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Commentaire de suumcuique

sur Vol MH17 au-dessus d'un nid de frelons


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suumcuique suumcuique 23 juillet 2014 18:13

« s économiques. Les régions fédérales en Russie ne vivent que de dotations budgétaires. C’est pourquoi les autorités russes cherchent à stimuler le flux de migration pour que la population périphérique résolve ses problèmes de façon autonome. Ainsi, cela a provoqué d’énormes vagues de migration à l’intérieur de la Russie. L’appui du pouvoir russe sur les minorités nationales a été appliqué sur le modèle de la fédération asymétrique. Cela signifie que les sujets ethniques nationaux ont eu plus de privilèges que les autres. Un modèle quasi étatique commence à régner dans les régions ethniques de la périphérie.

En même temps, l’ethnie russe en tant que telle n’existe pas dans le nouveau modèle constitutionnel. Les droits du peuple russe ne sont marqués nulle part. Ils ne sont stipulés dans aucun document juridique, tandis que dans les constitutions de certaines républiques fédérales il existe des stipulations dans lesquelles les ethnies locales sont à la base de l’existence de tel ou tel état fédéral autonome. La migration intérieure est accompagnée de l’invasion des régions traditionnellement russes par des bandes nationales criminelles qui de manière très agressive envahissent la sphère d’influence.

Voilà la situation qui s’est développée dans les années quatre-vingt-dix, et ceci nous amène à réfléchir sur la question de la construction du nouveau modèle de la coexistence harmonieuse entre les différentes ethnies au sein de cette nouvelle Russie. De mon point de vue, les autorités russes n’ont pas encore trouvé la solution adéquate au problème.

Afin de répondre à ce défi, le pouvoir russe a pris pour modèle une solution soi-disant « occidentale ». On sait parfaitement qu’Eltsine et son équipe passaient pour de grands libéraux. C’est justement pour cette raison qu’ils copiaient aveuglement certains clichés que l’on a appelé des « modèles occidentaux » en Russie.

Comment cela s’introduit–t-il dans la réalité ? Cela provoque la croissance et le développement d’un certain phénomène que l’on peut nommer « la présomption de culpabilité » qui se répand sur la population russe de souche. On fait appel à la population locale pour augmenter la tolérance, et cette population doit accepter les flux migratoires qui envahissent le marché du travail, qui apportent avec eux leurs visions de vie et leurs modes de pensée. Ainsi, la population russe est coupable rien que par le fait qu’elle existe. En même temps, on ne fait aucun travail visant à aider les émigrés à s’associer à la population prépondérante. Dans les établissements scolaires russes se sont multipliés les cours de tolérance où les enseignants appellent les étudiants à être plus tolérants et à respecter les traditions et les mœurs des émigrés indépendamment du fait qu’on les aime ou pas. Et d’ailleurs, si on ne les aime pas, c’est qu’on a mal été élevé.

De mon point de vue, parfois cela dépasse l’entendement et cela se transforme en une infection psychique. Par exemple, certains peuples de la Russie, tout particulièrement les peuples du Caucase du Nord, aiment pour n’importe quelle occasion tirer non seulement en l’air, mais parfois aussi sur les personnes. Mais dans la presse russe libérale on dit que c’est normal, et que, si le peuple russe ne le comprend pas c’est à cause de son passé totalitaire.

Et puis, les libéraux russes développent l’idée d’une certaine déficience presque génétique du peuple russe qui ne leur permet pas de comprendre le sens de la liberté. Cela mène à la conclusion que c’est une notion que le peuple russe doit apprendre de la manière la plus sévère. Dans l’idéal, les russes devraient oublier qui ils sont et devraient être prêts à recevoir un coup de baguette de la part de leur enseignant. De plus, cela est toujours proposé de la manière suivante : « tout le monde civilisé vit ainsi ».

Sur ce fond-là, certaines diasporas se transforment en état dans l’état. Dans ces diasporas il existe des lois non-écrites qui sont en contradiction avec des lois promulguée par l’état. Ces mœurs locales favorisent la formation du comportement antisocial. Il s’agit d’un mélange entre le nationalisme local, l’extrémisme religieux et la mentalité criminelle.

Cette atmosphère conduit à une situation dans laquelle les leaders de ces diasporas et les jeunes essayent de profiter de l’état de tout ce qui est possible. Ils savent très bien quels sont leurs droits, mais ils ne veulent absolument pas accepter qu’ils ont aussi des obligations.

De plus, il ne faut pas ignorer le fait que derrière tout cela il y a les intérêts du marché gris et du marché noir. Malheureusement, une majorité des diasporas participent de telle ou telle manière dans les activités de cette économie souterraine. Des sommes importantes sont impliquées dans cette sphère du travail illégal des migrants. La circulation des fonds des marchés noirs russes est estimée de 1,5 ou 2 milliards de dollars.

Pour cacher tous ces faits, les campagnes informatiques de la presse sont régulièrement menées visant à convaincre les russes de la nécessité de cette migration. En même temps, on ne parle pas de l’encouragement de la migration des russes des républiques de l’ex-URSS ou bien des ukrainiens et des biélorusses, mais on parle surtout du développement de la migration de l’Asie centrale ou du Caucase.

Malheureusement, sur ce fond-là, dans les années quatre-vingt-dix, des mouvements russes radicaux nationaux, parfois des couleurs néo-nazis, se créent alors en Russie. Si l’Etat ne veut pas défendre les droits de l’ethnie-fondatrice de cet Etat, cette ethnie finira par défendre ses droits de façon autonome.

Le problème consiste dans le fait que les groupes radicaux ne constituent qu’un ou deux pourcents du mouvement social général de la population non-satisfaite de cet état de fait. Mais la presse libérale ainsi que les politiciens libéraux collent tout de suite l’étiquette de fasciste à toute personne qui essaie d’exprimer son mécontentement face à cette situation.

Je ne sais pas si les libéraux s’en rendent compte, mais cette politique va les enterrer eux-mêmes. Ils vont se retrouver entre le marteau et l’enclume : d’un côté les différentes diasporas nationales, et notamment les musulmans qui haïssent les libéraux, et d’un autre côté les mouvements nationaux russes qui les considèrent aussi comme leurs ennemis. Je suis persuadé que ces personnes, en fin de comptes, risquent de se retrouver victimes de leurs propres théories et de leur pratique.

Je pense donc qu’actuellement il n’existe pas de modèle multiculturel en Russie. Au contraire, on y crée un champ pour des nouveaux conflits qui peuvent avoir une ampleur des civilisations entières.

En ce qui concerne les échanges multiculturels, ils se passent de manière suivante : on prend un phénomène négatif présent dans toutes les cultures et on en fait le mélange. Par exemple, un des problèmes est la corruption. Evidemment, la corruption existe en Russie et s’y développe depuis plusieurs années à grands pas, mais il faut savoir que la corruption en tant que vieille tradition culturelle vient surtout de l’Asie Centrale et du Caucase. Ainsi, les flux de migration provenant de ces territoires, sans aucun doute, ont fortement encouragé le développement de la corruption en Russie contemporaine.

Quels sont les grands axes du développement du conflit culturel ? A mon avis, la Russie est profondément engagée dans le système des conflits de diverses civilisations. Par exemple, en Russie il n’existe aucun problème avec l’intégration des diasporas ukrainiennes, biélorusses et moldaves, même si les relations avec l’Ukraine et la Moldavie sont assez tendues. Il en est de même pour l’intégration des communautés géorgiennes et arméniennes qui se passe relativement bien.

Les problèmes principaux se posent avec l’intégration des communautés musulmanes. Il s’agit premièrement des communautés du Caucase du Nord et du Caucase du Sud. Je pense que l’un des facteurs principaux est qu’ils sont profondément concernés par le « projet global islamiste ». Qu’on le veuille ou non, ce projet existe. Peut-être, n’est-il pas aussi important que le projet euro-atlantique, mais il est tout à fait réel.

Je n’essaie même pas de donner mes interprétations, mais je vous évoque les faits tels qu’ils le sont. Nous pouvons dire que l’agressivité des communautés du Caucase du Nord est stimulée par la propagande, par le financement provenant de l’étranger et, sans aucun doute, par la guerre qui perdure dans la région depuis les années quatre-vingt-dix. Ils constituent l’avant-garde du projet islamique en Russie dans sa forme la plus primitive, agressive et même sectaire.

Quant à l’Asie Centrale, la situation semble bien meilleure parce que les pays de cette région sont actuellement indépendants ce qui provoque une moindre influence de ce projet islamique, mais néanmoins ce projet y est bien présent. Il y a des diasporas qui se forment souvent dans le principe de leur appartenance religieuse. Il faut noter que l’Asie Centrale est plus marquée par la propagande islamique des leaders religieux venus du Pakistan que par les idées des imams locaux. Ce sont les radicaux religieux étrangers qui depuis longtemps ont mis la main sur les esprits de la population de l’Asie Centrale. Cela mène à la radicalisation religieuse de la société locale et, compte tenu du flux de la migration importante vers la Russie, ce fait ne peut ne pas exercer une quelconque influence sur la société russe. Je ne l’ai pas appris en lisant dans les livres, mais parce que j’y travaille souvent et que je me déplace régulièrement dans les régions dont il est question. Ainsi, d’une manière générale, on voit se former un certain axe de l’instabilité.

En conclusion, je voudrais dire que la situation en Russie est la suivante : une grande partie de la population essaie de suivre les modèles, soi-disant occidentaux, du multiculturalisme, en abandonnant son identité nationale, tandis que les démarches agressives de certaines diasporas comblent immédiatement les lacunes qui apparaissent. Soulignons que ces diasporas se trouvent actuellement dans la phase de la redécouverte spectaculaire de leur identité et du développement intérieur dynamique.

Ainsi, en essayant de copier les modèles occidentaux tolérants, les russes deviennent plus faibles face à la nouvelle pression venue des voisins du sud qui ne suivent absolument pas les lois, les mœurs et les règles qui existent en Russie depuis des siècles, mais qui préfèrent dicter leurs propres lois qui démontrent souvent leurs caractères expansionnistes.

Malgré tout, je reste optimiste parce que je suis persuadé que nous avons beaucoup d’énergie vitale qui parfois déborde. En ce qui concerne les pistes à suivre, je pense qu’elles vont se dessiner de façon plus évidente et limpide grâce à l’orthodoxie russe qui se renforce actuellement. C’est justement l’orthodoxie russe qui est en mesure de devenir l’unique idéologie grâce à laquelle les russes seront capables de conserver leur propre identité. »

http://www.idc-europe.org/fr/La-politique-du-multiculturalisme-en-l-URSS-et-en-Russie-contemporaine


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