nazisme, le maccarthysme, il y a de quoi.
Alors dès que quelqu’un se pose en pape et brandit une thèse en lune, une lanterne susceptible de les conduire vers la lumière, les gens se jettent dessus comme la misère sur le Monde. 

La torche de la statue de la Liberté offre effectivement aux Amiricains de mieux voir les méchants du Monde. Et comme leur Lumière vient de nos Lumières, nous sommes bien la source des épurations.
Sans nos talents à épurer, le monde ne serait qu’obscurités et sombrerait dans le sombre des ombres.

N’attendons pas d’un Guarani ou d’un Himba qu’il ait déjà l’idée de pondre une thèse comme la vôtre. Les diverses lunettes permettant de détecter les vilains surgissent pour l’instant dans le monde des Blancs lumineux. Mais cette technique se répand tout de même à travers les océans et un jour les élèves dépasseront le maître. 


Les Bogdanov ont pour l’instant encore de quoi profiter en dépit d’une poignée de fâcheux qui les traitent de mystificateurs. Ils ont des millions de personnes à disposition devant qui réaliser leur numéro. Qui peut comprendre ce qu’ils thèsent ? Vous ? Moi ? Quasiment personne puisque comme tout hypnotiseur qui se respecte ils décalent les patients de leurs références habituelles, des routines sur lesquelles ils sont repérés, pour les entraîner dans un labyrinthe grouillant de nouveaux repères, de nouveaux mots, de nouveaux concepts, de nouveaux repaires.

Molière avait déjà dénoncé ce phénomène du savantisme avec ses docteurrrrrs en veux-tu en voilà, mais ça n’a fait que s’amplifier avec la démocratisation. De nos jours, n’importe qui, même un échoué de l’école peut prétendre être guide. On est passé des saints aux docteurs, des nobles aux nobels. On est plus crédible si l’on est diplômé mais ce n’est pas obligatoire. Il reste un public disponible aux manipulateurs les plus incultes. Il suffit aux sorciers d’utiliser un langage ésotérique pour attirer à eux des gens avides d’initiation à un vocable. 
Le mot magique, la formule magique, le abracadabra. 

Marx, Freud, Lacan, Heidegger, Sartre, si tu ne colles pas à leurs semelles, si tu n’adoptes pas leur pensée, si tu ne plonges pas dans leur toile d’araignée bourrée de mots abscons, si tu ne bois pas leur drogue, tu ne les piges pas et tu passes pour un abruti aux yeux des initiés-tu-parles. 

Manipulateur est usé ?
Quà cela ne tienne, je te ponds manipulatueur !




Les livres proprement théistes ont été certes délaissés mais ont surgi à leur place mille autres livres tous aussi fascinants. C’est aujourd’hui des millions d’enfants qui sont encodés par J K Rowling et ils se comprennent très bien entre eux. Je ne vois pas quel argument pythagoricien on pourrait leur opposer. Ils sont dans leur lune, grand bien leur fasse. 

Il n’est qu’à voir sur ce site, c’est au moins cent fois par jour que sont cités des livres-lunes censés mieux éclairer les pénombres. « Tiens, lis-donc ça et tu comprendras enfin » Et je le colle un lien magique.


Je vous l’ai déjà dit, je ne sais pas entrer dans le jeu des thèses visant à nettoyer le monde des vilains.
Je ne sais pas réduire les gens à quelque chose qu’on peut karchériser d’une thèse.

Il n’existe aucun argument pythagoricien à opposer à des gens qui ont peur, qui croient possible de se prémunir des dangers en exterminant les vilains et qui coagulent en vue de quelque sorte de lynchage.

Voltaire n’a rien su opposer de solide à ceux qui considéraient qu’il fallait tuer le Chevalier de la Barre et les parents Calas. Il n’aurait rien pu opposer de solide lors du procès de Salem ; rien non plus pour sauver Julien et Marguerite de Ravalet de la hache.
Ils ont voulu brûler Jeanne, ils l’ont brûlée. Peu importe le baratin ou contre-baratin ayant justifié cette horreur. Quand on veut tuer, on sait toujours trouver les mots pour le justifier.

Aucun More, aucun Nietzsche, aucun Zola ne peut opposer quoi que ce soit de pertinent à une meute qui a envie de lyncher quelqu’un. Clemenceau n’a rien pu opposer à ceux qui disaient que la colonisation était une bonne chose. 
Même Socrate n’a pas été capable d’offrir le moindre argument pour s’éviter une condamnation à mort.




Argumenter dialectiquement au sujet d’un pendule qu’agite un manipulateur c’est l’agiter.
L’hypnose a peut-être des avantages mais je lui vois bien plus d’inconvénients. Ne comptez donc pas sur moi pour vous tripoter le bidule.

Face aux ayathollas qui agitent des lanternes censées mieux éclairer, les seuls arguments pertinents (mais non dialectique, en rien pythagoriciens, en rien rhétoriques) que je connaisse et que je pratique consistent :

D’abord à les soumettre eux-mêmes à leur grille, à leur question, à leur machine. Ce qui revient à leur renvoyer la question des intimités (morales ou physiques, selon ce qu’ils auront stigmatisé).

Et s’ils s’y refusent, à signaler que je ne les crois pas, que je ne les suis pas.



Il n’y a qu’une seule chose susceptible de freiner l’élan d’une tournante : c’est qu’il y en ait au moins un se signalant contre.
« M’enfin, pourquoi tu veux pas participer à la tripoter ? »
« Parce que » 
« Ce n’est pas un argument pour justifier ton refus, voyons ! » 
« Ça te coince pourtant » 




Toutes nos relations sont réductibles à un rapport de force physique (individuel ou groupal) et la coagulation apparaît très vite, ne serait-ce qu’autour d’une langue. 
A tout propos, l’attitude, coagulante ou non, sera donc toujours plus déterminante que toute rhétorique.

Il y a des coagulations utiles, par exemple pour fermer une blessure ou construire un pont. Mais il y a des coagulations qui s’attaquent aux fluidités intérieures des gens ; elles sont égocentriques, invasives et violentes. 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès